Synopsis : Marie, jeune allemande, arrive à Fukushima, au Japon, pour changer de vie. Malgré les difficultés d’adaptation qu’elle rencontre, elle choisit de rester auprès de Satomi, la dernière geisha de Fukushima qui a décidé, de son propre chef, de retourner dans la maison qui l’a vu naître. Les deux femmes ne pourraient être plus différentes, et pourtant, chacune à leur manière, apprennent à se découvrir et se lient d’amitié…
Acteurs : Rosalie Thomass, Kaori Momoi, Nami Kamata, Aya Irizuki
Le film est bien sûr en lien avec le célèbre Hiroshima mon amour réalisé par Alain Resnais, en 1959 dont la traduction littérale du titre japonais est "Une liaison de 24 heures" ! Et tout comme son "modèle", Fukushima mon amour est tourné dans un très beau noir et blanc (que l’on doit à Hanno Lentz) ! Ici, la ville et la région détruites suite à la catastrophe du 11 mars 2011 remplacent la tristement célèbre Hiroshima. Et le film de Doris Dörrie sort sur les écrans six ans après les tragiques événements. Deux femmes vont se rencontrer sur les lieux de la catastrophe et si toutes deux ont des parcours et des motivations différents, il y a, à la source, une blessure, un tragique qui les a fait se mettre en route, l’une, allemande, pour quitter ses racines, l’autre, japonaise, pour retrouver les siennes dont sa maison. La première est interprétée par l’actrice allemande Rosalie Thomass (29 ans) et la seconde, par la japonaise Kaori Momoi (64 ans). A leurs côtés, ce sont de nombreux acteurs non professionnels qui rejoignent le casting. La majorité d’entre eux habite la région. Qui dit modèle ne dit pas copie servile et les intrigues sont (très) différentes. Là où il était question d’une histoire d’amour sur un temps très court, ici, c’est celle d’une amitié et sur une durée plus longue.
Le spectateur amoureux du Japon découvrira certainement la fascination de la réalisatrice pour ce pays. De nombreuses scènes évoquent le choc des cultures et tout particulièrement la façon quasi brutal dont les Occidentaux habitent un monde sans prendre la peine d’en découvrir les moeurs et coutumes. L’allemande y est ici un éléphant dans un magasin de porcelaine tenu par une geisha. Et, parmi de nombreuses scènes, celle du thé est à la fois fascinante et éclairante sur la façon d’habiter un monde. Toutefois, et pour peu que le spectateur un tant soit peu averti de ces différences culturelles en ait saisi les enjeux, le reste du film sera prévisible. On s’attachera alors avec douceur et simplicité à la construction d’une amitié sur fond de deuils et de fantômes (un domaine où je reconnais être mal à l’aise parce que probablement trop cartésien ou pas assez ouvert à ces tropismes nippons) et où même les arbres sont si morts qu’ils ne donnent qu’une envie : s’y accrocher pour en finir.
Si le film est très beau, s’il fait écho à celui de Resnais, il a curieusement parlé plus à la tête qu’au coeur, à tel point que - tous comptes faits - feu Gilles Laurent (tué dans l’attentat du métro à Maelbeek le 22 mars 2016) m’a paru plus attachant et émouvant dans son documentaire La terre abandonnée.
Bande-annonce :