Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.
Synopsis : Salento, sud de l’Italie. Une petite usine textile familiale est contrainte à la fermeture et trois générations de femmes doivent lutter pour subsister. Elles n’ont d’autre choix que de vendre leur maison pour rembourser leurs dettes. A présent que son frère a émigré, c’est à l’énergique Adele qu’il incombe de sortir la famille de la crise. Tandis que sa sœur n’aspire qu’à devenir actrice et que sa fille, conservatrice, n’a pas conscience de la réalité de la situation, sa grand-mère apparaît comme la seule personne qui semble faire face à ces coups du sort avec un sang-froid attachant. Cependant, quand ces femmes déménagent à la campagne, leur vie semble trouver son rythme lorsqu’elles se mettent à cultiver la terre et à vendre ou à échanger leurs produits. Ce nouveau mode de vie auto-suffisant n’est pas seulement moins stressant pour elles, il leur apporte également une nouvelle force (ci-contre, l’affiche pour le festival de Berlin).
Acteurs : Celeste Casciaro, Laura Licchetta, Gustavo Caputo, Anna Boccadamo, Barbara De Matteis.
Un film engagé, quasi militant, sur fond de crise économique en Italie. Lorsque les hommes sont défaillants parce qu’ils doivent partir faute de travail où ils habitent ou parce qu’ils se sont laissé entraîner, plus ou moins involontairement, dans des plans illégaux, les femmes prennent la relève. Trois générations sont représentées : grand-mère, mère et filles. Ce sont elles, avec leurs qualités, leurs défauts qui vont prendre les choses en mains. La société devaient matriarcale (mais n’est-ce pas le fait de la société italienne, au grand dam du machisme des hommes ?). Retourner à la terre, est-ce possible ? N’est-ce pas utopique ? Et s’il le faut parce qu’il n’y a pas d’autre solution ? Et vendre la terre pour en retirer beaucoup d’argent, ne serait-ce pas la solution plutôt que de vivoter des produits de la nature ? Et s’agissant de la nature, quand celle-ci parle au point d’échauffer les corps, en particulier celui d’une fille qui rêve d’amour et se fait prendre au piège d’une jeune qui ne veut que du sexe ? Et un bébé là, qu’est-ce qu’on en fait ? Et si c’était la sagesse de la grand-mère qui sauvait le tout, avec l’amour en prime ?
Le film, dans une veine « néoréaliste » est parfois trop lent, probablement trop long, mais c’est le prix à payer pour être dans un temps hors du temps, hors de la ville et des évidences. N’empêche, nous avons ici un excellent film que l’on ne peut que recommander malgré ses faiblesses.
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(Source). Dans son nouveau film In grazia di Dio, présenté dans la section Panorama du 64e Festival du film de Berlin, le réalisateur originaire des Pouilles Edoardo Winspeare (Il Miracolo, Galantuomini) explore les thèmes du retour aux sources et de la possibilité de vivre heureux dans une crise économique et morale apparemment sans fin.
Le film a pour toile de fond un petit village de la région du Salento, où le temps semble s’être arrêté quelque part dans les années 80, et où l’unique trace de modernité parmi les processions traditionnelles, les événements religieux, les voitures et les scooters anciens est la référence à la difficile conjoncture économique italienne.
Adele (Celeste Casciaro, épouse du réalisateur), est une femme dure et peu souriante qui gère une petite manufacture avec son frère et sa sœur, Maria Concetta (Barbara De Matteis), unique diplômée de la famille et passionnée de théâtre. Les choses vont mal : Adele a contracté des dettes élevées auprès d’une société financière et a perdu une commande importante d’un producteur du nord.
Cette insolvabilité déchire la famille : l’ex-mari d’Adele, un homme bon mais qui s’attire toujours des ennuis, se retrouve en prison tandis que le frère est contraint de s’en aller en Suisse et que la maison de famille est vendue pour trois fois rien à un spéculateur.
Adele, sa mère Salvatrice (Anna Boccadamo), sa fille Ina (Laura Licchetta) et Maria Concetta, n’ont d’autre choix que de déménager dans une vieille maison de campagne pour cultiver la terre, choisissant ainsi l’option de l’économie de subsistance qui sera pour elles un succès.
Le thème est en soi très insidieux et, associé aux paysages splendides d’étendues d’oliviers gorgées de soleil, de la mer bleue et des petits villages aux maisons blanches, il est dangereusement en équilibre sur le fil d’une image bien-pensante du sud de l’Italie vu comme une carte postale en déclin, un sud ‘pauvre mais beau’.
Winspeare tente de ne pas tomber dans le piège en construisant l’histoire – pas toujours plausible mais certainement imprévisible – de ces quatre femmes de trois générations différentes, jamais d’accord entre elles mais toujours unies, dans un contexte souvent désagréable. Et si les sous-entendus sur l’importance du retour à la terre et de l’anti-croissance heureuse sont moins originaux, if faut reconnaître que le réalisateur a su donner une singulière humanité à ses personnages difficiles.
In grazia di Dio, est, d’autre part, un film écologique et durable, comme l’a défini le réalisateur : tourné dans le Salento avec des acteurs amateurs et un petit budget complété par l’échange de produits alimentaires offerts par des sponsors et des particuliers.