Genre : Comédie, romance
Durée : 92’
Acteurs : Elena Anaya, Louis Garrel, Gina Gershon, Sergi Lopez, Wallace Shawn, Christoph Waltz...
Synopsis :
Un couple d’Américains en villégiature au festival de San Sebastián tombe sous le charme de l’événement, de l’Espagne et de la magie qui émane des films. L’épouse a une liaison avec un brillant réalisateur français tandis que son mari la trompe avec une belle Espagnole.
La critique de Julien
On vous en parlait lors de la sortie tumultueuse de son précédent film "A Rainy Day in New York" ; Woody Allen préparait déjà son quarante-neuvième film, intitulé "Rifkin’s Festival", cofinancé en Espagne, et mettant en vedette Christoph Waltz, Louis Garrel ou encore Sergi López. Après avoir attaqué en justice les studios Amazon pour avoir indûment mis fin à un contrat de quatre films avec ce dernier étant donné le regain d’intérêt (par le mouvement #MeToo) des accusations d’agressions sexuelles formulées par sa fille adoptive, datant de 1992, Woody Allen s’est donc réfugié en Europe, et principalement ici dans la ville côtière de San Sebastián. C’est là où le cinéaste newyorkais a filmé son dernier film, dans lequel Mort Rifkin (Wallace Shawn), un professeur de cinéma à l’université âgé et excentrique, se rend au célèbre festival de cinéma de la ville pour y suivre sa femme Sue (Gina Gershon), attachée de presse d’un film qui y est présenté, lequel est réalisé par Philippe (Louis Garrel), un jeune cinéaste français charmeur, ampoulé, prétentieux, et déjà idolâtré par toute la profession. Sauf que la relation que sa femme entretient avec ce dernier semble aller au-delà du caractère professionnel de son métier, ce qui aura tendance à rendre jaloux Mort Rifkin, et ainsi à remettre en question sa vie...
On a connu Woody Allen plus inspiré que cela. En effet, le réalisateur filme ici la remise en question existentielle et amoureuse d’un homme pourtant bien installé dans sa vie, n’ayant jusque-là ouvert les yeux sur la tenue de son couple. Mais la magie de la belle ville espagnole et de son ambiance romantique, ainsi que les coulisses d’un prestigieux festival du film du monde, des rêves étranges, des soupçons de liaison extraconjugale, et des douleurs suspectes à la poitrine, vont alors l’entraîner dans un tourbillon émotionnel qui changera sa vie à jamais...
Sans véritable entrain, folie, ni passion, Woody Allen dresse un portrait quelque peu éculé d’un homme autour du sens de sa vie, entre pensées intérieures, marivaudages, attitudes et quiproquos non-équivoques, tandis qu’il est en train de raconter son histoire chez son psy, laquelle se déroule donc au passé. Le réalisateur, qui tente de survivre, ne renouvelle en aucun cas ici son cinéma, bien qu’il y égratigne et s’interroge sur la nouvelle vague de cinéastes en herbe. En tant que véritable passionné de cinéma, Allen rend aussi hommage à l’âge d’or du cinéma et à ses plus grands réalisateurs, tels que Ingmar Bergman, François Truffaut, Jean-Luc Godard, Federico Fellini, et cela au travers de nombreuses scènes rêvées en noir et blanc par son personnage principal, ce qui aura tendance à amuser les cinéphiles endurcis. Pour le reste, la recette est connue, et se déguste sans broncher, bien qu’un peu fade, au regard notamment de l’écriture des personnages secondaires, qui manque de saveurs, voire de piment...