Signe(s) particulier(s) :
– second long métrage du cinéaste irlandais Lorcan Finnegan après "Without Name (2016) ;
– présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2019, où il a remporté le Prix Fondation Gan à la Diffusion, remis au distributeur The Jokers/Les Bookmakers.
Résumé : À la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement...
La critique de Julien
Co-production entre la Belgique, le Danemark et l’Irlande, "Vivarium" est un film de science-fiction métaphorique qui ne risque pas de faire l’unanimité. Et pour cause, Lorcan Finnegan poursuit son exploration du "cauchemar immobilier", après deux courts-métrages déjà destinés à ce thème ("Foxes" et "Defaced"), ici au travers d’un conte surréaliste, tordu, et énigmatique. Terre-à-terre s’abstenir !
Tandis que le film s’ouvre sur le cycle de vie parasite des coucous, avec lequel le spectateur fera (ou non) le rapprochement avec ce qui va suivre, "Vivarium" met en scène un jeune couple composé de Tom (Jesse Eisenberg) et Gemma (Imogen Poots), lesquels souhaitent acheter une maison. Ils se retrouveront alors chez un étrange agent immobilier, Martin, lequel leur vendra un nouveau projet d’habitations, appelé Yonder. D’une part la persuasion de Martin, et d’autre part leur politesse, Gemma et Tom se dirigeront alors avec Martin vers cette banlieue de maisons identiques, vide et silencieuse. Les voilà alors au numéro 9, tandis que Martin disparaîtra. Le couple partira aussitôt des lieux, sauf que leur itinéraire les ramènera toujours à la même destination : la maison numéro 9. Commence alors pour le couple un véritable cauchemar, éveillé, régit par des lois dictées par un "ennemi" inconnu...
Que voilà un drôle de film, mais qui résonne particulièrement en cette période, bien que ce jeune couple vivra autre chose que ce que l’on vit actuellement en termes de dureté de confinement (et on espère qu’on n’en arrivera quand même pas là !). Et autant dire qu’on en attendait beaucoup de "Vivarium". Mais ça, c’était avant, étant donné que ce film suggère bien plus qu’il n’offre en final. Par la situation de ses personnages et leurs réactions, Lorcan Finnegan nous parle ainsi du consumérisme capitaliste de notre société, dans lequel l’humain est un pion formaté, au quotidien. Malheureusement, toute sa mise en scène et son propos sont bien trop ambigus pour en révéler ses profonds messages. En effet, si "Vivarium" emprunte ainsi le chemin du fantastique pour nous parler de notre société, le spectateur passe la majorité de son temps à se creuser la tête pour essayer d’y voir clair dans son jeu, pendant que ses personnages sont occupés à creuser leur propre tombe. Mais ce dernier en oublie surtout de nourrir son concept de base, qui ne tient dès lors malheureusement pas la route, faute de développement, et de financement. C’est comme s’il s’était alors accroché tel un parasite à une idée farfelue, mais dont on ne saura jamais vraiment quelque chose, bien qu’il nous laisse en entrevoir quelques couches labyrinthiques, mais assez maigres. Tout n’est alors ici sujet qu’à notre interprétation, tandis qu’il y exagère ce que la société attend de nous, êtres humains.
Étrange, façon "La Quatrième Dimension", angoissant et sans issue, il faut accepter de se perdre dans cette histoire pour en comprendre les messages codés, alors inscrits dans une réalité virtuelle qui, dans ce cas, nous dépasse, mais laquelle serait pourtant bien bâtie sur la nôtre, standardisée.
Ambitieux, mais informel et volontairement inabouti, « Vivarium » fait partie de ces films qui ne se suffisent d’une seule vision pour en découvrir toutes les subtilités. Faudrait-il encore vouloir y replonger...