Signe(s) particulier(s) :
– remake au féminin du film de Frank Oz (1989), "Le Plus Escroc des Deux", emmené par Steve Martin et Michael Caine, lui qui était déjà le remake des "Séducteurs" (1964) de Ralph Levy, avec Marlon Brando ;
– alors que l’intrigue principale est censée se situer sur la Riviera (région côtière de la mer Méditerranée s’étendant de la côte d’Azur jusqu’au-delà de La Spezia en Italie), et plus précisément dans la ville fictive de Beaumont-sur-Mer (non loin sans rappeler Beaulieu-sur-Mer), le tournage a eu lieu sur l’île espagnole de Majorque.
Résumé : Deux escrocs, Joséphine Chesterfield, sophistiquée, et Penny Rust, une femme abrasive, se rencontrent sur la Côte d’Azur pour trouver des hommes riches à escroquer. Elles travaillent d’abord l’une contre l’autre sur le même terrain de chasse, jusqu’à ce que Penny demande à Josephine de la prendre sous son aile et de lui apprendre à se comporter comme elle le fait. Cela fonctionne au début, mais les deux femmes se font ensuite concurrence pour piéger un riche informaticien, Thomas Westerburg, et parient à qui sera la première à lui soutirer 500.000$, la perdante devant quitter Beaulieu-sur-Mer, et dès lors ne plus exercer sur la Côte...
La critique de Julien
Mis en scène par le Britannique Chris Addison, qui est à la base un comédien, notamment vu dans les séries "The Thick of It" (2005 à 2012), "Skins" (2010 à 2011) ou encore "Doctor Who" (2014), "Le Coup du Siècle" est le remake du remake du film "Séducteurs" (1964) de Ralph Levy, dans lequel Marlon Brando et David Niven interprétaient deux Casanova adversaires, illustrant de stratagèmes les plus fous pour amener des femmes dans leur lit, et leur soudoyer de l’argent. Place aujourd’hui à la version féminine, alors qu’Anne Hathaway et Rebel Wilson jouent des arnaqueuses.
Professionnelle fortunée, Joséphine Chesterfield ne voit pas alors d’un bon œil l’arrivée de Penny Rust, une robuste, mais amatrice, concurrente, qui pourrait ainsi lui faire de l’ombre sur son nouveau territoire estival. Pour se débarrasser de Penny, Joséphine décidera de lui enseigner les rudiments du métier avant de lui lancer un pari : la première qui arrivera à extorquer cinquante mille dollars à un richissime informaticien fraîchement arrivé sur la Côte pourra rester, tandis que le perdant devra la quitter !
À n’en pas douter, les producteurs du film attendaient un meilleur retour sur investissement domestique quant à cette comédie. Mais même si ses recettes américaines ne sont pas bien glorieuses (trente-cinq millions pour vingt de budget de production), le reste du monde devrait tout de même permettre au "Coup du Siècle" de toucher un joli profit (il en est presque à cent millions). Quant à nous, on attendait bien mieux de la rencontre entre ces deux actrices, située à des années-lumières à celle de Steve Martin et Michael Caine dans "Le Plus Escroc des Deux" (1989), film de Frank Oz duquel ce film s’inspire. Leur complicité n’est, en effet, pas assez forte et mordante, et ne permet pas de retrouver le rythme et le cabotinage des gags de leurs modèles.
Bien qu’on adore Anne Hathaway, tout comme retrouver son irrésistible doublage francophone par Caroline Victoria, on se demande bien ce que l’actrice oscarisée est venue faire dans cette galère, face aux grimaces incessantes de Rebel Wilson, co-productrice du film. Ainsi, les deux femmes se livrent ici un duel très folichon, alors qu’il aurait pourtant suffi à la plus riche des deux d’offrir une somme d’argent à l’autre, si elle voulait vraiment ne plus la voir sur son territoire... Cela leur aurait en tout cas évité des ennuis, tout comme d’entrer dans la peau de grotesques personnages (un médecin allemand pour l’une, et une aveugle pour l’autre), d’autant plus que leur proie commune, Thomas Westerburg, n’est pas aussi naïf qu’il en a l’air.
"Le Coup du Siècle" ne l’est certainement pas, et encore moins un film de casse. C’est une bêtise assez navrante, jamais marrante, pas crédible pour un sous, et parsemée de situations, certes décomplexées, mais embarrassantes et sens dessus dessous. Malgré nous, le parti-pris féministe n’apporte rien à ce film grandiloquent et mal écrit, noyé sous une tonne de fond de teint et de robes de luxe. Tout cela est donc bien dommage, tant on aurait espéré voir une relecture moderne, enlevée et maligne.