Synopsis : Adama, 12 ans, vit dans un village isolé d’Afrique de l’Ouest. Au-delà des falaises, s’étend le Monde des Souffles. Là où règnent les Nassaras. Une nuit, Samba, son frère aîné, disparaît. Adama, bravant l’interdit des anciens, décide de partir à sa recherche. Il entame, avec la détermination sans faille d’un enfant devenant homme, une quête qui va le mener au-delà des mers, au Nord, jusqu’aux lignes de front de la Première Guerre mondiale. Nous sommes en 1916.
Voix : Azize Diabate Abdoulaye, Pascal N’Zonzi, Oxmo Puccino.
Adama est un film d’animation destiné aux enfants à partir de 9 ans, mais on ne saurait trop conseiller aux adultes de les accompagner pour pouvoir en parler ensuite en famille.
Le dessin est surprenant (plusieurs techniques sont utilisées pour ce film) mais fluide et convaincant. Souvent lumineux, les images et le récit sont parfois sombres et noirs.
Il s’agit d’un film quasi fantastique qui nous raconte l’histoire d’un tout jeune adolescent qui partira à la recherche de son aîné qui a franchi les frontières, celle se son clan, de son pays de son continent pour se retrouver ailleurs, dans "le monde des Souffles" et au-delà. Cet au-delà ce sera aussi celui d’un autre continent, l’Europe, un autre pays, la France et une grande (et salle) Guerre ! C’est un itinéraire (sans issue ? Quoique !) vers un continent, l’Europe, à feu et à sang.
C’est la quête d’un frère, entamée quelques heures avant son rite d’initiation visant à le faire rentrer dans le monde des adultes. Cette quête qui lui fera faire d’étonnantes rencontres, parfois dangereuse et le confrontera à l’horreur de la guerre (mais il n’y aura pas d’images "gore") sera aussi une quête intérieure, de lui-même. Initiation en vérité donc qui lui permettra de revenir sur sa terre natale plus mûr, plus meurtri probablement, mais accompagné de son frère au moment de la récolte. La frontière sera de nouveau franchie. Mais le périple aura permis de découvrir la mort et la destruction tout en convoquant à notre mémoire des choses oubliées et qu’il faut sans cesse évoquer.
Heureux qui, comme Adama, a fait un beau voyage, a découvert l’inhumanité de la guerre, et puis est retourné, plein d’usage et raison, vivre avec son frère en sa patrie en son village !
Ajoutons pour les adultes qu’il est question de la terrible bataille de Verdun, mais aussi de ce que l’on appelle "La force noire" durant la Première Guerre et des "tirailleurs sénagalais". Ils ’agit d’un hommage à Abdoulaye N’Diaye, le dernier des combattants sénagalais de cette époque et qui est mort en 1998, âgé de 104 ans. C’est le Colonel Charles Manguin qui publie en 1910 un ouvrage sous le titre La force noire. Il "préconise l’utilisation rapide et massive des troupes coloniales issues de l’Afrique noire, dites « Force noire » (principalement des tirailleurs sénégalais), en cas de guerre en Europe. Ce fut également le cas durant la guerre 40-45 et cela a été admirablement traité par Mourad Boucif dans son long métrage de fiction - mais si proche du réel - Les hommes d’argile, sorti sur nos écrans en fin 2015. Occasion aussi de faire oeuvre de douloureuse mémoire avec des jeunes en racontant sans cesse cette Histoire pour éviter l’oubli !
Bande-annonce :