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Jeppe Rønde (2015)
Bridgend
Sortie au BRFF le 8 juin à 19h00 (Flagey 5)
Article mis en ligne le 9 juin 2015

par Charles De Clercq

Présentation : Bridgend, présenté en avant-première mondiale au dernier Festival du Film de Rotterdam, a marqué les festivaliers. Dès les premières images, qui suivent des rails de chemin de fer, on est happé par une force irrésistible. On se retrouve très vite face à une scène tragique : un jeune est pendu à un arbre. Un suicide comme il y en aura 79 chez des adolescents du Pays de Galles, en quelques années à peine.

Les jeunes acteurs, au teint diaphane, endossent leur rôle de façon remarquable, dont Hannah Murray, découverte dans la série Game of Thrones (Gilly). De ce fait divers, Jeppe Rønde, qui s’appuie sur son expérience de documentariste, nous embarque dans une sorte de tragédie celtique lorgnant vers le thriller. Une atmosphère proche de l’asphyxie, des images magnifiques et une histoire bouleversante. Un premier film magistral où tous les détails ont leur importance.

Acteurs : Hannah Murray, Steven Waddington, Josh O’Connor.

Bridgent est une petite ville du Pays de Galles (moins de 40.000 habitants) faisant partie du County Borough homonyme, située au bord de deux rivières (Ogmore et Ewenny). Entre 2009 et 2012, 79 adolescents et jeunes adultes se sont suicidés, par pendaison (sauf un). Depuis 2012 il a été demandé aux médias de ne plus publier sur ces suicides pour éviter la contagion. A ce jour aucune explication ou même hypothèse crédible n’a pu être donnée. Ce drame a fait l’objet d’un documentaire intitulé Bridgend, réalisé en 2013 par John Michael Williams.

Cette année, c’est par le biais d’une fiction homonyme que Jeppe Rønde, documentariste, revient sur cette affaire. Dès le début de son premier long métrage, le ton est donné. Après un passage sur une voie de chemin de fer, apparemment désaffectée, au détour d’un chemin dans un bois, un chien s’arrête au pied d’un cadavre et gémit. On apprend ensuite que c’est le père qui promenait le chien qui a découvert le corps de son fils. C’est le 23e d’une longue série de pendaisons. Il s’agit d’adolescents qui se sont pendus sur un trajet emprunté par leur proche.

Arrivent à Bridgend, Sara, son cheval et son père. Eux qui viennent de l’extérieur, vont-ils s’intégrer dans cette petite ville ? C’est qu’il semble bien que les jeunes soient souvent entre eux, qu’il y a un goût du secret, une sorte de confrérie et des rituels. Cela paraît lié aux suicides. Mais de tout cela, on ne parle pas et en tout cas, pas avec Sara dont le père est policier et enquête sur ces suicides. Peu à peu, elle va se lier avec eux, participer, parfois de façon extérieure à ces rituels, notamment des baignades, nus, et des cris vers le ciel et ceux qui sont partis. Est-ce qu’on les regrette ? Veut-on les rejoindre ? Et Sara là-dedans ? En tension avec son père ne trouvera-t-elle pas un univers à sa mesure avec ces jeunes qui semblent vivre dans un univers secret alors que les suicides continuent ?

Le réalisateur ne s’attache pas à l’aspect policier, mais à l’univers relationnel. Le policier craint pour sa fille et voudra un moment quitter la ville. Mais il semble bien que l’on ne quitte pas Bridgend, qu’une force s’y oppose et que celui qui veut partir finisse par se pendre (ou être pendu ?). Et Sara qui sera violée par un des jeunes, étranglée par un deuxième et tombera amoureuse d’un troisième, fils du pasteur, rêve de partir avec son amoureux à Bristol. Mais on vous le dit, personne ne peut pas quitter Bridgend... sauf peut-être un cheval que l’on ne veut pas voir enfermé !

Le pire arrivera. Ce sera Sara qui fera les frais de l’histoire, sous les yeux de son père. Une rédemption ? Et si tout était dit dans un poème sur la mort, lu dans une classe ? Et si les vivants pouvaient rencontrer les morts, se retrouver ? Et si une eau sale et boueuse devenait un bain purificateur pour tous ces jeunes face à une forêt en flammes tout aussi purificatrices. Et si les réponses ne nous étaient pas données ?

De fait, aucune réponse, à part quelques bribes qui tourneraient autour d’un mal-être de jeunes qui rejettent les adultes qui n’ont aucune perspective d’avenir à leur offrir. Le mérite revient au réalisateur de ne fournir aucune explication. Il nous laisse avec nos questions, nos doutes et nos interpellations. Nous restons là que les familles de Bridgend, sans comprendre ces suicides.

Le film est âpre, dur, et laisse un sentiment d’amertume avec cette question :
pourquoi ?
Il n’y a pas de pourquoi, telle est la réponse de cet excellent film !

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