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Les critiques de Julien Brnl
Woman at war / Kona fer í stríð
Réalisateur(s) : Benedikt Erlingsson
Article mis en ligne le 8 décembre 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 05 décembre 2018

Signe(s) particulier(s) :

  • second long du réalisateur et scénariste islandais Benedikt Erlingsson, après « Des Chevaux et des Hommes » en 2013 ;
  • gagnant du Prix LUX 2018, remis par le Parlement européen à Strasbourg en octobre, et Prix SACD à la Semaine de la critique lors du dernier Festival de Cannes.

Résumé : Halla, la cinquantaine, déclare une guerre solitaire contre la multinationale de l’aluminium Rio Tinto, qui tente de défigurer son pays et de s’implanter davantage. Elle prend tous les risques pour protéger les Hautes Terres d’Islande… Mais la situation pourrait changer avec l’arrivée inattendue d’une petite orpheline ukrainienne dans sa vie…

La critique de Julien

Après « Under the Three » de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson sorti en mai dernier, c’est au tour du réalisateur Benedikt Erlingsson de nous livrer une pépite venue tout droit d’Islande ! « Woman At War », où le combat d’une femme pour la nature islandaise dans un monde qui change. Inclassable, ce film est un conte écolo-dramatique intelligent et burlesque. On tient là l’ovni de cette fin d’année !

Dès l’ouverte, on est dans le vif du sujet, puisqu’on y découvre Halla, une prof de chant et activiste écolo d’une cinquantaine d’année, alors occupée, avec son arc à flèche, à tenter de saboter les lignes électriques s’élevant dans le paysage islandais, et cela afin de couper les vives à une usine d’aluminium, en train de gagner du terrain. C’est que cette femme culottée a les idées bien claires, et joue le tout pour le tout pour préserver la nature unique et rayonnante de son pays, et plus précisément des Hautes Terres. C’est sur cette scène quelque peu teintée d’absurde et d’intelligent second degré que « Woman At War » débute. Et le film de Benedikt Erlingsson ne quittera jamais ce doux mélange malin et euphorisant, parfaitement au service de ses propos, ciblés autour de la cause environnementale.

Porté par l’actrice charismatique Halldóra Geirharðsdóttir, ce personnage ne recule devant rien, et n’en loupe surtout pas une pour parvenir à se sortir d’affaire, une fois ses coups réalisés, et aux conséquences économiques gravissimes. C’est que l’Etat islandais déploie l’artillerie lourde pour trouver le(s) responsable(s) de ces sabotages de lignes électriques, avec des hélicoptères, des patrouilles, des satellites, ou encore des drones à l’appui ! Heureusement, Halla peut compter sur un cousin « présumé » pour l’aider, et surtout sur un touriste malchanceux, en vélo, toujours là où il ne devrait pas être, et donc arrêté à tort ! Et puis, contre toute attente, le film dévoile aussi en sous-texte une touchante histoire d’adoption. Notre héroïne a en effet entrepris une démarche il y a quelques années de cela afin de devenir maman, ce qui semble désormais plus qu’accessible, mais actuellement difficile pour elle face au combat qu’elle mène...

Mis en scène avec singularité, le film nous offre des vues absolument irrésistibles des Hautes Terres d’Islande et quelques effets visuels assez réussis. Et puis, la caméra du cinéaste est très mobile, notamment lors des tentatives d’échappatoires d’Halla, prise en chasse à son tour par la technologie des autorités, ne lui facilitant pas la tâche. On aime aussi que les musiciens et les chœurs derrière la bande-originale du film apparaissent à l’écran, en arrière-plan, donnant presque ainsi la réplique à l’héroïne, et rythmant ses décisions. Enfin, que dire du scénario, fin et rusé comme un renard, lequel prône de manière originale la sauvegarde de la nature, au travers du portrait quotidien d’une femme forte, et pourtant ordinaire, laquelle retourne en ville lorsque n’est pas en train de s’attaquer à des câbles électriques. En évoquant ici et là le réchauffement climatique (pour lequel on ne se sent que trop peu concerné), Benedikt Erlingsson réussit ainsi à nous taper à l’œil par des séquences loin d’être anodines.

Aussi loufoque que pessimiste, « Woman At War » est une parenthèse audacieuse et réjouissante dans le paysage cinématographique des sorties ciné. On ne se saurait donc que trop vous le conseiller, même s’il faut aimer les œuvres barrées, mais très réfléchies, et qui assurent donc leurs arrières.



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