Genre : Drame
Durée : 109’
Acteurs : Maël Rouin Berrandou, Judith Chemla, Dali Benssalah, Sofian Khammes...
Synopsis :
Nour a 14 ans. Il vit dans un quartier populaire au bord de la mer. Il s’apprête à passer un été rythmé par les mésaventures de ses grands frères, la maladie de sa mère et des travaux d’intérêt général. Alors qu’il doit repeindre un couloir de son collège, il rencontre Sarah, une chanteuse lyrique qui anime un cours d’été. Une rencontre qui va lui ouvrir de nouveaux horizons...
La critique de Julien
Librement inspiré de la pièce de théâtre "Pourquoi mes Frères et Moi on est Parti" de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, autour de monologues dits par quatre frères (qu’il avait d’ailleurs monté et joué à l’âge de 17 ans), Yohan Manca réalise ici son premier film "Mes Frères et Moi", dans lequel il traite d’un récit en partie autobiographique, lui qui, comme ses personnages, est d’origine méditerranéenne par immigration, et vient de quartiers populaires. Aussi, il y met en scène la rencontre d’un jeune garçon de 14 ans avec l’art, alors que rien ne le prédestinait à cela, tout comme Yohan Manca à l’époque, avec le monde du cinéma, alors qu’il souhaitait, au départ, exercer un métier dans la vente, avant de rencontrer un professeur de français...
Dans ce drame, le jeune cinéaste et comédien qu’on a pu voir dans "La Vérité si je Mens ! Les Débuts" (2019) redirige une nouvelle fois Sofian Khammes et Judith Chemla après ses courts-métrages, tandis que la dernière interprète ici une professeur et chanteuse lyrique, qu’elle est également dans la vraie vie. Et comme son titre l’indique, "Mes Frères et Moi" nous parle d’une fratrie, certes solidaire, mais avec ses tempéraments opposés et ses violences, et principalement du petit dernier, Nour (Maël Rouin-Berrandou), le temps d’un été, alors que leur mère est en soins palliatifs dans l’appartement familial. Alors que chacun vit de petits boulots pas très honnêtes afin de pouvoir payer les traitements, Nour s’adonne à des travaux d’intérêt général dans son collègue, là où se donne un stage de chant, donné par Sarah (Chemla), elle qui va alors révéler une passion pour le chant en Nour, sur un air de la "Traviata"...
Loin de vouloir véhiculer une image négative fataliste des quartiers populaires, Yohan Manca filme ici une vibrante lettre d’amour ouverte à ces derniers, pour y avoir grandi et évolué, tout en y ayant trouvé "l’art qui sauve". Ici, pour Nour, il ne s’agit pourtant pas du cinéma, mais bien de l’opéra, que l’on pourrait croire comme l’art le plus élitiste desdits quartiers. Tout en prenant soin de ne jamais nommer le lieu de son histoire afin d’en soulever toute son universalité assimilable à n’importe quelle banlieue, "Mes Frères et Moi" se révèle être une parenthèse édulcorée d’un monde à part, filmé avec ce qu’il a ici de beau et fort à offrir, c’est-à-dire la solidarité d’une fratrie malgré les tensions, et l’espoir de la culture comme bouée de sauvetage. La tonalité est belle, et réchauffe le cœur, sous les couleurs ensoleillées de l’été, ce qui fait un bien fou au moral (surtout en plein hiver !), et qui touche, aussi, étant donné l’authenticité de la démarche de Yohan Manca, et l’interprétation de ses acteurs, au service de son sujet, sans en faire, ni en dire des tonnes. Tendre moment de cinéma qu’est donc ce petit film, même si les obstacles propres au contexte social ici vécu sont peu nombreux...