Présentation BIFFF : Assise à côté de sa voiture flambant neuve, à contempler les étoiles dans le ciel, Sandra ne peut que donner raison aux arguments de son mari : « cette voiture, c’est le K2000 du 21e siècle ! L’engin le plus sûr jamais construit, avec commande vocale, cruise control total pour le plus emmanché des chauffards et même une application sur smartphone pour la gérer à distance ! Ma chérie, avec le Monolith, tu voyageras dans un véritable coffre-fort ! ». Et il n’a pas tort. À ceci près que Sandra se retrouve coincée à l’extérieur de son SUV ultramoderne depuis que son mouflet d’un an et quelques miettes a touché les mauvais boutons du smartphone. Et si Sandra contemple les étoiles, c’est parce qu’elle est perdue en plein milieu du désert, attendant avec angoisse le lever du soleil qui risque fort de transformer la bagnole en four à pain, avec son bébé en guise de baguette à l’intérieur…
Les clés dans une bagnole verrouillée, c’est la tuile qui a dû arriver à des millions de personnes. Voyant le potentiel de cette bourde anecdotique, Ivan Silvestrini livre ici un thriller haletant, confrontant la logique binaire d’une intelligence artificielle aux impondérables humains, qui, tassé sur ses 85 minutes sans gras, tape en plein dans le mille pour ce qui est du cauchemar ultime des parents ! Au rayon des mères apeurées, on retrouve la phénoménale Katrina Bowden (Tucker and Dale VS Evil), prête à arracher la batterie de Lilith, voix de cette f… bagnole de m…, interprétée par Katherine Kelly Logan, la cumularde de maris dans Amour, Gloire et Beauté.
Acteurs : Andrea Ellsworth, Brandon W. Jones, Damon Dayoub, Jay Hayden, Justine Wachsberger, Katherine Kelly Lan, Katrina Bowden
Ma cotation BIFFF :
J’attendais beaucoup de ce film, une sorte de huis clos inversé, le contraire donc de Panic Room. Il s’agit de l’adaptation d’une bande dessinée italienne et dont l’intrigue semble être identique à celle du film (présentation de la BD en italien : [1]) sans pouvoir préciser outre mesure, n’ayant pas lu cette bande dessinée de Roberto Recchioni, Uzzeo Mauro et Lrnz qui n’est pas (encore ?) traduite en français.
L’intrigue ne démarre pas vraiment sur des chapeaux de roues, mais sur un conflit ou une tension (évidemment dramatique, mais aussi de poids !) entre Sandra (blonde, très blonde) et son mari qu’elle soupçonne d’adultère. Toute une partie de sa démarche, de sa sortie de route partira de ce point de départ. Ajoutons à cela un enfant et un sac de billes (non pas le film du même nom !), mais également trois jeunes filles et deux jeunes gens, un peu zarbis, chelous rencontrés dans une grande surface et qui se lient d’affection pour David, le môme, son môme qui est en plus asthmatique : ben oui, les liens avec Panic Room et le besoin de médicaments ouvrent une autoroute (oui, c’est trop facile) pour l’intrigue (mais bon, ce n’est peut-être pas ce qui est dans la BD !). Et l’on se doute bien que l’on va retrouver la bande des cinq plus tard dans l’histoire !
Que vous croyez ! Ben non. Ceux-là disparaissent en cours de route (re facile !). Tout le reste de l’histoire se trouve dans le synopsis assez rigolo ci-dessus et finalement, il n’y a pas grand-chose d’autre. Le reste continue sur ses rails, ou sa lancée. Une indication sera donnée via un écran de télévision pour qui sera attentif et discernera la porte de sortie de l’aporie (ah, cce mot-là, je l’aime bien ! pour impasse donc). Normal quand on prend un chemin de traverse pour éviter les embouteillages ! S’il n’y a pas un bout de gras, le problème est que les 85 minutes semblent fort longues, malgré les péripéties pour faire accroître la tension (le gosse et les billes, le gosse et son inhaleur, le gosse emmitouflé, le gosse coincé dans son siège, le gosse à qui on confie le téléphone qui a la super appli pour commander la voiture... ou encore les cauchemars dont l’on peut se dire qu’ils sont là pour diluer la sauce. Ajoutons quelques incohérences (la voiture qui au début annonce qu’elle est agressée et puis ne réagit plus).
Précisons cependant qu’Ivan Silvestrini en transposant l’intrigue aux USA nous offre de très belles images, avec des décors naturels assez fabuleux... mais aussi un effet pervers de plus en plus fréquent, avec l’effet "drone". L’abus de drone nuit... même si c’est filmé en plein jour ! C’est qu’il y a quelques plans qui ne sont pas indispensables, mais servent à montrer de "belles images"... mais si c’est pour montrer que je peux te filmer des p*t**ns de beaux paysages... pour le paysage... c’est assez vain ou alors faut faire Ushuaia !
Gageons que les mères (ou les parents en général) vont vivre l’angoisse par film interposé de se trouver un jour avec un enfant oublié dans une voiture (et là on sait combien c’est dramatique) et se laisseront prendre par un écran de fumée (le tout gros, celui que l’on peut faire en faisant brûler de gros pneus d’avion par exemple) au point de voir son sens critique atténué (n’est-ce pas Claire - elle était à côté de moi lors de la projection et je sentais son coeur de mère vaciller). En fait l’idée était bonne, mais aurait été beaucoup mieux exploitée dans un court-métrage, dans les quinze à vingt minutes : cela aurait évité de devoir diluer la sauce... et aurait été bien plus efficace.
Reste la question à mille euros ! Celle que l’on hésite à poser pour ne pas spoiler, un peu comme dans Bridget Jones’s Baby (Bridget Jones Baby) où l’on avait invité les journalistes à ne pas donner le nom du père du bébé. Ici, aucune contrainte pour répondre à cette question. Pas de réponse, car la question s’est perdue en cours de route, tout comme d’ailleurs les jeunes gens du début (la bande des cinq)... dans un ravin peut-être ? Donc un film oubliable même s’il ne faut pas oublier tout le plaisir que l’on prend à voir de tels films dans le cadre du BIFFF.