Synopsis : Nora Sator, jeune trentenaire dynamique, commence sa carrière dans la haute finance. Quand elle apprend que son patron et sa femme ont fréquenté son père dans leur jeunesse, elle découvre qu’une mystérieuse rivalité les oppose encore. Ambitieuse, Nora gagne vite la confiance de ses supérieurs, mais entretient des rapports compliqués avec son collègue Xavier, contrairement à sa sœur Maya qui succombe rapidement à ses charmes… Entre histoires de famille, de cœur et intrigues professionnelles, les destins s’entremêlent et les masques tombent.
Acteurs : Isabelle Huppert, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Agathe Bonitzer, Jean-Pierre Bacri, Pascal Greggory, Julia Faure.
Présentation BRFF 2016 : Pascal Bonitzer, qui a donné un workshop sur son travail de scénariste au Festival il y a deux ans, revient à Bruxelles avec son dernier film, une comédie au ton unique et décalée. Le milieu de la finance ne sert que de toile de fond pour un portrait sans concession et pourtant drôle d’une certaine bourgeoisie où l’accession sociale reste une valeur sure. Mais au final, ne vaudrait-il pas mieux un peu plus d’amour pour vivre heureux. Ce n’est pas un Bacri passablement déprimé et une Isabelle Huppert qui nous diront le contraire.
Tout de suite maintenant sortira en avant-première au Brussels Film Festival à Flagey, le 18 juin à 19.00 (Studio 4) et ensuite le 22 juin dans les salles de Belgique et de France. Alors que certains qualifient ce film franco-belgo-luxembourgeois de comédie (dramatique), ou de drame, nous pourrions le classer dans une catégorie hybride, mixe entre le drame et le thriller psychologique. Il est très difficile de parler du contenu du film, même de façon évocative comme nous le faisons parfois, de telle sorte que tout ne peut être compris qu’après la vision du film. En effet, si la trame de base est assez simple et classique : l’arrivée d’une jeune fille dans le milieu fermé et concurrentiel de la finance et sur fond d’acquisition d’entreprises. L’histoire de Nora une jeune femme (fille du réalisateur) qui va gravir les échelons de la hiérarchie, au mépris d’autres de ses collègues est intéressante en soi, mais le réalisateur et la scénariste Agnès de Sacy ont doublé l’intrigue principale d’une autre qui tisse des liens entre différents protagonistes, comme une toile d’araignée aux profondes ramifications. Ces liens concernent (notamment) le père de Nora. La poésie se mêle au passé, à d’anciennes relations, à des rancoeurs pour inférer sur des décisions qui seront prises aujourd’hui. Il sera question d’un chien qui apparaît à trois reprises, à un possible rite vaudou. Des informations nous sont communiquées par personne interposée [par exemple la femme de ménage, ce qui nous vaut une conversation surprenante et succulente sur les esprits qui font l’amour, ce qui plairait à Solveig (Isabelle Huppert) tout du moins s’ils sont dotés d’une b*te] ! On ne peut conseiller qu’une chose : si vous aimez le film, connaissant désormais les diverses trames du récit et en particulier les intrications entre l’intime et l’extime, n’hésitez pas à le revoir quelques jours plus tard.
Vous pourrez alors découvrir d’excellents acteurs. Il y a bien sûr Isabelle Huppert, extraordinaire, même si elle n’a pas le premier rôle comme dans Elle de Verhoeven. Retenons aussi Lambert Wilson, antagoniste qui a cependant une certaine sensibilité. Jean-Pierre Bacri dans le rôle d’un père étonnamment acariâtre et Pascal Gregory qu’il faut avoir à l’oeil (on comprendra durant le film) et qui... ouvre les yeux de Nora sur des éléments essentiels du fonctionnement de la société (nous sommes dans l’extime) et sur d’autres, d’ordre poétique, d’une certaine façon, et liés à l’intime. N’oublions pas Julia Faure dans le rôle de Maya, la chanteuse et soeur de Nora, le Belge Yannick Renier (Van Stratten qui veut faire affaire avec le patron de Nora), les jumeaux Pierre et Vladimir Léon (les frères Léon et Alexandre Méchain). Enfin, ce sont les deux acteurs principaux qui transcendent le film. A commencer par Agathe, la fille du réalisateur qui porte et transcende le film, arrivant à transmettre à la fois sa force de caractère, mais également sa fragilité. Pour conclure, c’est aussi le jeune Vincent Lacoste qui apporte sa fraîcheur de la première à la dernière image du film et qui fait preuve d’une très grande maturité. Il semble bien qu’un grand acteur soit en train de se lever dans le cinéma français.