Synopsis : Claire exerce avec passion le métier de sage-femme. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice, femme fantasque et ancienne maîtresse de son père défunt. (ci-contre, le réalisateur)
Acteurs : Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet, Mylène Demongeot.
Je n’avais pas (bien) lu le synopsis du film qui, s’il tient en quelques lignes, dévoile un élément qui, à découvrir le film, paraît être un énorme spoiler, à savoir la nature de la relation entre Claire et Béatrice. Si le spectateur devine probablement assez vite le lien qui (dés)uni celles-ci, la construction du film semble en faire une "révélation" surprenante et même troublante et liée à une certaine perception de la maternité. Avoir indiqué cela dans le synopsis signifie soit une erreur de la part de ceux qui l’ont écrit, soit que contrairement à ce qui m’est apparu à la vision du film, ce n’est pas l’enjeu de celui-ci.
Quoi qu’il en soit, le dernier film de Marin Provost réunit à l’écran deux actrices exceptionnelles qui tournent pour la première fois ensemble. Les seconds rôles comme on dit ne sont pas en reste et l’on relèvera le jeu d’Olivier Gourmet (qui avait semblé outrancier dans Le secret de la chambre noire, amoureux de Claire, ainsi que celui de Quentin Dolmaire découvert dans Trois souvenirs de ma jeunesse qui interprète celui du fils de Claire. Les deux "Catherine" sont donc excellentes dans le rôle de ces deux femmes que tout oppose ; tant le caractère, la personnalité que leur passé. Entre la joueuse invétérée — Béatrice joue à "La marseillaise" [1] — ( qui (s’)illusionne sur sa richesse et sa noblesse et la sage femme, travailleuse, compétente et performante pour qui il est si difficile de pardonner des relations vont se nouer, se dénouer, se construire apportant en même temps à l’écran le souvenir de tensions issues d’un passé douloureux qui va réveiller l’image d’un père et d’une maîtresse.
Si les deux Catherine (Frot et Deneuve) font ainsi la paire à merveille, le film est un peu trop long (près de deux heures) et tourne parfois au docu-fiction sur l’accouchement et le travail de sage femme. C’est que l’on assiste à six véritables accouchements filmés en Belgique (en accord avec la loi belge relative aux tournages avec des bébés et bien sûr avec l’autorisation des mamans. Toutefois, ce n’est finalement pas le thème du film même si ces scènes étaient très importantes pour le réalisateur qui a ainsi pu bénéficier du savoir-faire d’une sage femme lors de sa propre naissance.
Dès lors, un peu plus de rigueur dans le scénario, un focus sur le thème principal, à savoir la relation entre ces deux femmes aurait été le bienvenu. S’il faut rappeler qu’Olivier Gourmet il est dommage que la musique insiste parfois trop lourdement pour dire au spectateur quand il doit être ému par ce drame que l’on ne peut que conseiller de voir sur grand écran malgré ces réserves "cinématographiques".
Bande-annonce :