Synopsis : La vie dans une collectivité académique dans les années 70 au Danemark. Une histoire inspirée de la propre expérience du réalisateur Thomas Vinterberg.
Acteurs : Ulrich Thomsen, Fares Fares, Trine Dyrholm, Lars Ranthe, Julie Agnete Vang
Primé lors des des 29e European Film Awards 2016
Thomas Vinterberg est un des fondateurs de Dogme95 mais il ne s’est pas laissé enfermer dans ce concept intéressant mais assez rigide et revendique depuis son statut de réalisateur. On se souvient de l’excellent Jagten (La Chasse) en 2012 et, l’année dernière, de Far from the Madding Crowd (Loin de la foule déchainée) que nous avions apprécié également même s’il a beaucoup moins d’aspérités que d’autres de ses films !
Avec La Commune, le réalisateur puise dans une expérience de jeunesse pour rendre compte - voire régler ses comptes ? - avec son passé. On lira avec intérêt cette interview de Thomas Vinterberg (source du document). Il est encore question d’affaires de famille dans ce film. Non plus une famille nucléaire, repliée sur elle-même avec de sombres secrets, mais une famille élargie pour des raisons de convenance, d’abord financières ! Héritant d’une grande et luxueuse maison, il faut soit la vendre, soit rentabiliser son occupation. Et dans les années 70, la vie communautaire, partagée avec peu de tabous est dans l’air du temps. Il est de bon ton d’être libertin(e) et d’ouvrir son couple. Mais entre les concepts et la réalité, comment faire ?
Comment gérer ceux qui ont des moyens financiers et ceux qui n’en ont pas ? Comment prendre des décisions ensemble ? Tous ont-ils le même poids ? Et quand le couple inaugural va mal, quand le mari amène une femme, sa maîtresse dans la colocation ou copropriété que faut-il faire ? Quels sont les mots que peuvent dire les uns et les autres - dont les enfants du couple dans de telles situations. Des mots qui sont autant de mots "dits" pour maudire une mère qui ne joue pas les règles du jeu ou plutôt qui voit combien la vie communautaire rêvée peut être un leurre et qu’il ne s’agit pas d’un jeu où tous gagnent.Et ce triangle qui se déglingue par la faute d’une jeunette qui séduit le mari de ce couple de quadragénaire n’est pas le seul à sonner faux ! Il y a encore leur fille qui elle aussi veut goûter à l’amour ou plutôt au sexe ? Tout cela se passe dans une très et trop grande maison mais qui s’avère bien petite pour circonscrire tant de personnes et de personnalités dissemblables.
C’est un foisonnement de situations qui pourraient paraître risibles et cocasses si elles n’atteignaient pas l’intime de certains en les blessant profondément. Et l’on comprend aujourd’hui que ce type d’expérience n’a pas duré. C’est la richesse du film et en même temps sa faiblesse voire sa fragilité. c’est qu’à montrer tant de personnages, tant de situations parfois anecdotiques, le film se disperse parfois et manque de cohésion. Il n’empêche que ce retour en arrière, cette réflexion - ce regard dans un miroir du passé - devrait nous donner à connaître quelque chose de ces années et de celles du réalisateur dans sa jeunesse !
Il y a cependant un bémol - et sérieux - : le film et l’expérience sont censés se dérouler dans les années 70. OK... mais Thomas est né le 19 mai 1969. Cela a beau être une année érotique, comment peut-il rendre compte d’une expérience d’alors ? Quel protagoniste du récit était-il ?
Bande-annonce :