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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

James Gunn
The Suicide Squad
Sortie du film le 28 juillet 2021
Article mis en ligne le 29 juillet 2021

par Julien Brnl

Genre : Action, aventure, fantastique

Durée : 132’

Acteurs : Margot Robbie, Viola Davis, Idris Elba, John Cena, Joel Kinnaman, Sylvester Stallone, Daniela Melchior, David Dastmalchian...

Synopsis :
Bienvenue en enfer - aka Belle Reve, la prison dotée du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis d’Amérique. Là où sont détenus les pires super-vilains, qui feront tout pour en sortir - y compris rejoindre la super secrète et la super louche Task Force X. La mission mortelle du jour ? Assembler une belle collection d’escrocs, et notamment Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et la psychopathe préférée de tous : Harley Quinn. Armez-les lourdement et jetez-les (littéralement) sur l’île lointaine et bourrée d’ennemis de Corto Maltese. Traversant une jungle qui grouille d’adversaires et de guérilleros à chaque tournant, l’Escouade est lancée dans une mission de recherche et de destruction, avec le seul Colonel Rick Flag pour les encadrer sur le terrain… et la technologie du gouvernement dans leurs oreilles, afin qu’Amanda Waller puisse suivre le moindre de leurs mouvements. Comme toujours, un faux pas est synonyme de mort (que ce soit des mains de leurs opposants, d’un coéquipier ou de Waller elle-même). Si quelqu’un veut parier, mieux vaut miser contre eux - et contre eux tous.

La critique de Julien

Voilà maintenant cinq années qu’est sorti sur nos écrans « Suicide Squad », réalisé par David Ayer, après s’être vu repasser, souvenez-vous, par la case « studio », par Warner Bros., afin de tourner de nouvelles scènes, et de modifier ainsi l’entièreté du montage du réalisateur, dans le but de rendre son film « plus cool », ainsi que cette équipe de bras cassés, étant donné le gros succès du concurrent direct Disney/Marvel, deux années plus tôt, avec « Les Gardiens de la Galaxie », laissant donc transparaître l’envie du spectateur de voir dorénavant des films de super-héros divertissements et visuellement réussis, bien construits, mais surtout moins sombre, et plus enfantin dans leur forme. Sauf que Warner Bros. avait engagé une société spécialisée dans les bandes-annonces pour remonter son film malgré les avis du réalisateur David Ayer, qui n’avait alors plus la mainmise sur son travail... Succès commercial certain, « Suicide Squad » avait alors déclenché un tôlé de la part des critiques, en commençant par celles de son metteur en scène, lui qui avait alors cité vouloir « avoir une machine à remonter le temps », et évoqué à plusieurs reprises le « charcutage » imposé par le studio. Qu’importe, le mal était fait, et le résultat était là. Et on ne reviendra pas dessus, préférant tout simplement l’oublier. Mais au rayon des grands changements artistiques, l’univers de la « Suicide Squad » en a vécu d’autres ! En effet, après avoir mis en scène les deux premiers volets des « Gardiens de la Galaxy », James Gunn a été licencié par Walt Disney Company et Marvel Studios, à la suite de plusieurs tweets controversés. Il n’en a pas fallu longtemps pour que Warner Bros. saute sur l’occasion afin de l’engager comme scénariste et réalisateur de leur prochain blockbuster DC Comics, lequel a donc choisi « The Suicides Squad », lui qui a depuis été réengagé par la firme aux grandes oreilles afin de réaliser le troisième opus du space-opéra Marvel. Vous suivez ?

Fausse suite, ni reboot, « The Suicide Squad » débarque donc enfin sur nos écrans, mais dans une période qui ne va certainement pas l’aider financièrement (il sortira d’ailleurs aux Etats-Unis en parallèle de sa sortie en salles sur le service de streaming HBO Max pendant un mois). Dixième film de l’univers (chaotique) cinématographique DC, ce film d’action dévergondé réunissant les « pires » méchants du catalogue DC Comics voit revenir plusieurs têtes déjà (largement ou non) vues dans le film de David Ayer, telles que celles de Viola Davis (Amanda Waller), Margot Robbie (Harley Quinn) Jai Courtney (Captain Boomerang), ainsi que celle de Joel Kinnaman (Rick Flag). Initialement attendu pour reprendre le rôle de Deadshot, Will Smith a dû décliner l’offre en raison d’emploi du temps incompatible, tandis que l’acteur Idris Elba devait ici reprenne son rôle, sauf qu’il en a été décidé autrement, lui qui incarne finalement ici Bloodsport, permettant ainsi au personnage de Will Smith de revenir (ou non) dans un troisième film...

Bienvenue donc à la prison de « Belle Reve », laquelle possède le plus haut taux de mortalité des États-Unis, elle qui abrite les pires super-vilains qui soient. C’est là que ARGUS, une agence gouvernementale des États-Unis, sous la houlette de l’agent Waller, va engager des meurtriers pour une mission secrète, leur permettant, au passage, de bénéficier d’une réduction de peine s’ils l’effectuent. Ces derniers seront alors envoyés sur l’île sud-américaine et pays fictif insulaire de Corto Maltese, en tant que « Task Force X », afin d’y détruire la prison et laboratoire de l’ère nazi de Jotunheim, laquelle ressasse bien des secrets, tandis qu’ils rencontreront sur leur passage de nombreux adversaires, tels que des résistants guérilleros, des Néo-Nazis, ainsi que Starro, une géante étoile de mer extraterrestre télépathique...

Quelle agréable surprise que ce « The Suicide Squad ». On y ressent d’emblée la patte de James Gunn. Alors que la mise en scène se situe au présent, dans l’action même, le cinéaste joue intelligemment à son avantage des décors et de replays dans le temps, mais seulement de quelques minutes, afin de comprendre la mise en place de scènes déjà découvertes plus tôt, le tout permettant de rire de celles-ci. Si la première vision permet donc d’en mettre plein les yeux, la seconde met le grappin sur l’humour. C’est que son film possède à la fois un humour relatif aux bêtises que ces méchants vont commettre, sans le savoir, ainsi que sanguinolent, très prononcé, et particulièrement jouissif. A vrai dire, Gunn offre le feu vert à ses personnages, qui vont alors œuvrer à leur manière, à l’aide de leur(s) particularité(s), lesquelles vont servir ce récit, ainsi que l’action. D’ailleurs, les principaux prota/antagonistes ont droit chacun à « leur » scène (explosive), ce qui n’est pas pour nous déplaire. Mais là où le scénario est d’autant plus une réussite, lui qui ne tient finalement qu’à une mission « suicide », admirablement tenue durant plus de deux heures malgré quelques flottements, c’est aussi dans sa capacité à renverser la tendance, et ses grandes têtes, afin de repartir de plus belle. Oui, « The Suicide Squad » n’a notamment pas peur de liquider (sauvagement) son escadron. Alors autant le savoir, et ne pas trop s’attacher ! Mais si l’histoire écrite par Gunn réussit autant à nous amuser, elle parvient aussi à créer une certaine émotion, notamment via le traitement narratif du personnage de Daniela Melchior, alias « Ratcatcher 2 », bien que la musique de John Murphy (qui n’avait plus réalisé de bande-originale depuis celle de Kick-Ass de Matthieu Vaughn en 2010) y est pour quelque chose. De plus, les motivations cachées derrière la destruction de la prison de Jotunheim, pour laquelle ces vilains ont été engagés, résonnent particulièrement dans l’Histoire sombre des prisons américaines, de même que le (court) discours de Starro le Conquérant, apparu dans les bandes dessinées publiées par DC Comics pour la première fois dans « Brave and the Bold » #28 (février-mars 1960), lequel a été créé par Gardner Fox et Mike Sekowsky.

« The Suicide Squad » n’est donc pas si bête que cela (au contraire de son aîné) dans ce qu’il recèle, lui qui recense aussi de nombreux bons moments de cinéma. À tout-va, on citera notamment l’échappatoire fleurie et armée d’Harley Quinn, toutes les scènes avec Nanaue/King Shark, un hybride poisson-humain mangeur d’hommes, doublé, s’il vous plaît, par Sylvester Stallone, mais également le slip blanc kangourou de John Cena/Peacemaker, lequel joue à qui-utilisera-le-mieux-son-joujou (on parle évidemment en termes d’armes et de balles) avec Idris Elba/Bloodsport, très convaincant également dans son costume, mais moins extravagant, et moulant ! Bref, la liberté d’écriture offerte par Warner Bros. Studios à James Gunn fait ici des merveilles dans le genre, et offre une vitrine de ce qui peut arriver lorsqu’un film de super-héros est autorisé à être lui-même, en se livrant à une violence assumée, parsemée d’auto-dérision et d’inventivité. Qu’à cela ne tienne, tout n’est pas tout rose dans ce « vrai Suicide Squad ».

À force de jouer sur l’hémoglobine, le film tire sur la corde sensible du trop-plein d’effets, de là à en faire plus qu’il n’en faut. Aussi, la mission en question manque quelque peu de vraies difficultés, et dès lors de tension. Rien n’est à vrai dire pris ici au sérieux, et cela peut facilement agacer, ou finir par ennuyer, malgré la générosité du spectacle. Enfin, cette nouvelle réunion de dangereux personnages est assez anecdotique dans les faits, et n’apporte rien d’autre à l’univers cinématographique DC qu’une bonne tranche de rigolade, heureusement garnie par le savoir-faire indéniable d’un cinéaste. Et c’est déjà très bien, et en plus, c’est réussi ! Bref, vous auriez tort de bouder cette seconde chance à offrir à la « Suicide Squad ». Car cette fois-ci, c’est la bonne !



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