Synopsis : Quelque part à Bucarest, trois jours après l’attentat contre Charlie Hebdo et quarante jours après la mort de son père, Lary - 40 ans, docteur en médecine - va passer son samedi au sein de la famille réunie à l’occasion de la commémoration du défunt. L’évènement, pourtant, ne se déroule pas comme prévu. Les débats sont vifs, les avis divergent. Forcé à affronter ses peurs et son passé et contraint de reconsidérer la place qu’il occupe à l’intérieur de la famille, Lary sera conduit à dire sa part de vérité.
Acteurs : Mimi Branescu, Mirela Apostu, Eugenia Bosânceanu, Bogdan Dumitrache.
Sieranevada est un film roumain de Cristi Puiu qui a enthousiasmé nombre de critiques cinéma dont notre confrère Nicolas Gilson qui nous a incité à voir ce film déjà sorti en France et qui semble avoir laissé dubitatif le jury du Festival de Cannes. Au vu du palmarès 2016, ce n’était pas un critère de rejet, bien au contraire !
Le film se déroule en plusieurs huis-clos (essentiellement dans un appartement et aussi une voiture au début et au deux tiers du film). Constitué aussi de plusieurs plans-séquence dont certains avec une caméra sur pivot qui bascule de façon transversale et sans anticiper les mouvements des acteurs. Les personnages se rassemblent dans un appartement pour y célébrer le rituel orthodoxe de deuil quarante jours après le décès (ici d’un mari, père, beau-père...).
La relative banalité des échanges (autour des théories du complot relatives au 11 septembre, ou de la louange du régime roumain et, a contrario, de ses opposants) va révéler de nombreuses tensions entre les différents protagonistes qui attendent l’arrivée du pope. En attendant non pas Godot mais ce représentant du clergé et donc d’un des pouvoirs roumains en place, pas question de manger. Il faut donc patienter. Le réalisateur arrive à rendre palpable, voire insupportable le temps d’attente qui se déroule et se déploie aussi devant et pour le spectateur. Lorsque après pas mal de temps il faut encore ajouter une autre attente, celle de ‘tailler un costume’ au défunt ou plutôt celui qui le symbolisera (un rituel qui semblera incompréhensible ou à tout le moins curieux et surprenant à beaucoup qui ne connaissent pas les rituels et coutumes roumains relatifs au deuil).
Les mensonges sont dévoilés par d’autres mensonges pour faire advenir à la mémoire et à la parole des vérités que l’on ne veut pas nécessairement entendre. Parfois crue, terre à terre, elles mèneront à accroitre la sensation d’étouffement.
Difficile de ne pas y échapper comme spectateur pour un film qui a parlé à la tête du critique qui même s’il est très bon public (sauf pour certaines comédies françaises) a trouvé le temps extrêmement long !