Au moment où cet article est mis en ligne, le dernier film de Benoît Jacquot, 3 Coeurs, est projeté à Venise, (compétition officielle dans le cadre de la Mostra del Cinema).
Le film a été projeté en avant-première le mercredi 27 août en France, au Gaumont. Au moment où j’écris, il y a peu d’écho du film, ci ce n’est cette critique, assez négative publiée le 27 juillet dernier (dans le cadre d’un festival, je suppose).
Ce film réunit à l’écran Benoit Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroiannni et Catherine Deneuve. Tous quatre jouent avec pudeur et retenue leur rôle. Notre compatriote excelle vraiment dans des rôles torturés et semble puiser dans ses propres fragilités pour donner consistance à son personnage (Marc) confronté au jeu de l’amour et du hasard (ce dernier étant un des éléments fondateurs de l’intrigue).
C’est la raison pour laquelle je parle de "drame quantique". J’utilise le terme en songeant au film (totalement raté) Une rencontre de Liza Azuelos (dont le titre anglais est, justement Quantum Love). Il a suffit d’une rencontre avec deux contribuables pour que Marc (contrôleur fiscal) rate un rendez-vous avec Sylvie (Charlotte Gainsbourg) rencontrée fortuitement auparavant.
Il "finira" (et le terme finir déploie vraiment ses significations dans le film) avec Sophie (Chiara Mastroianni), la soeur aimée de Sylvie. Entre eux, Colette (Catherine Deneuve) excelle à relier ces trois coeurs. Le temps passe et il faut gérer la vie et un amour lointain et impossible.
Là où le film d’Azuelos ratait son projet, ici, celui de Jacquot réussit assez bien. Il aurait fallu si peu (de temps), pour qu’une autre réalité puisse se concrétiser (et en cela, le dernier plan du film peut avoir plusieurs interprétations).
Le film peut ainsi rejoindre nos propres existences. Quels choix, décisions et hasards font qu’elles sont ce qu’elles sont ? Faut-il regretter cependant ou continuer à vivre sa vie ? Qu’aurait été celle de Marc si le hasard avait permis la concrétisation du dernier plan du film ?