Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Mia Hansen-Love
Un Beau Matin
Sortie du film le 19 octobre 2022
Article mis en ligne le 8 novembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Drame

Durée : 112’

Acteurs : Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud, Nicole Garcia, Camille Leban Martins, Sarah Le Picard...

Synopsis :
Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps...

La critique de Julien

Présenté au Festival de Cannes 2022 dans la section Quinzaine des réalisateurs, où il a remporté le prix du Label Europa Cinemas, « Un Beau Matin » est le nouveau long métrage de la cinéaste parisienne Mia Hansen-Love, quelque mois après la sortie de « Bergman Island ». Dans ce drame intime, Léa Seydoux interprète le rôle de Sandra, traductrice indépendante et veuve depuis cinq ans, elle qui n’a pas encore refait sa vie, mais qui vit avec sa fille de 8 ans, Linn, dans un petit appartement à Paris. Plutôt que de s’occuper un peu d’elle, cette dernière rend visite dès qu’elle le peut à son père Georg (Pascal Greggory), un ancien professeur de philosophie souffrant du syndrome de Benson, une maladie neurodégénérative faisant partie des formes atypiques de la maladie d’Alzheimer, elle qui le rend partiellement aveugle, et qui affecte de plus en plus son cerveau. Alors qu’elle cherche désespérément un EHPAD pour le placer, et cela avec l’aide de sa mère divorcée et remariée (Nicole Garcia), et de sa sœur (Sarah Le Picard), Sandra fera en parallèle la rencontre inattendue de Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue, marié, travaillant comme cosmo-chimiste, et avec lequel elle entamera une relation passionnée, mais incertaine...

Une fois de plus, Mia Hansen-Løve, s’inspire ici d’éléments autobiographiques pour son cinéma, son père Ole Hansen-Løve ayant souffert de la même que celle ici du personnage de Pascal Greggory (bouleversant), et cela durant les dix dernières années de sa vie. « Un Beau Matin », se regarde comme le journal intime vécu à livre ouvert autour de la vie d’une trentenaire, confrontée à des épreuves, à l’aube d’une nouvelle page de sa vie. Or, la première bonne surprise de ce drame, c’est certainement que la réalisatrice est parvenue ici à percer l’armure du bobo parisien, et la creuse même en profondeur, mettant dès lors en scène une histoire universelle, loin d’être autocentrée, ni snob. Sans fard ni paillettes, la cinéaste filme d’ailleurs ici Léa Seydoux avec beaucoup d’humilité, laquelle se révèle plus naturelle et simple que d’accoutumé dans son jeu, situé donc dès lors à des années-lumière de celui qu’elle campait, par exemple, dans l’insupportable « France » (2021) de Bruno Dumont. Très épuré dans sa mise en scène, et quasiment sans musique, ce film se regarde comme une balade à la fois citadine et psychologique, au côté d’un personnage très actuel, quelque peu perdu, entre bonheurs et douleurs, inquiet, tandis que « Un Beau Matin » est uniquement rythmé par des dialogues sans filtre, d’un réalisme confondant. Ici, on n’a ainsi jamais l’impression de voir des acteurs, mais bien de vraies personnes, tant l’ensemble étincelle par sa beauté, sa spontanéité, à l’image d’un repas de Noël en famille, alors que les parents simulent, aux enfants cachés dans une autre pièce, l’arrivée bruyante du Père Noël, venu apporter les cadeaux. On sourit dès lors autant ici qu’on est touché par la grâce et la délicatesse avec laquelle Mia Hansen-Løve raconte cette histoire, elle que l’on sent forcément concernée et troublée par ses propos, son personnage principal ayant d’ailleurs la peur héréditaire de souffrir de la maladie qui touche son père. « Un Beau Matin », c’est une mise à nu par la fiction, mais jamais dénuée de réalité, pour encore mieux s’y identifier...



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11