Synopsis : Ray, adolescente spontanée, vit à New York avec sa mère célibataire Maggie, et sa grand-mère pleine d’entrain, Dolly. Lorsque Ray, qui sait, depuis sa prime jeunesse, qu’elle est née dans un corps qui ne lui convient pas, décide de devenir un garçon, cette famille liée doit apprendre à vivre avec ce changement profond. Dolly, qui est elle-même lesbienne, trouve difficile d’accepter qu’elle a à présent un petit-fils et Maggie, en tant que mère, est contrainte de prendre de grandes décisions. Pour mettre en œuvre la transformation, elles doivent rechercher le père de Ray de manière à ce que celui-ci puisse donner son consentement légal au changement de sexe.
Acteurs : Elle Fanning, Naomi Watts, Susan Sarandon, Sam Trammell, Maria Dizzia, Tate Donovan.
We Need to Talk About Ray !
Le titre du film est différent en France et en Belgique. Celle-ci garde le titre de "travail" tandis que la France prend celui prévu pour l’international. En réalité, l’un ou l’autre titre de cette comédie dramatique peut convenir sans englober totalement les deux axes de ce troisième long métrage de Gaby Dellal. La réalisatrice met en scène trois actrices de talent (plus une !). il y a Dolly, la grand-mère (Susan Sarandon), sa fille Maggie (Naomi Watts) qui est la mère de Ray (Elle Fanning). "Plus une"), car il y a France (Linda Emond), la compagne de Dolly puisque ces deux-là sont lesbiennes. Reste le cas de Ray qui est une fille... qui aimerait aimer une fille et qui cependant n’est pas lesbienne. C’est que Ray n’est pas le nom de Ramona, mais un diminutif masculin de son prénom de naissance. On aura compris (et c’est dans le synopsis et cela fait l’objet d’une des premières scènes du film) que Ray est un garçon dans un corps de fille. Selon que l’on privilégie les questions posées par ces trois générations de femme ou par le corps manqué/manquant de Ray l’un ou l’autre titre s’imposera à l’esprit. Et il est bien difficile de privilégier l’un ou l’autre. S’agissant de transition, le spectateur pourra penser à The Danish Girl où il est question d’une "transition" dans l’autre sens [1]. Mais là, on en était aux tous débuts. Ici, les choses semblent aller de soi. Il y aura certes de la chirurgie (le film n’insiste pas tellement là-dessus) et de la testostérone ! Même si le choix de Elle Fanning a été contesté par des membres de communautés transgenre [2], celle-ci assure, ne serait-ce déjà que l’importante pilosité axillaire, très masculine (et probablement liée à un passage par la case maquillage). Elle arrive en tout cas à rendre crédible son personnage de "garçon manqué" (et il n’est pas du tout question d’être ici péjoratif). Tout cela semble donc aller de soi, mais outre le côté médical, il faut celui de la loi. Notre Ray n’a pas seize ans et il faut l’accord du père !
3 femmes, 2 hommes, 1 trans !
Le film ne verse pas dans le drame pur. Tout comme The Kids Are All Right (Lisa Cholodenko, 2010) il n’hésite pas à surfer sur le mode de la comédie. Outre les atermoiements de la maman dont la fille, le fils plutôt, a dix-sept ans et c’est quand même fort tôt pour se décider... il faut trouver le père. La quête est difficile tout autant que son passé romantique et/ou affectif. Et Craig, ce père (Tate Donavan), recasé, avec femmes et enfants va-t-il accepter cette transition lorsque remonte à la surface cette fille inconnue, enfin ce fils en quête d’un corps et d’une autorisation pour cela ? Le ton sera donné lorsqu’un deuxième homme apparaîtra dans l’histoire, le frère de Craig, Matthew (Sam Trammell, entre autres ’Sam Merlotte’ dans la série True Blood !) Que vient-il faire dans cette histoire ? Quels sont ses liens avec Craig et avec la mère de Ray ? Toutes péripéties qui pourraient verser dans un banal soap opera. Ce n’est pas cependant le cas car le film aborde avec humour, émotion et tendresse ses personnages, ces trois générations de femmes, le retour du passé et les questions qui se posent par rapport aux personnes trans. C’est cependant le maillon faible du film. Un domaine qui, même si l’on manque de compétence, n’empêche pas le spectateur de se poser les questions relatives à la maturité nécessaire pour prendre une décision irréversible. Ou, à l’inverse de se demander si cela ne doit pas se faire plus tôt. Ce sont des éléments essentiels qui ne sont pas vraiment au centre de About Ray, à tel point que l’on sortira de la salle en se disant, que, décidément, le titre officiel à l’international aurait dû être Three Generations comme en fait le choix son distributeur en Belgique !