Synopsis : Bipul se remémore ce poème, et le corrige à sa manière : non, ce n’est pas avril, c’est décembre qui est de loin le mois le plus cruel... Bipul et Mahsun fument leur cigarette à l’entrée d’une tour, un centre pour demandeurs d’asile niché au coeur de la capitale européenne, au coeur du paradis des réprouvés. On est en décembre et il fait froid. Bipul vient d’un putain de village oublié au fin fond du « Nulle-part-istan ». Il souffre d’amnésie. C’est un expert dans l’utilisation du système ou - ça dépend du point de vue - un loser ultime.
Acteurs : Josse De Pauw, Marijke Pinoy, Tarek Halaby, Evgenia Brendes, Gökhan Girginol
Problemski Hotel est basé sur le roman éponyme renommé de Dimitri Verhulst. C’est l’histoire d’amour entre Bipul et Lidia. Tandis que Bipul considère le centre d’asile au coeur de Bruxelles comme sa destination finale, la jeune Lidia veut absolument se déplacer à Londres.
Est-ce que Bipul sera prêt à ajuster ses perspectives d’avenir ? Finalement, sans papiers et avec papiers, on aimerait tous être ailleurs, n’est-ce pas ?
Manu Riche s’est établi en tant que documentariste avec « Strip-Tease », l’émission RTBF devenue légendaire. Il a fait également des documentaires sur p.ex. le Roi Baudouin (« Baudouin I ») et Tom Barman (« Tempo of a Restless Soul »). Par ailleurs, Riche est aussi actif dans le théâtre. Avec « Problemski Hotel », il fait ses débuts en film de fiction.
En 2006, Dimitri Verhulst a acquis la notoriété et les honneurs généraux pour « La merditude des choses », porté avec succès à l’écran quelques années plus tard par Felix van Groeningen. Mais c’est « Problemski Hotel » (2003) qui a marqué le premier tournant dans la carrière de Verhulst, aussi bien en Belgique qu’au niveau international. L’adaptation cinématographique de ce roman est très chère à Verhulst. Il s’est d’ailleurs impliqué dans le scénario et a écrit les dialogues néerlandais.
Manu Riche adapte au cinéma le roman éponyme de Dimitri Verhulst, publié en 2003 - voir ci-devant les informations du distributeur (Lumière). Il nous propose un film presque documentaire, parfois absurde et kafkaïen qui pourrait être vu utilement avant ou après Le chant des hommes (Rising Voices) de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez qui abordait une occupation d’église et une grève de la faim menée par des réfugiés et/ou sans papiers.
Alors que le récit mis en scène dans ce film remonte à plus de douze ans, il retentit comme étant éminemment contemporain, comme si cela datait tout simplement d’aujourd’hui ou d’il y a quelques semaines. Comment traiter d’un sujet intraitable et parfois tabou dans nos sociétés contemporaines où les replis sont frileux face à une population qui veut garder ses droits acquis, à certains partis politiques xénophobes ou aux discours poujadistes ? Toutes ces questions sont d’actualité à l’heure où les réfugiés ont largement franchi nos frontières et où des partis d’extrême droite sont présents sans honte sur la place publique en Europe.
Je n’ai pas lu le roman et ne peux donc pas faire état de son adaptation. En revanche, la voie choisie dans le film est celle de choisir une narration surréaliste et absurde. Même si nous sommes bien loin d’arriver à l’excellence d’un Jacques Tati, certaines scènes absurdes font penser à d’autres de ces univers, ainsi l’aventure d’un sapin depuis le début du film, en camion puis balladé d’un étage à l’autre du bâtiment d’asile pour finalement être décoré par un musulman pour qui ce conifère est totalement insensé.
On vous dira que pendant la décoration du sapin avec une guirlande électrique, un réfugié dont le droit d’asile est refusé, se pendra tout près grâce à une rallonge électrique ou que le musulman au sapin ne supportera pas l’émancipation de sa femme. Nous la voyons au début en bureau et elle terminera ensuite dans la piscine. Ajoutons le personnel du centre qui prépare des jeux de rôles sur l’accueil et la directrice qui tourne en rond en faisant son jogging au pas de course dans le bâtiment, ou encore, la négociation financière autour du meurtre d’un nouveau-né que la mère devra se résoudre à mettre à mort parce que l’homme de l’Est qu’elle a payé pour ce faire ne peut s’y résoudre.
Si certains acteurs sont connus dans le nord du pays, plusieurs ont ici leurs premiers rôles au cinéma. A défaut d’un grand film, Problemski Hotel met le doigt où cela fait mal. Il sortira après les fêtes, après le champagne et le foie gras et ce sera une occasion très humaine de dégriser !
Je vous invite à poursuivre en lisant la critique très enthousiaste de Nicolas Gilson, sur Un grand moment...