Genre : Comédie, thriller, action
Durée : 111’
Acteurs : David Harbour, John Leguizamo, Cam Gigandet, Alexis Louder, Beverly D’Angelo, Brendan Fletcher...
Synopsis :
Le soir de Noël, quand un groupe de mercenaires entre par effraction sur la propriété d’une famille aisée qu’ils prennent en otage, ils vont devoir affronter un adversaire auquel ils ne s’attendaient pas ! Le Père Noël est dans la place et il va leur montrer que ce bon vieux Saint Nicolas a plus d’un tour dans sa hotte.
La critique de Julien
Et si le Père Noël était, en fait, un ivrogne, ayant perdu foi en les enfants, lesquels auraient eux-mêmes perdu leur esprit de Noël, car devenus matérialistes ? C’est en tout le postulat de base du film de Tommy Wirkola, qui revient dans les salles après un passage l’année dernière sur Netflix avec "The Trip". La veille du 25 décembre, Santa Claus, de l’autre côté de l’Atlantique, se saoule alors ici dans un pub de Bristol, avant de monter sur son traîneau, prêt à commencer ses livraisons de cadeaux, tout en choquant et ravissant la serveuse des lieux, avant de vomir accidentellement sur elle depuis son traîneau... En référence au titre de la cantine de Noël "O Holy Night", elle-même inspirée par le titre "Minuit, Chrétiens" composé par Placide Cappeau en 1843, et mis en musique par Adolphe Adam en 1847, "Violent Night" surfe inévitablement sur la vague de films d’action décomplexés et gores, le célèbre personnage étant campé ici par David Harbour. Or, c’est bien ici parce qu’il est distribué par Universal Pictures que ce film parvient à se frayer une sorte en salles...
Il ne suffisait ainsi qu’à trouver un prétexte pour mettre en action ce Père Noël, qui ne renvoie pas exactement dans son cas l’image rêvée par des millions d’enfants, lui qui est, en réalité, dans notre culture, une déformation du bon vieux Saint-Nicolas, lequel a quant à lui véritablement existé, et part en tournée générale à la date du six décembre de chaque année [1]. Arrivé donc à Greenwich dans le Connecticut, dans la maison de la famille Lightstone, Père Noël va se retrouver ici dans une situation délicate, alors que des mercenaires, dirigés par Jimmy "Mr. Scrooge" Martinez (John Leguizamo), ont pris en otage les membres de la famille, eux qui en ont après le pactole d’argent sale caché dans le coffre-fort de la richissime, grossière et tyrannique matriarche Gertrude Lightstone (Beverly D’Angelo), héritière de l’empire financier de la famille. Mais c’est sans compter sur la petite frimousse de Trudy (Leah Brady), fille du fils (Alex Hassell) de Gertrude, elle qui figure sur la liste des enfants sages du Père Noël, lequel va dès lors essayer de l’aider, tant bien que mal, elle et sa famille, et retrouver, par la même occasion, son "oh-oh-oh"...
La magie de Noël n’est donc pas vraiment au rendez-vous de "Violent Night" (le principal intéressé ne sait d’ailleurs pas ici comment elle fonctionne !), lui qui porte, par contre, très bien son titre, et enchaîne des dizaines de scènes de combat aussi sanglantes et grotesques que les autres, bien que certaines sortent du lot par leur imagination débordante (le passage par une cheminée du personnage de John Leguizamo est le summum de l’exagération). Et cela n’est en rien étonnant, puisqu’on apprend ici que le célèbre personnage était, il y a plus de 1100 ans, un Viking guerrier, surnommé le "broyeur de crâne", avec sa massue, lui qui en trouvera évidemment une sur son chemin... Oui, oui. Pourtant, le film de Tommy Wirkola met du temps à prendre son envol, Papa Noël ayant même le ventre mou, tout en étant vulnérable. Les premiers coups chorégraphiés - et échangés dans une grange - sentent d’ailleurs ici le bluff. D’ailleurs, on a l’impression, en termes d’effets spéciaux, que des poches de sang explosent littéralement dès que le personnage de David Harbour s’approche d’un ennemi, ce qui rend le spectacle sanguinaire extrêmement superficiel, et régressif dans son excès. Cependant, le film, une fois véritablement lancé, se transforme en une comédie horrifique politiquement incorrecte, laquelle parvient, dans ses meilleurs moments, à rendre un irrésistible hommage à "Maman, j’ai Raté l’Avion" (1990). Aussi, on s’amuse beaucoup des dialogues (pas bien hauts) qu’échangent entre eux les personnages de cette famille dysfonctionnelle, surtout vis-à-vis du profil d’Alva Lightstone (Edi Patterson), une femme vénale, alcoolique et jalouse de son frère, PDG de l’entreprise familiale, laquelle a d’ailleurs appelé son fils Bertrude, en espérant amadouer sa mère, tandis que son nouveau petit copain et star de cinéma d’action en herbe, Morgan Steele (Cam Gigandet), "un peu bête, mais très sexy", croît toujours au Père Noël. On assiste alors à un festival de répliques aussi salées que stupides.
En tant que film de fin d’année, aussi provocateur et mauvais élève soit-il, "Violent Night" ne passe évidement à côté d’une petite morale familiale, les Lightstone trouvant finalement "chouette" de faire, pour une fois, quelque chose en famille, tandis que la petite Trudy verra son plus grand rêve se réaliser à l’issus de cette bataille, non pas de boules de neige, mais de castagne, que David Harbour s’amuse à donner, avec ou sans objet de prédilection...
Vous l’aurez compris, "Violent Night" n’est pas, en termes d’action, le film de Noël le plus raffiné, lui qui en case justement les codes, tout en s’y calquant, ou en y revenant. Facile, donc... La réalisation de Tommy Wirkola, sans être un grand film de cinéma, parvient tout de même, à sa manière, à remuer un peu la hotte du Père Noël, et à en sortir quelque chose qui sort du lot. Mais outre son contexte, et dans son genre, ce film reste un petit joueur. On ne lui demandera donc rien de plus que ce qu’il est venu nous offrir en cadeau... Bref, un film fun, et dans l’esprit gore de Noël.