Signe(s) particulier(s) :
– nouveau film inspiré du célèbre "Ju-On" (2002) de Takashi Shimizu, située chronologiquement entre le propre remake américain de son film "The Grudge" sorti en 2004 et celle de sa suite sortie en 2006 (qui n’était quant à elle pas un remake de la suite de son propre film, mais bien une histoire originale), tandis qu’un troisième épisode est directement sorti en vidéo en 2009, réalisé cette fois-ci par Toby Wilkins ;
– troisième film du cinéaste new-yorkais Nicolas Pesce après les inédits "The Eyes of My Mother" (2016) et "Piercing" (2018).
Résumé : En 2004, une infirmière, Fiona Landers, assassine son mari et leur petite fille âgée de six ans dans sa demeure en Pennsylvanie. Les Détectives Goodman et Wilson enquêtent sur les meurtres. Mais il s’avère que la résidence est hantée. Peu de temps avant le meurtre, Fiona a fuit précipitamment Tokyoaprès avoir vu les fantômes d’une jeune japonaise, Kayako Saeki, et d’un petit garçon, Toshio, dans un autre domicile inquiétant... Possédée par elle, Fiona tua ses proches avant de se suicider. Désormais, tous ceux et celles qui pénétreront dans sa demeure se verront maudits à leur tour par les fantômes de Kayako et Toshio...
La critique de Julien
À l’heure où les grands studios ne savent plus quoi inventer pour faire peur, force est de constater qu’ils retournent dans leurs vieilles marmites. Mais à force de faire les mêmes soupes, ou de les réchauffer, la recette ne prend plus. Tel est le cas de cette énième histoire de fantômes d’origine japonais, "The Grudge", lequel emprunte le même titre que l’auto-remake américain du film japonais "Ju-On" (2002) de Takashi Shimizu, ayant connu un succès retentissant lors de sa sortie au cinéma en 2004, et dans lequel, souvenez-vous, Sarah Michelle Gellar tentait de survivre à une malédiction après avoir franchi le seuil d’une demeure, disons, particulière. En effet, c’est bien connu, lorsque quelqu’un meurt sous l’emprise d’une puissante colère, cette mort fait naître une malédiction sur les lieux où elle s’est produite, laquelle frappera dès lors quiconque y mettra les pieds.
Après deux suites, place cette fois-ci à un nouveau film aux allures de faux-remake, situé entre les événements du premier et second film de la franchise.
Tout d’abord, à titre de comparaison, il y a deux ans sortait dans le même genre la suite directe du remake du film "Le Cercle" (2002) de Gore Verbinski, laquelle faisait alors abstraction de sa suite (2005), réalisée par Hideo Nakata, soit le metteur en scène du premier film original japonais sorti en 1998. Avec une genèse des plus compliquée, ce projet, mort avant l’heure (dirigé par F. Javier Gutiérrez), restituait alors sans originalité les grandes lignes de ses modèles, étant en plus mal joué, et mal monté. La sentence fut irrévocable, puisque "Rings" fut détruit par la critique, pour devenir alors le film le moins rentable de la franchise. Or, on a un peu l’impression que le schéma se répète ici avec le cas de "The Grudge".
Tout comme les films originaux, celui-ci est raconté dans un ordre non-chronologique au travers de plusieurs segments narratifs différents (la famille Landers, les Spencer et les Matheson) que va alors percer à jour la Détective Muldoon, afin de comprendre ceux de l’ordre réel, auxquels elle est confrontée. Et pour cause. Veuve depuis peu, et ayant déménagé en ville avec son fils Burke, elle sera alors envoyée, avec son coéquipier Goodman, sur les lieux de la découverte d’un cadavre, s’étant auparavant rendu au 44 Reyburn Drive. Tandis qu’elle interrogera son collègue, celui-ci lui révélera, que la maison est maudite (sans il n’y avoir jamais mis les pieds), lequel ne veut d’ailleurs plus avoir à faire avec les nombreuses histoires de meurtres s’étant produits dans cette sordide bâtisse. Mais c’est plus fort qu’elle : Muldoon se rendra à l’intérieur de la maison.
Commençons par les seuls aspects positifs de ce film, à savoir une interprétation solide de son actrice principale Andrea Riseborough (vue dans les films "Birdman", Nocturnal Animals", "Battle of the Sexes" ou encore La Mort de Staline), ainsi que quelques sursauts efficaces, et des finitions d’écriture appréciables, en vue de perpétuer la malédiction en question. Au-delà de ça, on ne voit pas trop ce que ce film apporte en plus à ce qui a déjà été fait par l’œuvre originale de Takashi Shimizu. Pire, "The Grudge" souffre d’une structure inutilement compliquée, entre passé, présent et personnages différents (tout en ne respectant pas non plus l’ordre chronologique des événements passés). Or, cette structure ne se justifie guère, au sein d’une intrigue déjà bien maigre, laquelle pourrait d’ailleurs tenir sur quelques lignes. Car une fois ce puzzle terminé, on se dit qu’on s’est quand même bien fait avoir. Ensuite, que dire des effets horrifiques prévisibles, amenés par des personnages qui, comme d’habitude, tombent dans le panneau, où décident d’aller là où il ne faut pas. C’est très énervant ! Et puis, "The Grudge" ne possède aucune âme, ni aucune personnalité, et surfe sur un principe éculé au possible, lequel ne procure alors plus aucune surprise, et n’innove jamais.
Vu au cinéma Acinapolis Jambes