Genre : Comédie
Durée : 92’
Acteurs : Brune Moulin, Philippe Katerine, Pierre Richard, Loup Pinard, Firmine Richard, Guy Marchand, Olivier Saladin, Olivier Barthelemy, Alice Belaïdi...
Synopsis :
Marie-Luce Bison, 14 ans, est élevée par son père dans une joyeuse pension de famille pour seniors dont il est le directeur. C’est bientôt la soirée déguisée de son nouveau collège : son père ne veut pas qu’elle y aille... et de toute façon, elle n’est pas invitée. Mais poussée par Albert, son meilleur ami de 80 ans, Marie-Luce, s’y incruste, habillée en homme. Ce soir-là, tout le monde la prend pour un garçon... un garçon que l’on regarde et qui plait. Elle décide alors de s’inventer un double masculin prénommé Léo pour vivre enfin sa vie d’ado. Bien entendu, à la maison, la relation avec son père se complique.
La critique de Julien
Après avoir notamment co-scénarisé "La Famille Bélier" (2014) d’Éric Lartigau, Victoria Bedos (qui n’est autre que la fille de Guy Bedos, et donc la sœur de Nicolas Bedos), s’est lancée sur le terrain de sa première réalisation, intitulée "La Plus Belle Pour Aller Danser", laquelle devait initialement être - sous l’impulsion de sa productrice - l’adaptation d’un roman, sans cependant y parvenir. C’est ainsi qu’elle a imaginé une histoire originale (aidée par le scénariste Louis Pénicaut) autour d’une demoiselle mal dans sa peau, et qui plus est transparente, voire harcelée, mais pour qui tout va devenir plus facile lorsqu’elle va se transformer en garçon. À moins que son secret n’en révèle d’autres, et qu’elle se retrouve ainsi prise au piège de son propre secret...
Cette petite fille, intello sur les bords, et mordue de lecture, c’est Marie-Luce (Brune Moulin, pour son premier rôle au cinéma), elle qui vit avec son papa (Philippe Katerine) dans la pension "Les Hortensias" pour personnes âgées qu’il dirige, lequel s’est noyé dans son métier (qui le passionne et l’accapare) pour fuir la réalité, lequel est veuf, et ne parvient pas encore à tourner la page, tout en n’entretenant pas une relation seine avec sa fille, la surprotégeant, tout en ne lui parlant jamais de sa maman. Heureusement, celle-ci trouve du réconfort auprès des résidents, dont auprès du fantasque Albert (Pierre Richard). C’est d’ailleurs lui qui donnera l’idée à Marie-Luce de se travestir en garçon afin d’approcher "le nouveau", Émile (Loup Pinard), pour qui elle a le béguin. Or, le plan fonctionnera tellement bien qu’elle renouvellera l’expérience, d’autant plus que les élèves de sa classe "le" trouveront cool, et sexy... Appelez-la désormais Léo !
Marivaudage moderne, "La Plus Belle Pour Aller Danser" raconte l’histoire d’une adolescence en quête d’identité (non pas ici de genre) et d’amour, laquelle, pour exister aux yeux des autres, va en venir à mentir, notamment par amour. Mais peut-on seulement mentir par amour ? Avec cette histoire, Victoria Bedos met en scène une comédie qui se veut inclusive, alors que le personnage de la touchante et solaire Brune Moulin se retrouvera dans une situation très délicate, et imprévue. Cependant, on doute que le film parle au bon public, d’autant plus que certains dialogues et répliques (quand elles ne sont pas niaises) sont osées [1]. Mais le film parle tout de même de thèmes universels, tels que de la notion d’appartenance, mais aussi du deuil (maternel dans ce cas) et le non-dialogue qui peut en découler, entre père et fille, sans pour autant nous épargner la scène stéréotypée du caméscope, où l’on peut y découvrir ainsi les derniers - et tristes - instants vécus en famille, avant que tout ne bascule. Philippe Katerine y joue d’ailleurs formidablement bon, et à contre-emploi.
Rythmé par le titre de Sylvie Vartan, le film de Victoria Bedos nous questionne tout de même par la maladresse de sa démarche. En effet, quel adulte (responsable ou non) motiverait un enfant à se faire passer pour quelqu’un qu’il n’est pas, et cela afin de plaire ? Car dans la vie réelle, toute cette mascarade ne peut - évidemment - pas connaître une fin heureuse. Pourtant, dans "La Plus Belle Pour Aller Danser", si. L’écriture est dès lors bien trop édulcorée pour sonner juste, tout comme elle manque de finesse, et ne parvient pas à convaincre sur la longueur, malgré ses bonnes intentions...