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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Josh Cooley
Toy Story 4
Sortie le 26 juin 2019
Article mis en ligne le 30 juin 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • quatrième film tiré de la franchise « Toy Story » après trois premiers épisodes sortis respectivement en 1996, 2000 et 2010 ;
  • le film est dédié à Don Rickles (la voix en VO de M. Patate) et à Adam Burke (animateur, notamment sur « Toy Story 3 »), décédés respectivement en 2017 et 2018 ;
  • mis en scène par Josh Cooley, ayant notamment travaillé pour Disney/Pixar en tant qu’artiste story-board sur « Les Indestructibles » (2004), « Cars » (2006), « Ratatouille » (2007)
    « Là-Haut » (2009), « Cars 2 » (2011), mais également comme co-scénariste sur « Vice-Versa » (2015), ainsi que superviseur story-board et voix de Jangles le Clown sur ce dernier.

Résumé : Woody a toujours privilégié la joie et le bien-être de ses jeunes propriétaires – Andy puis Bonnie – et de ses compagnons, n’hésitant pas à prendre tous les risques pour eux, aussi inconsidérés soient-ils. L’arrivée de Forky un nouveau jouet qui ne veut pas en être un dans la chambre de Bonnie met toute la petite bande en émoi. C’est le début d’une grande aventure et d’un extraordinaire voyage pour Woody et ses amis. Le cowboy va découvrir à quel point le monde peut être vaste pour un jouet…

La critique de Julien

Entre le public et « Toy Story », c’est une longue histoire d’amour. C’est celle de jeunes enfants qui ont découvert en 1995 le premier long métrage d’animation entièrement réalisé en images de synthèse, et qui emmènent aujourd’hui, à leur tour, leurs propres enfants découvrir les nouvelles aventures de Woody, Buzz, et compagnie. Alors qu’il fut nommé à trois Oscar, et en reçu un Oscar spécial pour John Lasseter et sa direction inspirée ayant conduit à la réalisation du premier long-métrage d’animation en images de synthèse, sa suite, en 2000, fut quant à elle récompensée du Golden Globe du meilleur film comique ou musical, ainsi que par le Grammy de la meilleure chanson écrite pour le cinéma, la télévision ou tout autre média visuel (pour Randy Newman et son « When She Loved Me ». Puis, dix ans plus tard, « Toy Story 3 » faisait à son tour exploser tous les compteurs, tandis qu’il obtenait l’Oscar du Meilleur long métrage d’animation et de la Meilleure chanson originale écrite pour le cinéma (de nouveau pour Randy Newman, avec l’inédit « We Belong Together »), ainsi que d’autres récompenses (Golden Globes, BAFTA). Mais la cerise sur le gâteau était sans doute sa nomination à l’Oscar du Meilleur film, ce qui marquait seulement la seconde fois qu’un Pixar était nommé dans la plus prestigieuse catégorie de récompenses cinématographiques, un an après celle de « Là-Haut ».

Outre le fait que ce quatrième épisode débute par un flash-back, il est bien la suite de « Toy Story 3 », dans lequel le shérif Woody, Buzz l’Éclair et leurs amis jouets trouvaient une nouvelle reconnaissance après avoir été donnés par Andy à Bonnie, désormais un jeune homme entrant à l’université... Après un tel épisode, écrit à la façon d’une conclusion à cette fabuleuse trilogie, on ne voyait pas vraiment ce que venait faire ce « Toy Story 4 » dans l’univers. Mais on sait aujourd’hui qu’il n’a pas volé sa place, bien qu’il vole de ses propres ailes, « Vers l’Infini, et au-delà » !
Voilà maintenant deux ans que Boonie possède Woody et les autres jouets, lesquels vivent une nouvelle vie heureuse. Mais la petite s’apprête à partir aujourd’hui pour son premier jour d’essai en maternelle, ce qu’elle redoute par-dessus tout... Chagrinée, et alors qu’il lui est interdit d’emporter l’un de ses jouets à l’école, Woody se glissera dans son sac à dos. Une fois arrivés sur place, le cowboy, en toute discrétion, créera à l’aide de déchets - dont une fourchette en plastique - un jouet pour Bonnie, qu’elle nommera aussitôt « Forky ». La petite passera une première journée rassurante à l’école, grâce à la bienveillance de Woody. Une fois ramené à la maison, et alors que Forky devient le jouet préféré de Bonnie, Woody devra par contre constamment l’empêcher de se jeter à la poubelle, lui qui croît dur comme fer être un déchet... Sur la route pour un voyage en mobile-home, et tandis que Boonie a emmené tous ses jouets, Forky sautera alors par la fenêtre, réussissant ainsi à échapper à l’attention de Woody, lequel partira aussitôt à sa recherche.

Heureusement, Boonie se rendra compte que son nouveau jouet a disparu, obligeant ses parents à s’arrêter trois kilomètres plus loin, près d’une fête foraine... Il n’en faudra pas plus pour que Woody parte à son tour à la recherche de son camarade...
« Toy Story 4 » est une réussite pure et dure. Si l’on avait qu’un reproche à lui faire, se serait peut-être au niveau de son scénario, assez court, mais qui déploie une histoire pleine de sous-intrigues et de messages, où l’action et l’émotion se rencontrent sans cesse. Dès lors, il en est pardonné. Et puis, cet épisode est le parfait écrin à la mise en valeur de ses personnages, anciens comme nouveaux. Il y a tout d’abord Woody, qui devient, mine de rien, un caractère à part entière, finalement bien plus développé que de nombreux personnages campés par des humains dans des films. On ne le dira jamais ici, mais il est un personnage terriblement attachant, loyal, adulte... Bref, son évolution et sa remise en question valent de l’or, lui qui est ici confronté à un sentiment de perdition existentielle, mais qui trouvera sa place à l’issue des événements narrés. Mais alors que sa conscience lui dit de protéger vaille que vaille Fourchette, et lui faire comprendre de son importance aux yeux de Bonnie, ce dernier, interrogé par Buzz vis-à-vis de son dévouement envers cette situation, lui fera à son tour comprendre qu’il faut toujours écouter son fort intérieur, ce que le ranger se mettra alors à faire, notamment lorsque viendra le moment pour lui de retrouver Woody. Le film voit aussi le retour de la Bergère Bo, elle qu’on avait perdu de vue depuis longtemps, et absente de « Toy Story 3 ». On découvrira ainsi ce qui lui est arrivé depuis, elle dont le rôle est crucial dans cette suite, notamment envers Woody. Par contre, au niveau des anciens personnages, Rex, M. Patate, Zig-Zag ou encore Jessie sont relégués en second plan, et non quant à eux pas beaucoup de place pour exister (bien qu’ils font partie du voyage), au profit d’une galerie de nouveaux personnages irrésistibles, et très convaincants.

En commençant par Forky (doublé par Pierre Niney), un jouet artisanal persuadé qu’il n’a rien à faire dans la chambre d’un enfant, mais qui va, petit à petit, grandir et partager son amour à quelqu’un, tel que les déchets lui en apportait. Gabby Gabby (doublée par Angèle) est quant à elle une poupée parlante à cordon des années 1950, mais dont la boîte vocale défaillante l’a contrainte à mener une vie rejetée des enfants, elle qui souhaite donc obtenir la même chance de tous les jouets, soit d’être aimée par un enfant... Tantôt accueillant, puis terrifiant, ce personnage n’est en soi pas méchant, et figure comme l’une des plus belles réussites du film, lequel est secondé par Benson, une vieille marionnette de ventriloque, qui pourrait qu’en à lui effrayer les petits avec ses airs du pantin Slappy dans « Chair de Poule ». Sans oublier Ducky (Jamel Debbouze) et Bunny (Franck Gastambide), des prix de fête foraine qui ne rêvent que d’être gagnés, eux dont l’imagination déborde de partout, avec leurs yeux lasers. Mais mention spéciale au seul et unique Duke Caboom, un jouet des années 1970 inspiré du plus grand cascadeur du Canada, toujours prêt à prendre à la pose, mais par contre incapable de réaliser avec son engin à roues les prouesses impressionnantes promises par sa propre publicité. Le doublage de ce personnage imprévisible et chevronné, avec son accent québécois, est absolument génial ! On en redemande ! Bref, « Toy Story 4 » parvient une fois de plus à poursuivre l’évolution de ses personnages emblématiques, tandis qu’il introduit de potentielles et grandes recrues pour une éventuelle suite...

Alors que le récit ne laisse jamais place à l’ennui, le film traite de sujets forcément universels, tels que le fait de toujours tirer le meilleur parti pris d’une situation, mais également de prendre son destin en main, et de le suivre. Au travers du personnage de Fourchette, le film montre aussi l’importance rassurante pour un enfant d’un objet transitionnel dans sa vie, tout comme il met en images l’idée que tous autant que nous sommes avons notre propre rôle à jouer, et que notre existence n’est pas un hasard...

Enfin, un « Toy Story » n’en serait pas un sans son univers ludique et imaginatif, lequel nous invite ici à plonger dans un magasin truculent d’occasions et d’antiquités, ainsi que dans une foire aux couleurs vives, que les personnages parcourent au travers d’endroits dont l’humain n’a pas accès, ce qui rend l’aventure d’autant plus charmante, et amusante.

En questionnant sur la relation du jouet à l’enfance, tout comme de son rôle et de son devenir, « Toy Story 4 » amène une nouvelle pierre à l’édifice de la franchise. Par cet angle, il réussit aussi à parler d’indépendance et d’émancipation avec pertinence, tout en n’oubliant pas de nous divertir du début à la fin, à l’aide d’une galerie de personnages haut en couleurs, d’un humour toujours aussi intacte, et d’une mise en situation riche en retournements.



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