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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Danny Boyle
Yesterday
Sortie le 26 juin 2019
Article mis en ligne le 2 juillet 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • après Freddie Mercury dans le biopic « Bohemian Rhapsody » et Elton John dans la comédie musicale « Rocketman », c’est au tour des Beatles d’être célébrer au cinéma au travers de cette comédie fantastique et romantique ;
  • Chris Martin (leader du groupe Coldplay) était censé interpréter le célèbre artiste qui devait prendre sous son aile Jack, le personnage principal. Mais suite à son refus, c’est finalement à Ed Sheeran qu’est revenu cette opportunité, lequel interprète donc ici son propre rôle ;
  • l’obtention des droits (détenus par Apple Records et Sony/ATV Music Publishing) pour inclure la musique des Beatles aurait coûté 10 millions de dollars aux producteurs du film, tandis qu’aucun membre du groupe restant (ni les veuves) n’a été impliqué dans la production du film ;
  • le film partage le même titre et des similitudes avec la bande dessinée éponyme de David Blot et Jérémie Royer, parue en 2011 ;
  • Robert Carlyle interprète dans le film un sublime rôle surprise non-crédité, tandis que toutes les scènes avec la comédienne Ana de Armas, interprétant un autre intérêt amoureux pour Jack, ont été coupées au montage suite aux réactions du public lors des projections-tests, sous prétexte qu’elles rendaient Jack moins sympathique...

Résumé :
Jack Malik est un auteur-compositeur interprète en galère, dont les rêves sont en train de sombrer dans la mer qui borde le petit village où il habite en Angleterre, en dépit des encouragements d’Ellie, sa manager et meilleure amie d’enfance qui n’a jamais cessé de croire en lui. Après un accident avec un bus pendant une étrange panne d’électricité mondiale, Jack se réveille alors dans un monde où il découvre que les Beatles n’ont jamais existé… ce qui va le mettre face à un sérieux cas de conscience.

La critique de Julien

Dans « Jean-Philippe » (2006) de Laurent Tuel, Fabrice Luchini, après avoir reçu un violent coup de poing au visage de la part d’un riverain agacé par le bruit qu’il faisait en rue, se réveillait dans un monde parallèle dans lequel son idole Johnny Hallyday était un parfait inconnu, lequel n’avait donc jamais connu le succès. Aujourd’hui, c’est le scénariste Richard Curtis (« Love Actually ») qui imagine un monde où les Beatles n’auraient jamais existé, pour la caméra de Danny Boyle (« Slumdog Millionaire »), dans le film « Yesterday », dont le titre fait évidemment référence à la chanson mythique du groupe.

Après « Il Était Temps » (« About Time » en VO) qu’il a également réalisé, dans lequel un jeune homme (Domhnall Gleeson) avait la capacité de voyager dans le temps, Richard Curtis nous raconte ici l’histoire de Jack Malik, un musicien dont la carrière ne décolle pas, malgré l’insistance de sa meilleure amie et manager, Ellie. Victime d’un violent accident de vélo, frappé par un bus lors d’un black-out mondial, Jack se réveillera alors du coma avec deux dents en moins, mais surtout face à une désarçonnante réalité... Alors qu’il chantonne la chanson « Yesterday » face à ses amis lors d’une petite fête, il se rendra compte qu’il est le seul à connaître l’existence de l’un des plus célèbres groupes de l’histoire du rock, ainsi que toutes leurs chansons. Un sacré dilemme s’offrira alors à lui, lequel pourrait lui ouvrir les portes de la gloire...
Ayant reçu l’aval des membres des Beatles et de leurs héritiers, ainsi et surtout que les droits afin de pouvoir utiliser leurs chansons dans le film, Danny Boyle et son scénariste bercent ce film de certains de leurs plus grands succès, tels que « Back Into The USSR », « Penny Lane », « Hey Jude », « All You Need Is Love, et évidemment »Yesterday". En tout, une dizaine de chansons rythme cette uchronie sur fond de comédie romantique très classique, dans laquelle deux âmes-sœurs se rendent comptent qu’ils ont passé toute leur vie à se voiler la face quant à leur amour, bien plus important qu’une simple relation d’amitié. Or, c’est toujours dans des situations compliquées que de tels sentiments (re)font surface, c’est-à-dire lorsque le destin nous échappe...

Interprétés par Himesh Patel (connu pour sa participation au soap-opera « EastEnders », très populaire en Angleterre) et Lily James (remarquée dans la série « Downton Abbey »), ces deux personnages extrêmement sympathiques parviennent à faire exister leur histoire sentimentale face à la tournure des événements. D’ailleurs, la célébrité soudaine (et ses contraintes) appuie ici l’impossibilité de leur idylle. Des choix devront ainsi être pris. L’acteur principal est alors secondé par Ed Sheraan (dans son propre rôle), ce qui devrait permettre d’attirer de nombreux fans... Et force est de constater que le chanteur n’est pas seulement là que pour de la simple figuration. On signalera également la présence au casting de la comédienne Kate McKinnon, dans le rôle de la manager du nouveau Jack Malik, obnubilée par l’argent, au détriment de toute relation humaine. Assez grossier, ce personnage très américanisé stéréotype l’appétit vorace de l’industrie musicale pour la découverte de nouveaux talents en vue de s’en mettre plein les poches. Bof.

Qu’on se le dise, « Yesterday » n’est donc pas un film sur les « Beatles », lequel utilise ici le prétexte de leur inexistence, et surtout leur musique, pour raconter l’incroyable histoire de Jack Malik. On est véritablement ici ancré dans une romance, avec tout ce qu’elle peut avoir de British, dont l’humour, bien qu’elle assume aussi sa part fantastique, et permette de créer des moments hors du temps, tels que seul le cinéma peut nous offrir.

« Yesterday » ne manque donc pas de second degré et de situations cocasses, du fait notamment de la confrontation entre Jack et ses interlocuteurs, ignorant tout des Beatles. Jamais vulgaire, rebondissant sur l’écriture avec répartie, la plaisanterie est malicieuse et pleine de dérision. Et ce n’est pas tout, puisque d’autres éléments de l’ancienne vie de héros semblent également s’être volatilisés, ce qui ne peut dès lors que créer l’émoi humoristique, étant donné le caractère universel de ces choses, et surtout les réactions du personnage, lequel sait très bien jouer les ahuris au moment venu !



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