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CINECURE
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Yann Gozlan (2014)
Un homme idéal
Sortie au BRFF le 8 juin à 19h30 (Flagey 4) et le 10 juin en salles
Article mis en ligne le 7 juin 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible, car malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement… Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom... Devenu le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française, et alors que l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante, Mathieu va plonger dans une spirale mensongère et criminelle pour préserver à tout prix son secret…
Présentation du dossier presse : Un Homme idéal met en scène un acteur idéal (Pierre Niney César du meilleur acteur pour son rôle de Yves Saint-Laurent) pour ce personnage étonnant d’écrivain usurpateur. Ce polar à l’ambiance hitchcockienne, assumant ses références à Plein soleil ou à La Piscine, vous emportera dans une spirale meurtrière des plus angoissantes.

Acteurs : Pierre Niney, Ana Girardot, Thibault Vinçon, André Marcon, Valeria Cavalli.

Si Pierre Niney habite vraiment ce rôle d’un écrivain sans talent, sauf celui d’usurper celui d’un autre (il est moins crédible en déménageur - mais c’est nécessaire dans le scénario pour qu’il accède au manuscrit de l’auteur décédé), il est regrettable que le scénario lui, ne soit pas la hauteur. Il cumule les invraisemblances. Il aurait été préférable de se concentrer sur l’aspect psychologique du personnage et la relation avec le militaire revenu d’Alger.

En effet, sans être à la hauteur de Hitchcock comme le signale la présentation, on peut de fait penser à Plein soleil, même si ici, l’usurpation d’identité n’est pas en cause, mais l’appropriation de l’œuvre d’un autre, décédé. Est-ce que Pierre Niney égale Alain Delon ? Peut-être pas, mais plusieurs amies me signale qu’il est très séduisant.

Et de fait, Pierre Niney arrive à rendre compte avec les expressions de son visage des tourments et des désarrois dans lesquels ce succès basé sur un vol et un mensonge vont le conduire dans autant d’impasses et de faux semblants (titre d’ailleurs d’un roman que l’on découvre à la fin du film). Mais Mathieu, cet écrivain raté, apparait aussi souvent de dos, référence probable ou inconsciente à son unique roman refusé par tous : « L’homme de dos ». De dos certes, mais que le spectateur voit grâce à un ou plusieurs miroirs, comme si c’était la partie inversée, la face d’ombre que nous étions invités à regarder. Ce roman sera lu par celle qu’il aime (alors qu’elle aime celui qui a écrit le roman Sable noir) et son jugement sera dépréciatif. Si Niney excelle à donner corps et surtout visage à ce faux écrivain, il est dommage que le scénario l’embarque dans des rebondissements improbables. Un vol de nuit sans un chien, qui, lui, apparait pour venir renifler un cadavre derrière la porte. Corps d’un homme plus lourd que Mathieu, qu’il enroule dans une bâche, qu’il jette depuis le balcon durant la nuit, traîne dans le parc vers un bateau tout cela sans que personne ne prête l’oreille (tiens, de nouveau plus de chien !).

Dès le premier plan, nous connaissons la fin du film. Il n’y a plus rien à attendre comme surprise, sinon celles de faux semblants qui obligent le spectateur à croire ce qu’il a vu. Et qu’a-t-il vu ? A-t-il vu ce qu’il croit ? On se posera la question après le mot fin, où la reconnaissance se fera sur fond d’absence et de perte d’identité. La vérité d’un roman se fera au prix d’une disparition, d’un effacement, trace fugace d’un passage devant une librairie.



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