Signe(s) particulier(s) :
– nouvelle adaptation du roman "Les Aventures de Pinocchio" (1881) de Carlo Collodi ;
– le film a reçu 15 nominations à l’édition 2020 des David di Donatello Awards, décernés chaque année par l’Académie du cinéma italien, lequel en a remporté cinq, et tous techniques.
Résumé : Un jour, alors que le menuisier Geppetto fabrique une marionnette, un événement magique se produit : Le pantin se met à parler et sait marcher, rire et manger comme un vrai garçon. Geppetto le nomme Pinocchio et décide de l’élever comme son propre fils. Mais Pinocchio refuse d’obéir. Son entêtement et sa naïveté l’entraînent dans un tas de mésaventures à travers un monde peuplé de créatures imaginaires, du ventre d’un requin au Pays des Jouets, en passant par le Champ des Merveilles. Malgré tous ces rebondissements, Pinocchio ne souhaite qu’une seule chose : devenir un vrai petit garçon ! Parviendra-t-il à éviter les ennuis et à réaliser son rêve ?
La critique de Julien
"Il était une fois… Un roi ! Eh bien non, les enfants, vous vous trompez. Il était une fois… Un morceau de bois". Telles sont les premières phrases du conte original de "Pinocchio" par Carlo Collodi, duquel cette nouvelle version est fidèlement ici adaptée par Mateo Garrone. Après le très réaliste et âpre "Dogman" (Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 2018 pour Marcello Fonte), le cinéaste italien revient ainsi au cinéma fantastique, après l’expérience "Tale of Tales" (2015), lui qui, enchanté par son auteur, Giambattista Basile, souhaitait poursuivre l’exploration de ce genre. Et en l’occurrence, l’occasion offerte par le roman pour enfants de Collodi, "Pinocchio", de voyager dans l’Italie paysanne de la fin du XIXe siècle était trop belle.
Éloignée de la version de Disney, celle de Mateo Garrone respecte de près le récit initial, lui qui débute ainsi avec Geppetto, joué ici par Roberto Benigni, après avoir réalisé et joué Pinocchio en 2002, lequel incarne le pauvre charpentier toscan en question, fabriquant une marionnette en bois, histoire de se faire un peu d’argent. Sauf que sa création prendra vie, la considérant dès lors comme son propre fils, Pinocchio (Federico Ielapi), lui dont le nez s’allonge à chaque mensonge, et qui rêve de devenir un véritable petit garçon, de chair et d’os. Or, pour cela, il lui faudra écouter, et bien travailler à l’école...
Tourné majoritairement dans la région de Sienne, en Italie, étant donné que la Toscane de Collodi n’est plus celle d’aujourd’hui, "Pinocchio" nous embarque ainsi dans l’histoire (que nous connaissons tous) de ce pantin de bois, et son monde imaginaire, alors qu’il croisera sur son chemin, tout au long de son apprentissage, des personnages aussi bienveillants (la Fée, l’Escargot, la Mèche, le Grillon, etc.) que le contraire (le Chat, le Renard, etc.). Comme on peut s’en douter, ce n’est donc pas tant pour les propos que cette version est à voir, mais bien pour sa cinématographie. Car Mateo Garrone retranscrit merveilleusement l’univers relatif au récit strict de Collidi, parsemé dans sa photographie des photos d’Alinari, des peintures de Macchiaioli, ou encore des illustrations de Mazzanti, pour ne citer qu’eux. Visuellement, "Pinocchio" est d’une grande beauté, aux couleurs toscanes amères, lui qui est fantaisiste dans l’âme, tout en étant dur dans ses propos sur l’enfance. La réussite des maquillages, des costumes, ou encore des décorations y sont également pour beaucoup, eux qui permettent de redonner un énième souffle à cette histoire, ici baroque et folklorique, toujours intéressante à montrer aux enfants. Attention toutefois aux traits physiques assez prononcés de certains personnages, qui risquent d’en effrayer plus d’un... Enfin, face au toujours aussi expressif et touchant Roberto Benigni, le petit Federico Ielapi, huit ans, est l’incarnation parfaite de Pinocchio, lequel s’est ainsi soumis aux quatre heures de maquillage quotidien, supportant également une prothèse pendant trois mois...
Le "Pinocchio" de Matteo Garrone trouve une place de choix dans les nombreuses adaptations cinématographiques du roman de Collidi. Même s’il est assez lisse dans sa narration et manque de ton, son travail, et celui de son équipe artistique, se situe dans la veine des pures contes, entre émerveillements et noirceurs de la vie, agrémentée de la patte de son réalisateur, bien que plus transparente que d’accoutumée.