Synopsis : En route pour un meeting au sommet, le Premier ministre belge se fait enlever. On lui explique que sa femme et ses enfants sont également pris en otage et qu’il ne les reverra que s’il tue la personne qu’il est supposé rencontrer plus tard et qui n’est autre que… le Président des Etats-Unis. Le Premier ministre se trouve confronté à un dilemme insoluble : va-t-il opter pour son devoir public ou pour la vie de sa famille ? Cette journée qui avait commencé sous les meilleurs auspices se transforme rapidement en un cauchemar et une vraie montagne russe émotionnelle.
Acteurs : Koen de Bouw, Tine Reymer, Charlotte Vandermeersch, Wim Willaert, Dirk Roothooft, Stijn Van Opstal, Saskia Reeves.
Un film convenu ?
Il est très difficile d’en dire plus que le synopsis en tête de cet article. En effet, le plaisir du film réside surtout dans son aspect thriller. Impossible même de faire des parallèles avec d’autres films (américains) car nous risquerions de donner trop de pistes ! Reconnaissons-le : il n’y a rien de neuf et le film ressemble à beaucoup d’autres du même type. On dirait, un film de série B, comme il en existe des dizaines. Et pourtant, la sauce prend. C’est que l’on est en Belgique, à Bruxelles en particulier et que l’on reconnaît des lieux, certains emblématiques ! Le dossier français n’était pas encore disponible au moment de la vision presse et il est difficile d’en dire plus sur l’utilisation "réelle" de certains décors ou s’ils ont été reconstitués. Quoi qu’il en soit, il y a là un aspect très réaliste, même si plusieurs lignes narratives sont aux limites de la vraisemblance. Mais comme ce n’est pas nécessairement ce que l’on cherche, ce n’est pas un problème.
Des acteurs au top !
Le scénario ne fait pas dans la dentelle et, on vous prévient il y aura quelques morts. Nous avons apprécié le jeu des acteurs, certains bien de "chez nous", souvent présents dans les séries du nord du pays mais aussi d’autres, hors de nos frontières, ainsi les Britanniques Saskia Reeves dans le rôle de la présidente des USA ou Adam Godley dans le rôle de son chef de sécurité. Si le protagoniste principal, Koen De Bouw, excelle dans le rôle du Premier ministre, torturé par les dilemmes auxquels il est confronté, c’est surtout son chauffeur qui est véritablement "flippant". Il est interprété par Stijn Van Opstal qui donne une intensité terrifiante à un personnage quasiment borderline, inquiétant, violent et quasiment sociopathe. Son rire ou simplement son sourire, ses mimiques donnent froid dans le dos et on n’aimerait pas le rencontrer au détour d’une ruelle bruxelloise. Le spectateur se perdra en conjectures sur les motivations des uns et des autres, il se demandera dans quel camp certains se trouvent et il découvrira quelques étonnants retournements de situation.
Un film "américain" ?
Malgré un film formaté à l’américaine, nous avons retrouvé un cinéma typiquement flamand ou plutôt dans un de ses versants où il lorgne sans problème vers des modèles américains. C’est d’ailleurs ce que reconnaissaient les réalisateurs du film Black lors de leur interview en novembre 2015. Et nous apprécions ce cinéma-là, tout, autant qu’un autre, plus d’auteur ou social, qu’il s’agisse, par exemple de Noordzee, Texas, en 2011, dans lequel avait joué Thomas Coumans que nous avons interviewé en mars dernier ou, tout récemment le film bruxellois flamand Brak de Laurent Van Lancker que nous avons également interviewé le mois dernier. En tout cas, ce cinéma "à l’américaine" peut être assuré d’un succès de foule en Flandre et à Bruxelles. Nous ne savons pas s’il sera distribué en Wallonie où malheureusement il est difficile de passer des films en version originale. Or ce film (en attendant un éventuel remake en anglais, comme The Loft ?) doit être vu dans sa langue flamande (au demeurant un beau néerlandais qui ne nécessite donc pas de sous-titres comme dans certains films où l’on joue sur les dialectes).
Un film à voir sans se prendre la tête !
Enfin, rappelons l’importance des décors. La façon dont ceux-ci sont filmés les transcende (pour ceux qui sont connus) ou leur donne un aspect inquiétant pour certains, notamment les lieux industriels que l’on vous laisse découvrir. En tout cas si vous aimez le cinéma d’action, les thrillers américains, sans chercher nécessairement le détail qui tue (si l’on peut se permettre !) ni s’attacher à certaines invraisemblances, la sauce devrait prendre et il ne faudra pas se prendre la tête, contrairement à d’autres films, belges aussi, très bons, voire de Festivals qui demandent évidemment plus d’efforts (et que nous aimons aussi !).
Mises à jour :
- 1. Nous venons de lire la critique de Sven De Schutter (NL). Elle est très sévère. Nous maintenons cependant notre point de vue même si nous comprenons le sien. Tout au plus venons-nous de mettre en exergue ci-dessus : "ni s’attacher à certaines invraisemblances". C’est vrai que ce n’est pas réaliste et ce n’est pas semble-t-il ce que l’on demande à ce type de film. Quant au côté "snel-snel" de la fin, il nous semble ’préparé’ au début du film, dans un échange entre le Premier et sa secrétaire...
- 2. Nous découvrons la critique de notre confrère Jean-François Pluijgers du Focus-Vif qui y voit "le nanar de la semaine". Nous apprécions ses critiques et avis mais ne le rejoignons pas ici. Sur la "vraisemblance", c’est "vrai"... il a raison... mais ce n’était pas un problème pour nous.
- 3. Et question de faire un lien vers un point de vue différent de Sven De Schutter et de Jean-François Pluijgers, lisez, dans la foulée, celui de Grégory Cavinato sur le site Cinergie...
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