Genre : Horreur
Durée : 121’
Acteurs : Leslie Odom Jr., Ellen Burstyn, Ann Dowd, Raphael Sbarge...
Synopsis :
Victor Fielding a perdu sa femme encore enceinte lors d’un tremblement de terre en Haiti 12 ans plus tôt. Depuis, il élève seul leur fille Angela qui a vu le jour malgré cette terrible catastrophe. Mais quand Angela et son amie Katherine disparaissent dans les bois pour n’en revenir que trois jours plus tard totalement amnésiques, une série d’évènements plus atroces les uns que les autres va confronter Victor à la quintessence du mal. Totalement désemparé il va essayer de retrouver la seule personne encore en vie qui ait assisté à ce genre d’atrocités : Chris MacNeil.
La critique de Julien
Après avoir bouclé la nouvelle trilogie "Halloween", faisant suite au classique film de John Carpenter datant de 1978, et cela avec le mou du genou "Halloween" (2018), le bourrin "Halloween Kills" (2021) et le plutôt surprenant "Halloween Ends" (2022), David Gordon Green, dans un excès de confiance, s’est attaqué au classique de William Friedkin inspiré par le roman éponyme (1971) de William Peter Blatty, à savoir "L’Exorciste", fêtant cette année-ci ses cinquante ans de sortie. Or, tout comme pour ses films mettant en vedette Michael Myers et Laurie Strode (jouée par Jamie Lee Curtis), "L’Exorciste : Dévotion" tire... une croix sur les films ayant succédé audit film d’épouvante [1], déroulant dès lors son intrigue bien des années après les événements survenus à Chris MacNeil (Ellen Burstyn), et à sa fille, Regan (Linda Blair).
En partenariat avec Blumhouse et Morgan Creek, Universal Pictures et son service de streaming Peacock ont donc racheté les droits sur "L’Exorciste" à hauteur de 400 millions de dollars, afin de lancer une nouvelle franchise, dont le premier épisode débarque dans nos salles, après une première bande-annonce qui annonçait déjà la couleur. Quant au retour de l’actrice Ellen Burstyn (90 ans tout de même) dans son rôle, cela n’était pas une surprise, étant donné que celui-ci avait été annoncé lors de l’annonce du projet. Or, on est à même de se demander comment les studios ont pu donner leur aval pour un scénario pareil, coécrit par David Gordon Green lui-même et Peter Sattler. De quoi faire se retourner dans sa tombe le regretté William Friedkin, décédé (fort heureusement pour lui) en août dernier, avant d’avoir pu voir cette suite, sur laquelle il n’était aucunement impliqué. Car "L’Exorciste : Dévotion" est bien un blasphème envers son œuvre, et son héritage...
Tel que nous le montrent les premières images du film, deux demoiselles, Angela et Katherine (respectivement Lidya Jewett et Olivia O’Neill), vont se retrouver en proie avec le Diable après avoir effectué un rituel dans les bois afin de tenter de contacter la mère de la première, décédée treize ans plus tôt à Haïti, à la suite d’un tremblement de terre, à la naissance de sa fille. Bien que retrouvées trois jours après avoir disparu, mais plus de cinquante kilomètres de là où elles n’avaient plus donné signe de vie, les deux adolescentes semblent, en effet, avoir ramené quelque chose avec elles, à la maison. Victor, le père photographe d’Angela (Leslie Odom Jr.) - qui a pourtant perdu la foi depuis la disparition de son épouse - et les parents baptistes de Katherine comprendront alors rapidement que quelque chose ne tourne pas rond avec leurs filles, face à leurs comportements (convulsions, agressivité, grossièreté, etc.) et à certaines révélations, quitte à ce que la mère de Katherine (Jennifer Nettles) théorise sur l’hypothèse que les filles aient voyagé en enfer, d’où leurs brûlures aux pieds. Après avoir mis la main sur le livre écrit par Chris MacNeil, Victor fera dès lors appel à ses services, laquelle a ainsi passé sa vie à faire des recherches sur les exorcismes, et cela dans toutes les cultures, tout en devenant mondialement connue pour ses études, alors que sa fille, Regan, s’est éloignée d’elle...
Difficile de ne pas rester insensible face au pétard mouillé que représente cet "Exorciste : Dévotion", tant celui-ci fait tout de même suite à l’un des films les plus terrifiants de l’histoire du cinéma. Or, qu’on se le dise, le film de David Gordon Green fait pâle figure quant à son aîné, ne lui arrivant même pas à la cheville, lequel n’a, semble-t-il, jamais été possédé par le sujet. Grotesque et inconséquente, cette suite, malgré quelques visions horrifiques et une photographie d’ambiance plutôt réussie, ne parvient jamais à faire peur, ni à faire preuve d’un semblant d’originalité, d’une seule scène vouée à devenir culte, en plus d’être toujours fourrée dans les jupes de son modèle, sans jamais ainsi froisser ni brusquer les choses, et encore moins la religion. Or, à son époque "L’Exorciste" avait sacrément retourné l’Église catholique, avec notamment avec la scène de crucifix. Pire, cette histoire tire en longueur et finit même par nous fatiguer lors de sa scène d’exorcisme finale de pacotille, censée pourtant être son climax, alors entourée de personnages sans aucune profondeur, ni peur aussi viscérale que celle ressentie par les personnages de Max von Sydow et de Jason Miller, face au Mal, dans une certaine chambre glaciale...
En pilotage automatique, l’histoire joue quant à elle la surenchère et les jump-scares faciles après n’avoir pourtant pas eu le cran de mettre en scène les événements survenus aux trois fillettes pendant les trois jours où elles avaient disparu, ce qui est plutôt rageant, et manque finalement de contextualisation, d’explications (qu’elles soient surnaturelles ou non). Que dire également du segment narratif accordé au personnage d’Ellen Burstyn, laquelle avait pourtant refusé, à l’époque, de jouer dans toutes les suites ? En plus d’avoir raté son entrée en scène, force est de constater que David Gordon Green et son coscénariste se moquent ouvertement de son devenir, en témoigne ce qu’il advient ici à Chris MacNeil. Car en plus de ne servir à rien, sinon à la jeter imprudemment au feu, l’actrice, ayant accepté de revenir ici pour financer "un programme de bourses pour les étudiants talentueux de notre programme de maîtrise à l’Université Pace" (d’après une interview attribuée à "The Hollywood Reporter"), n’a malheureusement rien à y faire, si ce n’est peut-être amorcer à l’aveuglette la suite, "The Exorcist : Deceiver", déjà programmée au 16 avril 2025. Pourtant, vu l’échec critique et la déception commerciale que représente déjà "L’Exorciste : Dévotion", et donc le manque (très) potentiel de rentabilité de l’affaire, on doute qu’elle continue dans sa forme pensée initialement, tandis que Gordon Green a, lui, récemment exprimé des doutes quant à sa participation. Grand bien lui fasse. Tout cela prouve en tout cas que cette nouvelle franchise n’est que superficialité, et que le seul Diable ici n’est que l’appât du gain. Bref, une mauvaise copie qui risque de brûler en enfer...