➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 13 septembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- première long métrage d’Olivier Ayache-Vidal, à qui l’on doit les courts "Welcome to China" (2012), "Coming-out" (2005) ou encore "Undercover" (2002) ;
- dans le but de donner de la crédibilité à son histoire, ce dernier s’est entouré de "visages neufs", outre celui de Denis Podalydès et de Léa Drucker.
Résumé : François Foucault, la quarantaine est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Une suite d’évènements le force à accepter une mutation d’un an dans un collège de banlieue classé REP +. Il redoute le pire. A juste titre.
Critique
"Entre les Murs", "Les Héritiers", "Les Enfants du Hasard"... Ces derniers temps, le cinéma francophone semble de plus en plus s’intéresser à la relation professeur/élève, dans une société où l’éducation se perd. À travers la caméra d’Olivier Ayache-Vidal, le spectre de cette fatalité ne prend pourtant pas ici un côté moralisateur, ni même trop pédagogique. À l’inverse, "Les Grands Esprits" s’ouvre sur l’avenir.
Il est question ici de François Foucault, un professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris, qui se voit alors muté en banlieue, dans un collègue, tout ça parce qu’il a (comme à son habitude) beaucoup trop fait aller sa langue, lui qui est limité dans ses opinions, voire écrasant. Il devra donc ainsi faire face à un public envers lequel il est, de prime abord, hermétique, et plus particulièrement entretenir une relation professeur/élève tumultueuse avec Seydou...
Il sera sujet ici d’une remise en question, certes lente, mais honnête, d’un professeur, qui se croyait alors incapable de quitter son piédestal pour s’essayer à, ce qu’on peut appeler, un autre métier. Si le scénario ne renouvelle rien dans le genre, "Les Grands Esprits" traite de sujets pertinents, tels que la question de savoir si les élèves ne veulent rien apprendre, ou si le problème ne viendrait pas du fait que l’on n’arrive tout simplement pas à les intéresser, ou encore la question d’être permissif envers ses élèves, ainsi que le regard d’autres collègues face aux techniques et savoirs prétendus d’un nouveau venu prétentieux dans l’équipe pédagogique.
S’il n’apporte pas véritablement de réponses à ses questions, le film présente une évolution mentale très intéressante d’un professeur au niveau de ses préjugés, et de la nécessite de laisser la chance à tout en chacun, et de croire en l’autre, malgré leur acharnement contre-productif.
Denis Podalydès est tout simplement formidable dans son rôle, et apporte toute la droiture, et aussi la drôlerie que suscite son personnage, aux attitudes et discours assez inadaptés face à son nouveau public, dans ses premières semaines d’enseignement. Le jeune Abdoulaye Diallo (Seydou) est aussi particulièrement authentique, lui qui a été choisi par le réalisateur, qui a lui-même passé deux ans immergé dans un collègue du Clos de Saint-Lazare pour préparer son film.
"Les Grands Esprits" côtoie ainsi l’humanité et la détresse, à juste titre, que l’on peut rencontrer en milieu scolaire de nos jours, sans en être démonstratif. C’est au final un film plus sentimental qu’affirmatif autour du milieu qu’il présente, à l’image la petite idylle présentée entre François et sa collègue (bien plus jeune), Chloé (Pauline Huruguen). Voilà un film qui s’inscrit donc parfaitement dans le feel-good movie sincère et divertissant, en milieu scolaire. - 14/20
Bande-annonce :