Synopsis : 25 ans après la légendaire tournée "Blond Ambition" de Madonna, ses danseurs de l’époque déballent tout : de l’émancipation gay, au SIDA en passant par le coming out sous les projecteurs ! En 1990, la panique suscitée par le SIDA, cette nouvelle maladie mortelle est à son comble. Stigmatisée, la communauté homosexuelle vit dans la peur. Le reste de la société tente de passer l’épidémie sous silence. C’est là que Madonna décide de s’emparer d’un sujet brûlant pour sa nouvelle tournée mondiale. La chanteuse caste sept danseurs talentueux pour l’accompagner sur la plus mémorable et la plus politique de ses tournées à ce jour. Une fois de plus, la reine de la pop s’empare d’une contre-culture pour l’exploiter jusqu’à la moelle. Jouant à fond la carte du voguing, elle se présente en défenseuse des droits des homosexuels, incarnant la grande-prêtresse de la communauté. La plupart gays, ses danseurs à la plastique de mannequins et aux poses arrogantes venaient idéalement compléter le tableau. Une machinerie peut-être un peu trop bien huilée. Strike A Pose, c’est aussi l’histoire de six danseurs, de six destins individuels et de six visions pour le moins différentes des 25 dernières années.
Présentation BRFF 2016 : De 1990 à 1992, sept jeunes danseurs (dont six sont gay) accompagnent Madonna lors de sa fameuse tournée mondiale. Elle en utilise l’impact médiatique pour défendre les droits des homosexuels. A l’époque, un documentaire retrace cette aventure musicale et humaine jusque dans l’intimité des danseurs qui deviennent de véritables icônes du mouvement gay. 25 ans plus tard, les réalisateurs se mettent à la recherche des six survivants dont certains étaient atteints du sida. Ils ravivent leurs souvenirs, les difficultés de se reconstruire après la tournée et le procès que certains ont intenté contre Madonna pour exploitation abusive de leur image. Présenté à la dernière Berlinale et à Tribeca, Strike a Pose touche par son propos et sa sensibilité à aborder des thèmes comme le mouvement gay, le SIDA, l’amitié et la chute après la starisation.
Acteurs : Luis Camacho, Oliver Crumes, Salim Gauwloos, Jose Xtravaganza, Kevin Alexander Stea, Carlton Wilborn.
Si l’on voit Madonna elle-même dans ce documentaire, ses images sont d’archive. Il y en a bien d’autres, issues notamment de Madonna : Truth or Dare (aka In Bed With Madonna). C’est la rencontre de sept (six plus un) jeunes danseurs au début des années nonante. Ils sont majoritairement gays (un seul est hétéro... et homophobe... au début). Six sont encore vivants aujourd’hui, l’un d’eux est mort. Ces jeunes gens étaient des adeptes du voguing, "un style de danse urbaine né dans les années 1970 dans des clubs gay fréquentés par des homosexuels latino-américains et afro-américains, essentiellement à New York (Wikipedia)". Madonna les choisira donc pour sa troisième tournée mondiale "Blond Ambition". Une tournée flamboyante avec des hommes tout aussi flamboyants. C’est que leur homosexualité - assumée ou pas - ajoutait, au risque des clichés, une gestuelle et un style aux représentations de Madonna. Celle-ci voulait, en même temps défendre la cause homosexuelle et alerter le public et les autorités des dangers du sida. Celui-ci était obscène, au sens littéral : "sous la scène" : on n’en parlait pas, on ne le montrait pas et on ne le disait pas. Et c’est l’enjeu de ce documentaire qui rencontre six survivants, cinq gays et un hétéro, aujourd’hui, vingt-cinq ans après. Et si l’on retient le procès de l’un d’entre eux contre Madonna pour l’avoir forcé à un coming out, c’est plus encore le sida qui trouble l’existence de ces (anciens) danseurs. Nous les voyons aujourd’hui. Ils n’ont plus leur flamboyance et ont été relégués aux oubliettes dès la fin de la tournée, ayant perdu leurs rêves et "gagné", en contrepartie pour certains, le sida. Ce mal qu’ils veulent taire, cacher et qu’ils n’avoueront que bien plus tard, aujourd’hui, grâce à ce documentaire, à nous spectateurs, mais surtout à eux, entre eux, dans une étonnante et émouvante rencontre. C’est l’émotion qui submerge ces hommes-là qui vécurent la gloire d’un instant pour la perdre très vite. C’est un amitié qu’ils (re)trouvent une génération plus tard. Minés par la maladie pour certains, dont la vie est chronométrée par la prise des médicaments, maladie qu’ils osent maintenant se dire, se confier. Il y a une tendresse virile dans ces retrouvailles.
Et de découvrir ce film après le massacre homophobe du 12 juin 2016 dans le Club Pulse à Orlando est poignant pour le spectateur. C’est que s’il était encore difficile d’être gay à l’époque et que l’on pouvait croire que ces temps obscurs étaient terminés l’actualité sordide et récente nous montre que l’horreur est toujours au rendez-vous. Que l’on soit gay, lesbienne, hétéro, fan de Madonna ou pas, c’est à un rendez-vous profondément humain que nous convie ce documentaire, et cela bien au-delà de ses caractéristiques cinématographiques.