Synopsis : Les dernières semaines du professeur Edward Higginbottom à la tête du choeur qu’il a dirigé pendant trente-huit ans, le célèbre New College Choir Oxford. “Higgi” nous dévoile sa pédagogie et son art à un moment émouvant de sa vie. Dans le décor étonnant du prestigieux collège, le film décrit les bienfaits d’un enseignement musical de qualité et d’une sensibilisation à la beauté, prodigués à de jeunes choristes par un pédagogue d’exception, dont la méthode a fait école un peu partout dans le monde.
Mise à jour : podcast de l’interview de l’un des réalisateurs, Philippe Reypens, diffusée le samedi 29 septembre sur RCF Bruxelles (pour ceux qui veulent arriver directement au vif du sujet, c’est à partir d’une minute trente environ !)
Mise à jour 2 : podcast d’un extrait de l’émission Cinécure diffusée le mercredi 03 octobre sur RCF Bruxelles :
La critique du mercredi 12 septembre...
Commençons par un coup de gueule et même deux ! La projection presse avait été annoncée suffisamment à temps pour ce mercredi. C’est moins de 48 heures avant, ce lundi peu après 17h00 que s’annonce une autre vision presse dans le centre de Bruxelles. C’est à 12h00, Un film qui dure quasiment 2h00. Impossible de se rendre à Flagey pour être dans les temps. Coup de gueule donc parce que ce n’est pas la première fois. A qui la faute ? En tout cas ici, la conséquence sera que les journalistes présents n’arrivent même pas à être comptés sur les doigts d’une seule main. Certes, l’on pouvait choisir, ce que nous avons fait. Mais dans la balance, pour la plupart des médias, le documentaire passe au second plan. Nous en parlons dans nos associations de critiques, mais il semble que le chemin soit encore long !
Un deuxième coup de gueule. Le film de Loïc Porcher et Philippe Reypens est beau [et "classique" (nous y reviendrons)]. Pour les yeux et pour les oreilles ! Alors pour une vision presse l’on est certain que l’on aura une qualité d’écoute et de vision par rapport à certaines projections grand public sur fond sonore de pop corn (entres autres). Et le son étant d’importance pour ce film, il y a de quoi râler sérieusement quand deux personnes derrière vous (on ne dénoncera pas, mais l’on suppose qu’à défaut d’être de la presse elles sont intéressées par le film !) se parlent (du film) durant celui-ci qui doit être écouté religieusement. Ne s’agit-il pas de la voix des anges ? Ajoutons deux dames à notre gauche (heureusement moins bavardes !) et à leur gauche un monsieur qui sortait régulièrement son GSM, la coupe était pleine. Voilà, c’est dit, ou plutôt c’est écrit !
Si nous en faisons part, c’est que, comme nous le laissions entrevoir plus haut, le film doit être vu et entendu. Il est très classique dans sa forme. Pas d’effets pour se démarquer d’autres films du même genre. Place est faite à un homme, à la musique, au chant, aux jeunes qui chantent. Ce film, quoiqu’on puisse en penser n’est pas un hommage à Edward Higginbottom, Higgi de son surnom ! Certes c’est bien de lui dont il est question, de sa carrière (38 ans) mise au service du chant et de la musique, du New College Choir Oxford. Mais plus qu’un hommage à l’homme qui s’efface pour laisser place à un successeur, c’est l’hommage de l’homme aux "voix" et à ceux qui les émettent. Higgi laisse place aux voix pour qu’elles s’expriment. Oserait-on : et la chair se fait verbe !
Higgi écoute, discerne, façonne tout en laissant à chacun (et non à chacune, nous y reviendrons !) un espace de liberté pour que la singularité de sa voix se fasse entendre. Nous entendons quelque chose de divin et d’éphémère. C’est que ces jeunes, encore enfants, sont aux frontières de l’adolescence et d’un drame, d’une rupture radicale : la mue. Si au XVIIIe celle-ci arrivait vers 17/18 ans, elle se situe maintenant vers 13 ans. Alors que jadis l’on avait le temps de déployer une voix, aujourd’hui le temps vient à manquer. Et si l’on décèle une excellence en germe, il faut très vite la façonner, l’exercer (tout en apprenant à jouer de deux instruments).
Voix de garçons donc puisqu’il n’y a pas de filles dans le New College Choir Oxford. Cela peut choquer dans un temps où, justement, l’on voudrait faire droit à la mixité. Mais la tradition est là et surtout, comme le laisse entendre (au sens figuré, mais également au sens propre) Higgi, la voix de garçon à beaucoup moins de chance de (pouvoir) s’exprimer dans le monde contemporain. Il est naturel (ou il semble plus naturel) qu’une fille chante. Et ces garçons chantent donc divinement (chacun avec sa voix spécifique à qui sait entendre et surtout écouter... si on ne parasite pas son oreille !) et tous savent que c’est éphémère. Qu’un jour cela prendra fin !
Enfin, justement, ces voix perdues (à jamais) vont cependant se retrouver (au sens géographique et non pas comme un objet perdu jadis sur lequel on remet la main) pour un concert d’adieu de (à/pour) Edward Higginbottom.
Les réalisateurs sont des "porte-voix". De celle, d’abord, d’un narrateur à l’anglais (old school à donner des frissons ; nous sommes loin de l’anglais américain ou international), d’Edward Higginbottom, ensuite, enfin et surtout, de ces jeunes enfants qui sont probablement "comme les autres", mais passent beaucoup plus de temps à chanter (notamment dans les liturgies qui sont de véritables lieux d’apprentissage) que derrière un écran, même s’il leur arrive de jouer bien sûr.
Merci aux réalisateurs de nous enchanter avec cet hommage à Higgi et aux multiples voix qu’il a vu naître et s’éteindre !
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