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CINECURE
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Alexis Michalik
Une Histoire d’Amour
Sortie du film le 12 avril 2023
Article mis en ligne le 16 avril 2023

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 90’

Acteurs : Alexis Michalik, Juliette Delacroix, Marica Soyer, Léontine D’oncieu de La Batie, Pauline Bression , Régis Vallée, Léo Maindron...

Synopsis :
Katia et Justine tombent amoureuses. Malgré la peur de l’engagement et le regard des autres, elles décident de faire un enfant, laissant le hasard décider de qui le portera. Mais alors que Katia tombe enceinte, Justine la quitte soudainement. 12 ans plus tard, Justine est retournée à une vie rangée et Katia, qui a gardé l’enfant, apprend qu’elle est condamnée. Contrainte de trouver en urgence un tuteur pour sa fille, elle se tourne vers sa seule option : son frère William, écrivain cynique et désabusé...

La critique de Julien

Après « Edmond » (2018), c’est la deuxième fois, avec « Une Histoire d’Amour », que Alexis Michalik adapte une de ses pièces de théâtre au cinéma, jouée ici à La Scala, à Paris, de septembre 2020 à janvier de cette année. Le metteur en scène, d’ailleurs récompensé pour celle-ci du Molière du metteur en scène d’un spectacle de théâtre privé, joue en quelque sorte ici les prolongations, sur grand écran, en faisant tourner les actrices de ladite pièce originale. Mais alors que la première version du montage du film faisant 107 minutes, le dramaturge et les monteuses Julie Tribout et Sophie Fourdrinoy sont parvenus à resserrer le métrage à 86 minutes, c’est-à-dire la durée exacte, mais non préméditée, de la pièce, prouvant que l’esprit, le rythme et les grands mouvements de la pièce ont été respectés. Pourtant, le Théâtre et le Cinéma sont deux arts différents, bien que complémentaires, le second permettant notamment d’utiliser plus de décors, ou encore de suivre une chronologie quelque peu différente à l’œuvre adaptée, tandis que le rapport aux dialogues n’est pas non plus le même. Mais c’est sans compter sur l’écriture théâtrale de Michalik qui, d’après lui, est « déjà très cinématographique », tandis qu’il utilise ici des ficelles du cinéma américain pour faire avancer la narration de cette histoire, sans jamais avoir peur des émotions...

« Une Histoire d’Amour » débute en 1985, alors que la petite Katia attend dans le couloir de l’hôpital, refusant d’aller dire au revoir à sa mère, mourante d’un cancer, bien que forcée par son père violent d’entrer dans la chambre, elle qui sera alors rassurée par son grand frère William. Une bonne vingtaine d’années plus tard (plus ou moins en 2007, d’après nos calculs et les différentes timelines du métrage), Katia (Juliette Delacroix) est devenue journaliste, elle qui a peur de s’engager dans une relation amoureuse. Mais alors qu’elle aide son frère William (Michalik), journaliste à succès, à déménager, elle rencontrera Justine (Marie-Camille Soyer), une hétérosexuelle travaillant dans une épicerie bio, et amie de son frère. Or, les deux femmes tomberont follement amoureuses (« amoureuses cosmiques »). Ainsi, après le concubinage, et le mariage, la seconde lui annoncera qu’elle désire avoir un enfant avec elle. Mais Katia, récitante, a peur d’être une mauvaise mère, étant donné que son père sommeille en elle (lui qui n’était pas un bon père), tandis qu’elle n’est pas gâtée au niveau de son patrimoine génétique, sans compter sur les difficultés d’avoir un enfant pour un couple de même sexe, à moins de tenter une insémination artificielle. Mais malgré leurs angoisses, les deux femmes se lanceront, corps et âme, dans cette folle aventure de la vie ; celle d’une histoire d’amour...

Et si la vie ne se résumait qu’à un souffle ? Mélodrame assumé, ce film se vit aussi vite qu’il a vécu, étant donné un montage nerveux, où tout s’enchaîne, alors que l’intrigue, fataliste, ne lésine pas sur la présence de la plus terrible des épreuves de la vie, à savoir la mort et, in fine, du deuil et de la colère, pour ceux qui y survivent. En passant d’une époque à l’autre à l’aide d’ellipses scénaristiques (une chaîne télévisuelle résume, par exemple, en quelques images un grand nombre d’années de l’Histoire de France, avant que l’intrigue n’effectue un bon dans le temps) et de dialogues faisant référence à des événements survenus « cinq ans plus tôt » (et des regrets à la pelle), « Une Histoire d’Amour » brasse la vie de ses protagonistes, de leurs drames vécus, et de ce qui en demeure, comme la responsabilité. Difficile d’en dire davantage sans ne rien révéler de cette histoire, ce que fait pourtant un peu trop synopsis à notre goût. On est dès lors sans cesse basculer d’une émotion à l’autre au cours de cette histoire larmoyante, où l’humour parvient cependant à se frayer un chemin, ne fût-ce qu’au travers des échanges entre ses personnages, surtout en première partie de film, mais également du rôle dudit frère, cynique, que Michalik incarne lui-même, bloqué dans le passé, soûlot, un poche de sang dans le cortex cérébral, en proie dès lors à des hallucinations, mais qui le réconfortent...

« Une Histoire d’Amour » est le genre de film qui nous happe, et qui nécessite une boîte de mouchoirs à proximité, pour autant que nos émotions soient à fleur de peau. Il faut dire que le casting original, composé de Juliette Delacroix, de Marica Soyer, de Pauline Bression ou encore de Léontine d’Oncieu fait ici des merveilles, et brille par son authenticité, étant donné qu’elles connaissent toutes, par cœur, leurs personnages, qui plus est sans ne jamais surjouer. Les dialogues, toujours justes, et la spontanéité des personnages, extrêmement humains, contrebalancent alors ici avec une dernière partie un peu trop insensée (dont un voyage aux alentours du Mont-Saint-Michel), et un trop-plein d’émotions qui, finalement, n’émeut qu’en surface. La pathos est dès lors, sans le vouloir, au rendez-vous. Mais « Une Histoire d’Amour » s’avère être une œuvre réalisée avec énormément d’empathie pour ses personnages, propulsés aussi vite dans un conte de fées que dans les tempêtes et affres moins heureuses de la vie...



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