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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Christian Carion
Une Belle Course
Sortie du film le 21 septembre 2022
Article mis en ligne le 23 septembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Comédie dramatique

Durée : 91’

Acteurs : Line Renaud, Dany Boon, Alice Isaaz, Jérémie Laheurte...

Synopsis :
Madeleine, 92 ans, appelle un taxi pour rejoindre la maison de retraite où elle doit vivre désormais. Elle demande à Charles, un chauffeur un peu désabusé, de passer par les lieux qui ont compté dans sa vie, pour les revoir une dernière fois. Peu à peu, au détour des rues de Paris, surgit un passé hors du commun qui bouleverse Charles. Il y a des voyages en taxi qui peuvent changer une vie...

La critique de Julien

On connaît la complicité existante entre Dany Boon et l’immense Line Renaud, élevée en juillet dernier au rang de Grand-croix de l’Ordre de la Légion d’honneur, soit la plus haute distinction de la République. Christian Carion, qui avait déjà dirigé le premier dans « Joyeux Noël » (2005), s’est évidemment servi de leurs liens et de leur amitié pour mettre en scène « Une Belle Course », d’après un scénario écrit à la base par Cyril Gély, qu’il a dès lors réadapté. Dans ce mélo assez convenu, mais heureusement sincèrement touchant, il est ainsi question de Madeleine, 92 ans, laquelle doit quitter sa maison pour aller dans un Ephad. Le temps d’une dernière belle course, en taxi, elle fera la connaissance de son chauffeur, Charles, un homme taciturne quelque peu désabusé, étant donné qu’il ne lui reste plus que quelques points sur son permis avant qu’il ne lui soit retiré, lequel a, en plus, quelques soucis financiers avec sa femme, tandis qu’il est en froid avec son frère... Sur le chemin de la maison de retraite, Madeleine l’invitera alors au dialogue, tout en lui demandant de faire un dernier détour devant les lieux qui ont comptés pour elle. L’occasion de lui raconter les grandes étapes (très) marquantes de sa vie, en arpentant (virtuellement) les rues de Paris, et, évidemment, aider cet homme à se recentrer sur les belles choses de la vie...

« Une Belle Course » a certes été tourné en voiture, mais surtout en studio à l’aide d’un système d’écrans LED sur lesquels étaient diffusés en haute qualité le trajet réel qu’avait emprunté (en production) le taxi, et cela à l’aide d’un camion plateforme filmant sous tous les angles (même le ciel !) et tous les axes la voiture. Cette fausse balade en voiture permet donc une nouvelle fois au tandem formé par Line Renaud et Dany Boon de nous émouvoir, d’une manière ou d’une autre. Leurs personnages échangent alors, avec beaucoup de retenue et de respect, leur histoire, dont celle d’une jeune femme (Alice Isaaz dans la peau de Line Renaud) confrontée jadis à la violence de son mari (Jérémie Laheurte, glaçant derrière sa beauté physique), à une époque patriarcale - pas si lointaine - où le sujet n’était absolument pas considéré, ou entendu à raison, tandis que la femme avait encore besoin de l’autorisation de son mari pour (notamment) travailler... Mais Madeleine, couillue et hors d’elle après que ce dernier ait frappé leur enfant, ne s’est ici pas laissée faire, ce qui offre à cette intrigue cousue de fil blanc plus d’épaisseur qu’attendu.

Même s’il profite aujourd’hui d’une époque où les langues se délient, « Une Belle Histoire » porte en lui un discours raconté par l’authenticité du jeu et du regard de Line Renaud, dont le visage, à son âge, ne dégage que la vérité. Aussi, on apprécie la discrétion de l’écriture, notamment vis-à-vis du personnage de Dany Boon, à contre-emploi, elle qui nous apprend juste ce qu’il faut pour réussir à le cerner, et donc à nous prendre gentiment d’empathie pour lui. On est par contre moins convaincu par l’utilisation classique et quelque peu usée de flash-back nous replonger dans le passé, que la musique de Philippe Rombi surligne également un peu trop. On a d’ailleurs l’impression que le film, face à ses maigres intentions, a davantage un pied dans le passé que dans le présent. Mais la rencontre entre cette nonagénaire et ce chauffeur de taxi jouera pourtant une emprise sur le futur de ce dernier (au moins sur son compte en banque), tandis que la première aura pu profiter d’un dernier et long instant de bonheur...

C’est donc bien évidemment pour la tendresse qu’éprouvent l’un pour l’autre cette femme (en fin de vie) et cet homme (au début d’une nouvelle étape de la sienne) que le film emporte toute notre adhésion, lui qui est inoffensif et bourré de bons sentiments, mais touchant par son humanité, et son duo.



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