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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Ann Sirot et Raphaël Balboni
Une Vie Démente
Sortie du film le 08 septembre 2021
Article mis en ligne le 8 septembre 2021

par Julien Brnl

Genre : Comédie dramatique

Durée : 86’

Acteurs : Jean Le Peltier, Jo Deseure, Lucie Debay, Gilles Remiche...

Synopsis :
Alex et Noémie voudraient avoir un enfant. Mais lorsque Suzanne, la mère branchée d’Alex, adopte un comportement de plus en plus farfelu, les choses se compliquent. Entre l’enfant désiré et l’enfant que Suzanne devient, tout s’emmêle. C’est l’histoire d’un rodéo, la traversée agitée d’un couple qui découvre la parentalité à l’envers !

La critique de Julien

Présenté en première mondiale au Festival du Film Francophone de Namur 2020, le premier long métrage d’Ann Sirot et Raphaël Balboni débarque enfin dans nos salles, précédé d’une belle réputation. Habitué aux courts métrages (ils en comptent déjà sept à leur actif), le duo à l’univers fantasque et burlesque s’empare ici d’un sujet grave, mais avec légèreté, et finesse, au travers duquel un couple de jeunes trentenaires, qui s’apprêtent à essayer d’avoir un enfant, doit faire face à la démence sémantique d’un parent, mettant ainsi un frein à leur projet...

Maladie neurodégénérative du même type qu’Alzheimer, la démence sémantique fait perdre petit à petit aux malades leurs mots et leur inhibition, ainsi que les codes de la vie sociale. Dès lors ici, certaines des réactions, des attitudes et des pérégrinations du personnage joué par l’actrice et comédienne Jo Deseure l’amènent à faire des choses cocasses, vues d’extérieur, elles qui engendre le rire, mais toujours avec respect. Suzanne, excentrique femme à fort caractère, et (ex-)directrice d’une galerie d’art, va ainsi mettre indirectement des bâtons dans les roues de son fils, Alex, joué par Jean Le Peltier (habitué des réalisateurs, puisqu’il a déjà tourné trois fois pour eux). Ce dernier ne va dès lors ne pas supporter de la voir changer - elle qui était une femme élégante - et de revenir au stade psychologique d’enfant (elle qui considère justement une enfant faisant un bricolage comme une artiste). Pourtant, il finira par accepter, après un long travail sur lui-même, la méfiance et le regard extérieur, mais après avoir tout sacrifié entre temps, tels que son projet de famille, sa joie de vivre, lui qui priva aussi sa mère de son souffle, en souhaitant la protéger, mais en l’asphyxiant plus qu’autre chose.
C’est donc l’histoire d’un homme qui va apprendre à vivre avec la maladie d’un parent, tel un nouvel apprentissage pour sa propre vie, de compagnon, et de parent. Face à lui, il y a une autre femme, Noémie, jouée par Lucie Debay, dont le quotidien est devenu une attente pesante, elle qui espère fonder une famille. Touchant, le trio familial brille devant la caméra d’Ann Sirot et Raphaël Balboni, eux que l’on sent plein de tendresse et bienveillance envers leurs personnages, interprétés avec générosité, et répartie. D’ailleurs, l’écriture de cette comédie dramatique vise toujours juste, et n’en fait jamais de trop. Et même s’il est plutôt court, leur film parvient à installer et à développer les enjeux qui se jouent dans la tête des principaux intéressés, dans une telle situation, où tout est remis en question, tel un contretemps dans leur vie, mais sans fin si l’on ne regarde pas vers l’avenir...

Très visuel, l’univers des cinéastes ne passe, une fois de plus, pas inaperçu, eux qui se sont amusés, avec leur chef costumier, à créer un imprimé fleuri qui va envahir la vie du couple, en parallèle de la maladie de Suzanne, qui va s’immiscer dans leur intimité, elle qui leur a justement offert - à (sacré) crédit - une housse de couette et un nouveau matelas. Le motif coloré, tel que celui que l’on découvre sur l’affiche officielle du film, va alors peu à peu s’inviter partout, avant de reprendre sa place. Aussi, ils empreignent leur récit d’images évolutives filmées d’une œuvre d’art liquide aux allures "cosmiques", alors entreposée au début du film dans la galerie d’art de Suzanne, tandis que les différents rendez-vous (chez le banquier, le médecin, etc.) auxquels les personnages sont confrontés (en solo, duo ou trio) se déroulent toujours dans une même pièce, différemment colorée, face caméra, alors qu’une voix-off leur donne la réplique. Toutes ces idées embellissent alors encore un peu plus leur film, empreint de vie, d’humanité, et de bon goût.



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