Genre : Comédie, drame
Durée : 116’
Acteurs : Mads Mikkelsen, Nikolaj Lie Kaas, Andrea Heick Gadeberg, Gustav Lindh, Nicolas Bro, Roland Møller
Synopsis :
Un militaire déployé, Markus, rentre chez lui au Danemark après le décès de sa femme dans un accident de train. Il doit s’occuper de leur fille adolescente, Mathilde. Bientôt, Markus découvre que le déraillement ferroviaire qui a coûté la vie de sa femme n’est peut-être pas un malheureux accident...
La critique de Julien
Non, ce n’est pas "Drunk" de Thomas Vinterberg qui a réalisé le meilleur premier week-end d’exploitation dans les salles danoises cette année, mais bien "Riders of Justice", d’Anders Thomas Jensen ("Men and Chicken"), tous deux bénéficiant par contre de la présence au casting de Mads Mikkelsen, et en tête d’affiche. Étonnante comédie noire que ce film qui mélange habilement les genres, en mettant en scène une histoire de vengeance, alors réalisée par une équipe de bras cassés. Est-il dès lors possible de retracer les événements qui ont conduit à ce qui est considéré, au départ, comme un accident ? Est-il vain de chercher ce nombre infini de moments qui y ont conduit ? À moins que, l’être humain, par manque de données insuffisantes, catégorise-t-il ces derniers comme de simples coïncidences ? D’ailleurs, et si nos agissements quotidiens, parfois très maladroits, intentionnels ou non, n’étaient le fruit que de coïncidences, aux conséquences variables ? Et si "Riders of Justice" était la dernière surprise de l’année ?
De retour d’Afghanistan, alors qu’il lui restait encore trois mois de service, Markus (Mads Mikkelsen) doit accuser le décès de son épouse, Emma (Anne Birgitte Lind), à la suite de qui s’apparente donc à un accident de métro, alors qu’elle était accompagnée de sa fille adolescente, Mathilde (Andrea Heick Gadeberg). Alors qu’ils ne savent rien l’un de l’autre, père et fille vont devoir accepter le drame, ce qui mettra leur relation à rude épreuve, d’autant plus que pour Mathilde, son père a besoin de consulter, ce qu’il refusera formellement. Sauf que, pour Otto, un analyste expert en probabilités ayant survécu au drame en donnant sa place dans le métro à Emma, le drame les ayant touchés ne serait pas le fruit du hasard, mais bien un meurtre planifié, afin d’éliminer un témoin clé sur le point de témoigner contre un chef de gang (Roland Møller) de motards, nommés les Riders of Justice. Markus, Otto, son excentrique collègue Lennart (Lars Brygmann) et leur copain hacker Emmenthaler (Nicolas Bro) partiront alors en croisade contre cette bande, tandis que ces derniers, par un concours de circonstance, joueront un rôle prédominant dans le deuil de Mathilde...
"Riders of Justice", c’est le genre de comédie qu’on adore, à la fois très noire et bizarre, remplie de personnages rustres mais attachants, lesquels souffrent ici chacun en silence de démences et/ou de troubles psychologiques et physiques résultant d’épisodes tragiques vécus dans leur vie. On devine alors ces derniers au regard des desdits événements et de dialogues ciselés, comme par exemple pour Lennart, qui a vu "25 psychologues en 40 ans", et qui, s’il connaît toute la terminologie du métier (et en fera ici plus ou moins usage), n’est toujours pas guéri. Ainsi, le drame côtoie ici l’absurde, au travers des péripéties que Markus et sa bande vont devoir essuyer, ainsi que les cadavres. Violent, et sans demi-mesure dans cette représentation, le film, qui enchaîne les scènes aussi intimes que des fusillades sanglantes en pleine rue, trouve cependant subtilement les mots justes pour faire avancer ses anti-héros, qui pensent alors agir pour la justice, alors que les forces de l’ordre, elles, ne croyaient aucunement aux théories d’Otto lorsqu’il s’est présenté à elles à la suite de "l’accident".
Surprenant et rafraîchissant, "Riders of Justice" est un parfait cocktail explosif fait de rencontres évolutives aux antipodes l’une des autres (desquelles naîtra une forme d’élan de solidarité), ainsi que d’une bonne dose de second degré existentiel, le tout au service d’un scénario plus malin et plus profond qu’attendu (même si un peu chargé), et forcément de coïncidences de la vie. Et une fois de plus Mads Mikkelsen crève l’écran, même si l’ensemble des personnages, et donc des acteurs, offrent là des moments aussi touchants qu’interrogatifs sur notre rapport aux choses heureuses ou malheureuses qui nous échappent, sans que personne, et encore moins nos croyances, puisse en expliquer les raisons.