Synopsis : New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d’étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l’engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n’est pas libre et il doit se contenter de son amitié. Jusqu’au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l’horizon s’éclaire pour Bobby et l’amour semble à portée de main…
Acteurs : Kristen Stewart, Jesse Eisenberg, Blake Lively, Steve Carell, Parker Posey, Corey Stoll, Jeannie Berlin, Ken Stott.
Woody Allen revient proposer un nouveau film quasiment chaque année avec une régularité de métronome. Beaucoup s’accordent à reconnaître que la quantité ne fait pas la qualité. L’adage ne se vérifie pas pour ce quarante-huitième long métrage qui a fait l’ouverture du Festival de Cannes tout en étant projeté en simultané dans la grande salle Henry Leboeuf de Bozar à Bruxelles. En effet, c’est du bon cinéma de Wood Allen que nous avons découvert, les yeux pétillants devant les images qui nous reconstituaient avec beaucoup de fidélité l’atmosphère, les lieux et costumes des années 30, nous faisant naviguer entre Hollywood et New York.
Depuis Twilight, Kristen Steward (Vonnie) a fait du chemin et a acquis une maturité certaine et inscrit son personnage, balancé entre deux amours ou au moins deux hommes d’âges et de statuts sociaux différents, dans cet Hollywood aux multiples paillettes qu’elle ne manque pas de critiquer. Elle est la secrétaire de Phil Dorfman (Steve Carrell) que Bobby (Jesse Eisenberg), son neveu, vient trouver pour le sortir du carcan familial. On ne présente plus Jesse Eseinberg qui a déjà joué dans de très nombreux films - souvent de très bon niveau - dont l’aspect juvénile lui permet d’incarner ce rôle d’un jeune juif venant de province, un peu perdu et nunuche, très bavard, un peu - voire beaucoup - puceau.
Le film fera découvrir une triple triangulation amoureuse, car si Vonnie se partage entre deux hommes, Phil, lui se partage entre deux femmes, ce que ne manquera pas de faire également son neveu. Cela pouvait donner lieu à une comédie grassement boulevardière et il n’en est rien. Tout cela est traité avec beaucoup de finesse, énormément d’humour juif, totalement assumé, souvent en mode autodérision (nous sommes aux antipodes de l’humour raté, lourd, plat et vulgaire de Ils sont partout réalisé par Yvan Attal, pourtant pétri de bonnes intentions !). Ajoutons à cela une intrigue secondaire, consacrée à Ben (Corey Stoll), le frère de Bobby, gangster qui grimpera dans les "affaires" en réglant de nombreux problèmes, y compris familiaux, grâce à une coulée de béton. Le tout sera accompagné d’une voix off (qui pourra paraître trop envahissante à certains moments) qui permet de suivre l’itinéraire "respectable" de Bobby, sa montée en puissance en passant d’Hollywood à New York, de vivre avec lui "ses amours et ses emmerdes".
Woody se retire du champ de la caméra pour laisser place à d’autres et quelques jeunes en particulier. Plus encore, il laisse le champ libre pour l’amour. Mais c’est de l’amour à la clé Allen (!), à savoir que cela n’est pas toujours comme dans un rêve, que cinquante, voire cent roses rouges ont toujours des épines. Derrière la comédie, il y a du drame et des larmes ; derrière les paillettes, il y a la souffrance ; derrière les rires, il y a les larmes... Il y a ce que l’on voit : clinquant et faux. Il faut regarder derrière l’écran, le rideau, sous les apparences et le béton pour découvrir un monde bien cynique épicé de l’humour juif typique de Woody dont on se dit qu’il pourrait bien arriver à cinquante films !