➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film 06 juin 2018
Signe(s) particulier(s) :
– adapté d’une pièce de théâtre de la Compagnie de Théâtre Ikiume écrite par Tomohiro Maekawa, et joué pour la première fois au Japon en 2005 ;
– présenté dans la section Un certain regard au Festival de Cannes 2017.
Résumé : Alors que Narumi et son mari Shinji traversent une mauvaise passe, Shinji disparaît soudainement et revient quelques jours plus tard, complètement transformé. Il semble être devenu un homme différent, tendre et attentionné. Au même moment, une famille est brutalement assassinée et de curieux phénomènes se produisent en ville. Le journaliste Sakurai va mener l’enquête sur cette mystérieuse affaire.
La critique
Pour un film qui parle d’envahissement extraterrestre sur Terre, "Avant que Nous Disparaissions" est en effet un véritable ovni, venu tout droit du pays du Soleil-Levant. Adapté d’une pièce de théâtre, ce film de science-fiction rend hommage de manière assez évidente et décalée aux films du genre des années cinquante.
Par cette histoire d’extraterrestres venus envahir la Terre et voler aux humains leurs concepts de vie (à savoir notre vocabulaire et sa représentation concrète), le réalisateur Tomohiro Maekawa voit en son film une métaphore au danger qui nous guette continuellement dans notre société actuelle, instable, tout comme celui qui planait en pleine Guerre Froide, l’une des périodes autrefois propice à la SF, qui avait beau connaître un grand succès, le public n’en restait pas moins très anxieux dans la vraie vie, face à la menace permanente.
Ainsi, s’il pose ses caméras dans ce registre, c’est pour en dégager un message en rapport avec notre style de vie actuel, de plus en plus aveugle et étouffé. En effet, en positionnant ici l’humain face à son extinction prochaine, le réalisateur en ressort ce qu’il possède de plus unique, à savoir l’amour, comme dernier salut. Cet axe est d’ailleurs ici plus important qu’on ne le pense de prime abord, puisqu’il est traité continuellement dans l’histoire au travers d’un couple à la dérive, qui d’ailleurs se retrouver.
Parlons-en de cette histoire, pour le moins loufoque, et non loin sans rappeler celle de "L’Invasion des Profanateurs de Sépultures" de Don Siegel... Alors que son mari Shinji ne semble ne plus être le même, Narumi réapprend au contraire à l’aimer comme au premier jour, tandis qu’un journaliste, Sakurai, se retrouve être le guide de deux jeunes adolescents. Tous trois sont en fait sous l’emprise extraterrestre, dépouillant aux humains leurs savoirs, aidés par leur guide, auxquels ils ne prennent rien. Tandis que Narumi est celui de Shinji, Sakurai aide les deux autres.
Au travers d’un road-movie en quête de création d’un transmetteur, afin d’envoyer à leurs camarades un signal comme guise de feu vert à l’invasion, ces trois entités (épousant le corps de leur victime) feront prendre conscience aux humains qu’ils côtoient leurs forces et leurs faiblesses, dans un monde égoïste, et passif.
On reconnaît bien ici l’ADN fantaisiste et mélancolique du cinéma japonais, que ça soit dans ses effets, que dans sa mise en scène. Cependant, "Avant que Nous Disparaissions" ne devrait pas plaire à tout le monde, étant donné l’aspect philosophique de ses propos, et son côté burlesque. Aussi, d’un point de vue scientifique, on ne saura pas grand chose concernant l’arrivée sur Terre de ces vies venues d’ailleurs. De nombreuses questions les concernant resteront ainsi en suspens, eux qui ne sont en réalité ici qu’un prétexte pour traiter de l’humain.