Genre : Horreur
Durée : 93’
Acteurs : Virginia Madsen, Colin Salmon, Jacqueline Byers, Ben Cross, Christian Navarro...
Synopsis :
Selon les archives du Vatican, les cas de possession démoniaque ont considérablement augmenté ces dernières années. Pour y faire face, l’Église catholique a secrètement rouvert les écoles d’exorcisme. Sur ce champ de bataille spirituel, Sœur Ann, une jeune nonne, se distingue comme une combattante prometteuse. Bien qu’il soit interdit aux religieuses de pratiquer des exorcismes, un professeur détecte chez elle ce don particulier et accepte de l’initier. Mais son âme est en danger car les forces maléfiques qu’elle combat sont mystérieusement liées à son passé traumatique : le diable l’a choisie et il veut entrer...
La critique de Julien
Il paraît que notre époque connaît une augmentation exponentielle de cas de possessions démoniaques... D’où l’ouverture, depuis 2018, par l’Église catholique, d’écoles d’exorcisme hors de Rome, afin de former des prêtres au rite d’exorcisme... C’est en tout cas ce que nous apprend dans son générique d’ouverture le film d’horreur "La Proie du Diable", réalisé par le metteur en scène allemand Daniel Stamm, à qui l’on doit, dans le même style, "Le Dernier Exorcisme", sorti en 2010.
La proie dont nous parle ici ce film n’est autre qu’une sœur, Ann (Jacqueline Byers), 25 ans, laquelle officie et étudie au sein de l’école d’exorcisme Saint Michel d’Archange à Boston. Mais bien qu’il soit interdit aux religieuses d’effectuer des exorcismes, le père Quinn (Colin Salmon) verra en elle le don d’empathie avec les victimes possédées de démons, passant d’abord par le dialogue, sans trop s’éloigner de "la parole de Dieu" (et donc de la Bible). Et si, finalement, la majorité des victimes de possession souffraient avant tout de culpabilité, laissant dès lors entrer en elles le Diable, en s’abandonnant entièrement aux abîmes ? C’est d’ailleurs pour cela que ladite école effectue des tests psychiatriques sur ses patients avant de conclure à la possession démoniaque. Mais très vite, la sœur se retrouvera confrontée à son premier combat avec le Malin, lequel a pris possession d’une jeune fille, Natalie (Posy Taylor), qui, selon Ann, est possédée par le même démon qui a tourmenté mentalement sa mère, il y a des années. La religieuse sera alors témoin d’événements effrayants, tels que des visions et des souvenirs troublants, le Diable se servant de ses faiblesses pour l’éloigner de la lumière, et entrer à son tour en elle...
Difficile de ne pas s’ennuyer devant un film aussi peu possédé par son sujet. "La Proie du Diable" coche ainsi toutes les cases clichées du film de possession démoniaque, avec ces chuchotements, cette "voix dans la tête" qui pousse à agir endéans la volonté de l’individu, ces corps qui se tordent, ou encore ces séances d’exorcisme où la victime scande des abominations avec une voix aiguë d’outre-tombe, et au cours desquelles les membres de l’Église récitent des paroles bibliques, parfois en bon vieux latin... Or, cette vision totalement datée et fausse du rituel d’exorcisme ne fait plus effet, si ce n’est de faire rire.
L’autre gros problème avec le film de Daniel Stamm, c’est qu’il n’offre aucune perspective à sa mise en scène, laquelle s’avère grossière et sans aucune montée en puissance, donnant tout, tout suite, et tout le temps. En effet, le cinéaste ne tempère jamais la menace, laquelle est présente dès le départ, n’offrant dès lors aucune tension à son film, jouant en plus de jump-scares et d’effets spéciaux numériques aussi vieux que le monde. Les démons frappent dès lors rapidement ici à la porte, pour ne plus lâcher le joli petit minois de la sœur Ann, qui, outre que de se battre (doublement) contre son passé, doit ici affirmer la place de la femme au sein de l’Église et dans la pratique d’exorcisme, réservée aux prêtes. Le scénario surferait-il donc opportunément sur la vague féministe ? En tout cas, celui-ci ne mène nul part, bien qu’il tente de nous parler sans doute plus ici des démons du passé que d’exorcisme, tandis qu’il tente vainement de jouer la carte du twist par rapport au passé de sœur Ann et ses responsabilités non tenues. Malheureusement, la chute, fumeuse, est prévisible à des kilomètres à la ronde...
Pourtant, au sein d’un élan de courage inattendu, "La Proie du Diable" tente de pointer du doigt le Vatican et ses méthodes, notamment vis-à-vis des victimes de possession "en phase terminale", lesquelles seraient envoyées auprès de l’Evêque de Rome, elles qui ressortiraient rarement vivantes de là. Mais le film de Stramm, qui avance - trop confiant - des théories fondées (ou non), se doit d’être pris avec les pincettes, même s’il se veut "documenté", étant donné le travail orchestré en amont par le scénariste catholique pratiquant Robert Zappia, alors qu’il emprunte des terrains très conventionnels dans ce sous-genre du cinéma d’horreur qu’est le film d’exorcisme, initiée par le cinéma de William Friedkin.