Synopsis : Après un accident de voiture, une jeune femme se réveille dans une cave, et pense avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui assurant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure. Mais elle n’a pas confiance, et décide de s’échapper…
Acteurs : Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr
Autant dire que ce film a fait le buzz bien avant sa sortie. Des concours de fans [1] ou de geeks - voire des deux - ont été organisés pour découvrir l’intrigue du film et le lien (ou pas) avec Cloverfield réalisé par Matt Reeves (2008). L’embargo que nous avons signé stipule que nous ne pouvons pas dévoiler la fin du film. C’est un peu à l’image de celui réalisé en 1955 par Clouzot, Les Diaboliques. Et l’on peut comprendre cette interdiction, car cette fin fait pour les uns le charme du film, pour les autres c’est son drame. A l’image de Room, construit en deux parties, la première en huis clos, la seconde à l’air libre, 10 Cloverfield Lane est réalisé en deux parties, inégales dans leur longueur, mais également dans leur structure et construction.
C’est pour nous et nombre de confrères la première partie (soit les 4/5e du film) qui est la plus aboutie. Et autant vous dire que la bande-annonce est plus trompeuse qu’autre chose. Elle en dit trop ou pas assez et ce qu’elle nous dit ne nous aide pas (il faut aller la revoir après avoir découvert le film !). Tout l’intérêt consiste en ce huis clos dans une cave ou un bunker ou Michelle (Mary Elizabeth Winstead) se trouve attachée et enfermée par Howard (John Goodman, totalement ambigu). Mais elle n’est pas seule - je puis dévoiler puisqu’il apparaît dans la bande-annonce -, car un autre personnage est présent, Emmet (John Gallagher Jr.).
Ce huis clos est passionnant, car il permet toutes les hypothèses sans en privilégier aucune :
- Howard protège bien Michelle d’une attaque extérieure (Russes, extraterrestres, militaires... peu importe)
- Howard est un pervers qui a kidnappé Michelle
- Howard est fou, complètement à la masse et tout se passe dans sa tête
- Howard n’avait pas prévu la présence de Michelle et/ou d’Emmet dans son "bunker"
- Michelle a eu une commotion et tout se passe dans sa tête [comme dans Stay (Marc Forster, 2005)]
- Les personnes que l’on voit à l’extérieur sont des complices ou pas d’Howard...
- ...
Cette séquence, underground (d’une certaine façon), est donc parfaite tant au niveau de l’angoisse qu’elle génère chez les protagonistes du film et chez le spectateur qui tentera de se démêler dans l’imbroglio des hypothèses toutes crédibles et vraisemblables (ainsi un internaute envisageait - sans avoir vu le film - qu’Howard avait kidnappé un couple pour repeupler la terre après un holocauste chimique ou nucléaire). Tourné avec très peu de moyens (trois plus deux acteurs, un local fermé, un beu de "brol" pour les décors (un peu à la façon, de nouveau, de Room !). Le spectateur est donc convié à un véritable trip sous acide (un vraiment puissant) qui vous brûlera les neurones. Le son, les images, les dialogues concourent à construire un récit palpitant avec des acteurs au top de leur interprétation.
Jusque-là, nous ne savons rien d’une parenté avec Cloverfied ! Tout au plus certaines affiches nous font comprendre qu’il s’agit d’une adresse. Quant aux événements dont il est question dans Cloverfield, aucun des protagonistes n’est au courant et n’y fait allusion. N’y voyons donc qu’un lien "commercial", un hyperlien qui fausse un peu la perception du film. En effet, pour son huis clos, nous ne pouvons dire que : bravo, chapeau bas ! Nous avons flippé et l’adrénaline est présente dans le sang au gré des différents rebondissements, alors que nous avons oscillé entre film d’horreur et thriller psychologique.
Et ensuite, il y a la fin. On ne peut rien dire sinon qu’elle peut-être perçue de deux manières.
- Soit on râlera parce que le "plaisir" du huis clos aura été gâché par la sortie même de cet espace clos et, dans ce cas, l’on aurait aimé une fin au noir à la sortie du bunker (nous sommes de ceux-là).
- Soit on applaudira des deux mains en approuvant un réalisateur (et un J.J. Abrams derrière) qui est allé jusqu’au bout d’une cohérence (ou incohérence) pour que cette "ouverture" vers le monde extérieur puisse clore le film où l’action ne sera plus un trip sous acide, mais sous alcool, un autre cocktail, flamboyant, propre à faire éclater un mythe et à ouvrir de nouvelles routes nocturnes, embranchements vers une suite potentielle ou clôture d’un film dans la nuit de nos questions.
Si cotation, il faut, ce serait 65/100, soit 80/100 pour la partie en huis clos et 50/100 pour la fin vraiment pas à la hauteur de la première partie !