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Les critiques de Julien Brnl
Tout l’argent du monde
Réalisateur : Ridley Scott
Article mis en ligne le 7 janvier 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 27 décembre 2017

Signe(s) particulier(s) :

  • au lendemain des accusations de harcèlement sexuel contre Kevin Spacey, Sony et Ridley Scott ont décidé de retourner toutes ses scènes avec Christopher Plummer, et cela à un mois et demi de sa sortie, pour un coût supplémentaire de dix millions de dollars, tandis que Mark Wahlberg et Michelle Williams ont accepté de retourner toutes les scènes où ils partagent l’affiche avec son personnage ;
  • Romain Duris incarne ici un ravisseur, ce qui marque donc une première pour le comédien qui trouve ainsi dans ce film son premier rôle dans un blockbuster américain ;
  • film inspiré librement du kidnapping du petit-fils du premier homme milliardaire (John Paul Getty) par une bande de malfrats italiens, réclamant une rançon à sa richissime famille.

Résumé : Rome, 1973. Des hommes masqués kidnappent Paul, le petit-fils de J. Paul Getty, un magnat du pétrole connu pour son avarice, mais aussi l’homme le plus riche du monde. Pour le milliardaire, l’enlèvement de son petit-fils préféré n’est pas une raison suffisante pour qu’il se sépare d’une partie de sa fortune.
Gail, la mère de Paul, femme forte et dévouée, va tout faire pour obtenir la libération de son fils. Elle s’allie à Fletcher Chace, le mystérieux chef de la sécurité du milliardaire et tous deux se lancent dans une course contre la montre face à des ravisseurs déterminés, instables et brutaux.

La critique

À peine sept mois après la sortie de « Alien : Covenant », Ridley Scott est déjà de retour en salles avec « Tout l’Argent du Monde », soit l’histoire du kidnapping, en 1973, du petit-fils du premier homme milliardaire, J. Paul Getty. Inspiré d’une histoire vraie, mais romancée pour les besoins du film, le film a surtout fait parler de lui pour l’affaire de harcèlements sexuels dont est accusé l’acteur Kevin Spacey, interprétant initialement ce milliardaire, jusqu’au moment où le studio et Ridley Scott ont décidé de le remplacer à un mois et demi avant la sortie du film. C’est finalement l’acteur presque nonagénaire, Christopher Plummer, qui s’est glissé dans la peau de cet être particulièrement abject. Dès lors, de très nombreuses scènes ont été retournées, tandis que d’autres ont profité des merveilles de la technologie numérique, sans que cela ne nuise toutefois au film. Mark Wahlberg et Michelle Williams ont également accepté de retourner toutes les scènes où ils partagent l’affiche avec ce personnage. Autrement dit, quel travail d’équipe, au détriment de la carrière de l’acteur Kevin Spacey, maintenant finie.

Si les histoires de kidnapping ne se comptent plus sur grand écran, celle-ci est agrémentée d’une dimension pour le moins originale, étant donné qu’on y parle avant tout de nature humaine, dézinguant au formol la question de la richesse. Car le personnage interprété par Plummer est sans doute l’élément le plus fort, le plus perturbant du film, étant donné que J. Paul Getty refusera de verser des sous aux ravisseurs, afin qu’ils puissent libérer son petit-fils, sous prétexte que s’il verse ses sous, ce seront alors ses autres petits-fils qui disparaîtront à leur tour... C’est plutôt par avarice que cet homme a agit, plus occupé à construire son empire qu’à s’intéresser à sa famille, et plus généralement aux sentiments, lui qui était un personnage sans pitié. Face à lui, on retrouve la mère de ce garçon kidnappé, et ex-belle-fille du milliardaire (Michelle Williams), qui fera alors tout, avec l’aide du mystérieux chef de sécurité de Getty (Mark Wahlberg), pour que ce dernier verse les sous aux ravisseurs, elle qui ne les possède pas. Outre via des arrangements téléphoniques de leurs côtés avec les ravisseurs concernant les modalités de la rançon, il sera avant tout question du combat entre l’aspect dévastateur qui lie un homme et l’argent, plutôt qu’avec sa nature, afin qu’il accepte de s’asseoir sur cette « perte ». Par cela, le film questionne sur l’identité des véritables coupables, ce qui est assez judicieux.

« Tout l’Argent du Monde » est une réussite formelle. De la photographie de Dariusz Wolski, aux décors et costumes soignés, en passant par la lumière reflétant les enjeux et l’atmosphère dans laquelle se déroulent l’histoire, ainsi que la musique de Daniel Pemberton qui pointe le bout de son... oreille lors de propos de circonstances, le travail technique est de bon goût, dans cette classique, qui se vaut davantage pour les circonstances entourant le kidnapping qu’il présente, plutôt que pour ce dernier. En effet, face au dévouement du scénario pour les enjeux moraux qui appellent à l’aboutissement de cet enlèvement, Scott peine à soulever un quelqu’un intérêt du spectateur pour ce jeune homme pris au piège, si ce n’est lors de deux, trois scènes, notamment celle où il tente une vaine fuite, celle où on lui arrache un membre, ou encore lors de la dernière partie de cache-cache... Campé par le jeune Charlie Plummer (aucun lien familial avec Christopher) que l’on verra beaucoup au cinéma cette année-ci, on n’en a malheureusement que faire de ce qui lui arrive, alors que les ravisseurs semblent très compatissants au moindre geste de Getty senior, tandis que l’un d’eux, Cinquanta (Romain Duris), se veut particulièrement attentif au bien-être du petit, alors en contact permanent avec sa mère concernant l’avancée des affaires.

L’autre gros problème du film, c’est sa mise en scène, au travers de laquelle Ridley Scott semble avoir oublié de lui donner de la personnalité, le récit étant bien trop enjolivé pour tenir en haleine le long de ces deux longues heures. En effet, si ce n’est un combat entre deux êtres que tout oppose, excepté un lien familial, et le destin de John Paul Getty III, « Tout l’Argent du Monde » brille par son manque de rebondissements, et ses personnages principalement caricaturaux.

Certes, Christopher Plummer est parfait dans son rôle, bien aidé par son imposante carrure et son visage de vieil homme, mais on ne peut pas en dire autant de Michelle Williams, à l’interprétation trop peu habitée et touchée face à l’ampleur des événements, tandis que le personnage de Mark Wahlberg, de Romain Duris, ou même celui de Charlie Plummer manquent d’épaisseur.

Bande-annonce :

All the Money in the World : Trailer HD VO st FR/NL
All the Money in the World : Trailer HD VO st FR/NL

Le magnat du pétrole J.P. Getty est l’homme le plus riche du monde, quand son petit-fils est kidnappé à Rome par la mafia italienne au cours de l’été 1973. Les ravisseurs réclament 17...
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