Genre : Drame
Durée : 88’
Acteurs : Ahmed Mohamed Abdullah, Atheer Adel, Zahraa Ghandour, Hussein Hassan Ali, Errol Trotman-Harewood...
Synopsis :
Le talentueux Hamoudi est un petit garçon de 11 ans passionné de football et dont le rêve ultime serait un jour d’atteindre le niveau de son idole Lionel Messi. Le jour où Hamoudi se retrouve mêlé à une horrible tentative d’attentat suicide, il se réveille gravement blessé dans un hôpital. Tandis que ses parents s’efforcent coûte que coûte de mettre la famille à l’abri, Hamoudi est bien décidé à se battre pour réaliser son rêve brisé.
La critique de Julien
Après son premier film "Zagros" (2017), le cinéaste flamand d’origine kurde Sahim Omar Kalifa adapte son court métrage "Baghdad Messi" (en lice aux Oscars en 2014) pour le grand écran, en espérant que son histoire touche un public plus large, lequel est ainsi retourné en Irak pour la re-filmer. Or, tel que son titre l’indique, le film a pour cadre le Bagdad, mais de de 2009, alors sous l’occupation des troupes de coalitions américaines, tandis que les conflits religieux entre sunnites et chiites ne cessaient de croître. Le jeune Hamoudi (Ahmed Mohamed Abdullah) tente alors d’échapper à la dure réalité de son quotidien, grâce à sa passion, c’est-à-dire le football, lui qui y joue dans les rues de la ville avec ses amis, dans l’espoir, un jour, de devenir aussi fort de son idole, Lionel Messi. Alors que son père est considéré comme un traître par les populations locales étant donné qu’il travaille pour la compagnie de sécurité américaine Unity, Hamoudi et ses camarades seront la cible d’une fusillade, et cela devant les yeux de son père, impliqué malgré lui. À son réveil, le gamin découvrira alors que son rêve s’est envolé, lui qui a perdu une jambe dans l’explosion...
Bien qu’étant une fiction, "Baghdad Messi" présente de grandes similitudes entre Ahmed et son personnage, lui qui a perdu sa jambe gauche lorsqu’il avait 4 ans (il en a maintenant 12), victime d’un missile tiré suite à un malentendu des autorités américaines ou irakiennes, qui pensaient alors viser Daech, bien qu’il ait, lui, perdu, ce jour-là, son père. Le jeune garçon partage aussi sa passion pour le football avec son personnage, également persuadé qu’il n’y a pas meilleur joueur de foot que Messi, lequel a d’ailleurs eu la chance de le rencontrer au stade du parc des Princes, à Paris, à la suite du match entre le PSG (Paris Saint-Germain F.C.) et le Stade Rennais F.C., en mars dernier. Mais Ahmed n’a pas vécu le fait de devoir déserter sa maison et son environnement, ce que sera contraint de vivre Hamoudi, avec ses parents, lesquels n’ont ainsi d’autres choix que de fuir, et pour un petit village, de prime abord, accueillant...
"Baghdad Messi" est une histoire de résilience, au travers de laquelle le réalisateur ne passe à côté d’aucunes des horreurs de la guerre et de l’occupation, montrant comment les Irakiens, dans le besoin d’argent, ont pu servir aux Américains, avant d’être abandonnés, et chassés des leurs. C’est aussi le récit d’une famille détruite par la guerre, et dans laquelle les parents essaient, tant bien que mal, de soutenir leur fils unique, vis-à-vis de son rêve, devenu (encore plus) inaccessible, alors que ceux-ci aiment différemment leur fils, et réagissant chacun à leur manière face à la réalité, lui qui s’est vu confisquer son rêve. La maman, tout d’abord, forte et déterminée, est plus terre-à-terre, tandis que le père répond par l’affirmative à son fils lorsqu’il lui demande s’il pourra rejouer au football un jour, au même titre qu’un violoniste peut jouer sans ses bras, mais avec ses pieds, lui mettant ainsi des idées dans la tête...
Très sobre dans sa mise en scène et sans véritable fin, Sahim Omar Kalifa filme ici un pays ravagé et miné par la guerre, où la misère est omniprésente, mais où l’amour et l’espoir coexistent avec complexité au sein des familles, face à la fatalité de leur condition, de leurs choix et situation. On n’imagine ainsi pas une seule seconde que des enfants aient à devoir récupérer une kalachnikov sur le corps d’un soldat afin de pouvoir gagner un peu d’argent. Sauf qu’Hamoudi devra, lui, traverser également une partie du pays à pied, et risquer ainsi sa vie, le tout pour réparer une télévision afin de suivre la Champions League, et poursuivre, à sa manière, son rêve, brisé, lui qui n’avait déjà, à proprement parler, rien. Triste, mais d’une grande leçon de vie, et d’humilité...