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CINECURE
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Naji Abu Nowar (2014)
Theeb
Sortie le 12 août 2015 (Belgique) et le 23 novembre 2016 en France
Article mis en ligne le 24 novembre 2016

par Charles De Clercq

La critique est remontée dans l’actualité car le film sort finalement en France le 23 novembre 2016.

Synopsis :

Theeb signifie loup en français. C’est aussi le nom d’un garçon bédouin, dégourdi et curieux, qui voudra suivre son grand frère, Hussein, chargé de conduire un officier britannique et son guide vers un ancien puits sur la piste oubliée des pèlerins vers La Mecque. Mais la route est dangereuse, car elle traverse une contrée où rôdent hors-la-loi et révolutionnaires. L’aventure se révèlera aussi pour Theeb une épreuve qui lui fera quitter l’enfance.

Acteurs : Jacir Eid Al-Hwietat, Hussein Salameh, Al-Sweilhiyeen Hassan, Mutlag Al-Maraiyeh.


 Résumé détaillé du film

Ne pas cliquer si vous ne voulez pas de « spoilers »

Moyen-Orient arabe, 1916. Theeb vit dans sa tribu bédouine, dans une contrée oubliée de l’Empire ottoman. C’est à son grand frère Hussein de s’occuper de son éducation parce que leur père est décédé depuis peu. Hussein essaie ainsi d’enseigner au gamin l’art de vivre bédouin, c’est-à-dire comment survivre dans un désert où rien ne pousse, comment chasser ou trouver l’eau. Mais le gamin, lui, est plus intéressé à jouer des tours qu’à apprendre.

Le cours de leur vie sera interrompu avec l’arrivée d’un officier de l’armée britannique et de son guide, Bédouin lui aussi, envoyés pour une mission secrète. Dans l’impossibilité de refuser son aide à ses hôtes, de peur de déshonorer la mémoire et la réputation du père défunt, Hussein accepte d’escorter les deux voyageurs jusqu’à. leur destination, un vieux puits abandonné sur la vieille piste de pèlerinage vers La Mecque. Il devra laisser derrière lui son jeune frère.

Le gamin, par contre, est effrayé à l’idée qu’il pourrait perdre son frère. Il décide donc de les suivre en cachette avec son âne et s’embarque dans un voyage périlleux à travers le désert arabe. Depuis l’éclatement de la première Guerre mondiale, ce terrain difficile est devenu un domaine de chasse pour les mercenaires ottomans et les Bédouins hors-la-loi. Découvert par la petite troupe, Theeb devra la suivre bien que son frère aurait voulu le ramener à la tribu déjà trop éloignée.

Pour Theeb, la survie tiendra rapidement à un apprentissage accéléré de la vie, des traîtrises et de la confiance. Il devra montrer qu’il mérite le nom que son père lui a donné, car la petite troupe tombera dans une embuscade autour du vieux puits ne laissant que Theeb et un des bandits comme survivants.


 Les lois de l’hospitalité !

« Celui qui nage dans la Mer rouge, ne peut connaître sa vraie profondeur.
Et tous les hommes, Theeb, ne peuvent atteindre le fond de la mer, mon fils.
Lorsqu’il est question de fraternité, ne refuse jamais un hôte.
Sois la main droite du juste lorsque les hommes prennent position.
Et si les loups offrent l’amitié, n’espère pas le succès.
Ils ne seront pas à tes côtés quand tu affronteras la mort.
 »

Telle est l’exergue en voix off du père (défunt) à son fils Theeb (Loup). Et c’est bien le drame qui va se déployer durant ce film à la lenteur majestueuse. L’hôte est celui qui fascine et qui fait peur. C’est à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu. Et la racine, HOS, est celle de deux mots antagonistes : HOSpitalité et HOStilité.

Sur fond d’un conflit qui le dépasse, lui le jeune gamin et son peuple, il va être mêlé à une violence qu’il ne souhaitait pas. Il lui faudra grandir très et trop vite dans ce cadre de toute beauté qui n’empêche pas la manifestations des instincts les plus primaires.

Tourné comme un western sur les Bédouins au moment de la grande révolte arabe. Western en effet, car nous découvrons un monde en pleine mutation. Les paysages sublimes, grandioses et sauvages sont traversés par une voie de chemin de fer. Il y a des gangsters, donc des « mauvais » face aux « bons ». Western sera compris par nous dans notre culture cinématographique occidentale mais ne le sera pas « naturellement » dans la culture bédouine que le réalisateur Naji Abu Nowar [1] n’a pas voulu leur imposer : « nous avions dans l’idée,au contraire, de pénétrer dans leur culture et de laisser en sortir quelque chose d’organique. Nous voulions développer une histoire qui devrait être à la fois cinématographique et vraie par rapport à leur mode de vie ».

Lors de la vision de Theeb, deux autres films me sont venus à l’esprit : The Cut de Fatih Akin pour le climat et la violence de l’époque et Loin des hommes de David Oelhoffen pour l’ambiance, les paysages, la violence et la marche dans le désert (même si l’histoire se situe une quarantaine d’années plus tard). Ce ne sont donc pas des films identiques mais qui ont fonctionné comme idée, mot ou film-crochet à cause de certaines images ou situation qui me revenaient à l’esprit.

Le film est tourné en Jordanie avec des Bédouins que le réalisateur a longuement fréquentés. Le très jeune Jacir Eid Al-Hwietat est extraordinaire de candeur et de maturité dans le rôle de Theeb. Un film ample, majestueux, lent, souvent silencieux malgré le crépitement des armes qui invite à se rendre au désert pour découvrir le plus (in)humain en nous et en l’autre. Un de mes coups de cœur de cette année.

 Grandir dans le désert [2]

1916, au loin la guerre fait rage, mais les échos n’en atteignent pas cette partie du monde, la province ottomane de Hijaz. Leur père mort, Hussein a pris en charge l’éducation de son petit frère Theeb à qui il apprend à survivre dans cette contrée ingrate. Une nuit surgissent un officier britannique et son guide bédouin. Ils sont à la recherche d’un vieux puits abandonné. Hussein est désigné par les anciens pour les mener à destination. Theeb est fasciné par cet homme blond en uniforme et décide de les suivre. Repéré la première nuit, il intègrera la petite troupe, car le Britannique et le Bédouin refusent qu’Hussein le ramène au campement pour ne pas perdre de temps. Les craintes d’Hussein se révèlent pourtant fondées, ces contrées désertiques sont des repaires de brigands que le petit groupe ne va pas tarder à rencontrer. Et ce sera une lutte sans merci dont Theeb sera le seul à sortir à indemne. Comment va-t-il alors pouvoir retrouver une zone plus hospitalière ?

Theeb a été tourné dans les décors du Wadi Rum, sauvages et majestueux, situés au sud de la Jordanie. Les mêmes espaces où a été filmé le mythique Lawrence d’Arabie de David Lean. L’histoire se déroule d’ailleurs à la même époque de la Première Guerre mondiale, période qui a vu les révoltes des Bédouins contre un empire ottoman déliquescent. L’entrelacs de gorges sablonneuses et reliefs impressionnants s’y impose comme un personnage orgueilleux qui ne pardonne pas la moindre distraction et donne au film l’ampleur d’un film d’aventure à grand spectacle. Face à ce décor, les combats des hommes pourraient paraître comme dérisoires s’il n’y avait Theeb, ce gamin obligé de grandir très vite pour pouvoir survivre dans un monde où l’homme est un loup pour l’homme. Premier film du Jordanien Naji Abu Nowar, Theeb fascine par la simplicité de son intrigue et la maîtrise de l’action dramatique dont il fait preuve.

Bande-annonce :

THEEB Trailer | SGIFF 2014
MargaretteBeers


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