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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Gene Stupnitsky
Le Challenge (No Hard Feelings)
Sortie du film le 21 juin 2023
Article mis en ligne le 27 juin 2023

par Julien Brnl

Genre : Comédie dramatique

Durée : 88’

Acteurs : Jennifer Lawrence, Andrew Barth Feldman, Laura Benanti, Matthew Broderick, Natalie Morales, Ebon Moss-Bachrach...

Synopsis :
Sur le point de perdre sa maison d’enfance, Maddie trouve une offre d’emploi intrigante : des parents fortunés cherchent quelqu’un pour emmener Percy, leur fils introverti de 19 ans, dans une série de "dates" avant qu’il ne parte pour l’université. A sa surprise, Maddie découvre vite que l’étrange Percy est plus surprenant qu’elle ne l’imaginait.

La critique de Julien

Après la poussive comédie "Good Boys" dans laquelle trois jeunes voisins préados se retrouvaient embarqués dans une journée pas comme les autres, le cinéaste d’origine ukrainienne Gene Stupnitsky revient avec "Le Challenge / No Hard Feelings". Co-produite par Jennifer Lawrence, sa nouvelle comédie classée Rated-R aux États-Unis (interdits aux mineurs - 17 ans et moins - sauf accompagnés d’un adulte) la met justement en scène, elle qui s’était faite plus discrète ces dernières années, bien qu’on ait pu la voir dans "Don’t Look Up : Déni Cosmique" (2021) d’Adam McKay sur Netflix, ainsi que dans le drame Apple TV+ "Causeaway" (2022) de Lila Neugebauer. Lawrence y interprète ici Maddie, une jeune trentenaire travaillant comme chauffeur Uber et barman dans le hameau de Montauk, situé dans le Comté de Suffolk, dans l’État de New York, elle qui fait face à des problèmes d’argent, alors qu’elle essaie de payer les taxes foncières sur une maison familiale qu’elle a héritée de sa mère. Sauf que sa voiture lui sera saisie, n’ayant dès lors plus de moyens de locomotion pour se rendre au travail. Alors que ses histoires d’amour finissent mal, et qu’elle semble avoir du mal à s’engager dans une relation durable, la demoiselle acceptera de répondre à l’annonce de richissimes parents, afin d’aider leur fils Percy (Andrew Barth Feldman) à "s’épanouir", à se décoincer. En effet, ces derniers cherchent une fille "dévergondée" afin de le sortir de sa coquille avant qu’il ne parte à l’Université de Princeton, lui qui est devenu introverti après avoir été victime d’intimidations à l’école (en raison de son éducation protégée), tout en étant socialement maladroit, et sans amis. En échange d’une voiture (une Buick Regal), Maddie n’ira pas de main morte avec Percy, et sortira le grand jeu, prenant cela comme un challenge. Sauf qu’elle découvrira là un garçon très différent, et bien plus surprenant que ce qu’elle avait imaginé, bien qu’il n’ait aucune expérience avec les filles, l’alcool, les fêtes, ou le sexe, mais bien plus avec les jeux online et le bénévolat dans un refuge pour animaux...

Sous ses airs de comédie estivale américaine potache, "Le Challenge" braque rapidement le volant une fois les présentations faites et ses quelques situations cocasses passées. En effet, le film de Gene Stupnitsky s’intéresse bien plus ici à ses deux personnages principaux qu’au reste, développant ainsi la personnalité de Maddie et de Percy, lesquels ont bien plus de points communs qu’ils ne le pensent. Car chacun a en lui un mal qui le ronge, qui le pousse à agir de la sorte. Pourtant, ces deux-là vont s’aider mutuellement, et s’affranchir de leurs démons intérieurs. On est donc bien plus ici dans le registre de la comédie "bromantique" et sentimentale que dans une pure comédie sexuelle, malgré quelques scènes de nudité ou à caractère sexuel, ainsi que des propos et allusions aux attributs sexuels (masculins), alors que certains passages s’avèrent bien plus embarrassants que pertinents.

Dans l’ensemble, il s’agit là d’une comédie plus profonde qu’elle n’y paraît, alors qu’elle nous parle d’immaturité à n’importe quel âge, du fossé générationnel qui se creuse déjà entre la trentaine et la vingtaine, mais également de confiance en soi et du repli sur soi-même suite au mal occasionné par autrui, ainsi des conséquences d’enfants illégitimes reniés, ou bien surprotégés par les leurs. Mais en laissant justement la comédie au placard au fur et à mesure du développement de son intrigue, "Le Challenge" perd en efficacité, en mordant, reprenant dès lors la route d’une histoire plus sage et convenue, elle qui s’éteint toute seule, sans ne plus faire de vagues. Quant à Jennifer Lawrence, jouant de sa plastique de rêve, l’actrice, qui en fait ici souvent de trop, finit par toucher, au même titre que le jeune acteur et chanteur Andrew Barth Feldman, reprenant d’ailleurs ici au piano voix le titre "Maneater" (1982) de Daryl Hall et John Oates, prouvant ainsi son incroyable talent d’interprète.

Enfin, on ne pouvait terminer en parlant de la controverse née autour du film, accusé aux États-Unis de promouvoir le "child grooming", qui est une démarche consistant à établir un lien émotionnel avec un enfant n’ayant pas atteint l’âge du consentement (et parfois avec la famille de l’enfant) afin de réduire ses inhibitions, dans le but d’en abuser sexuellement. Imaginez ainsi une seule seconde la situation inverse que celle présentée dans le film, qui verrait ainsi un homme de l’âge du personnage de Jennifer Lawrence être payé pour contraindre - par manipulation sentimentale - une femme de l’âge d’Andrew Barth Feldman à avoir des relations sexuelles avec... Cela ne se ferait évidemment pas ! Pourtant, sous prétexte que celle vienne d’une femme, par le prisme de la drôlerie et de l’excentricité, cela passe. Or, qu’on se le dise, "Le Challenge" ne défend jamais cette idée, ne tolérant ainsi la démarche des parents dudit garçon, ni même celle qu’épouse le personnage de Jennifer Lawrence. Si son scénario n’est - certes - pas très malin, mais grinçant, cette histoire prône le désir d’aimer, de pardonner, de connexion humaine...



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