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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Jaume Collet-Serra
The Shallows (Instinct de survie)
Sortie le 3 août 2016
Article mis en ligne le 21 juillet 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Nancy surfe en solitaire sur une plage isolée lorsqu’elle est attaquée par un grand requin blanc. Elle se réfugie sur un rocher, hors de portée du squale. Elle a moins de 200 mètres à parcourir à la nage pour être sauvée, mais regagner la terre ferme sera le plus mortel des combats…

Acteurs : Sully Seagull (as Sully ’Steven’ Seagall), Blake Lively, Oscar Jaenada, Sedona Legge, Angelo Jose, Lozano Corzo, Jose Manual, Trujillo Salas, Brett Cullen, Pablo Calva, Diego Espejel, Janelle Bailey, Ava Dean, Chelsea Moody.

Quarante ans après Jaws (Les Dents de la mer), réalisé par Steven Spielberg, c’est un nouveau squale que l’on va retrouver sur nos écrans. Cette fois-ci, plus besoin de faux requins et de mâchoires mécaniques, mais une bien grosse bête conçue par ordinateur. Ajoutons que le dossier relatif au film précise qu’il y a d’abord un souci de protection de l’espèce. Elle ne supporte pas la captivité et il est dangereux de les côtoyer. Et d’ajouter : « L’objectif pour les personnes en charge de sa création a été de rendre la créature la plus réaliste possible et pour ce, ils ont effectué un long travail de documentation avant de passer à l’étape de la conception. » Et assez paradoxalement c’est bien ce qui « foire » dans le film car le réalisme en prend un très sérieux coup. Quand on vous dira que nous ri et même éclaté de rire durant la projection presse, c’est que l’on semble bien loin des intentions ainsi formulées et bien proches d’un bon gros nanar ! Si on accepte de classer ce film dans ce genre (probablement pas voulu par Jaume Collet-Serra !) on aura tout pour être satisfait.

Commençons par le casting où le meilleur rôle échoit à Sully Seagull, créditée Sully ’Steven’ Seagall, une véritable mouette, qui vient d’un sanctuaire australien. Suite à une blessure à l’aile, elle a été recueillie et soignée ; depuis elle vit de façon presque « domestique » avec les humains. Elle était en telle symbiose avec l’équipe du film et le tournage que le New York Times l’a qualifiée de « personnage du film le plus important de l’été. » (the most important movie character of the summer - source). Elle trouve donc ici son premier emploi au cinéma et elle vole (façon de parler puisqu’elle ne peut voler) la vedette à Blake Lively. Bien entendu, si l’on s’intéresse uniquement aux « vrais » acteurs humains, elle assure durant tout le film. Sachez que les préparatifs de l’action sont longs à venir et ne servent qu’à nous montrer la (très) belle plastique de l’actrice que la caméra caresse quasiment sous tous les angles. Elle a reçu un entrainement sportif après sa grossesse et celui-ci a été passablement efficace et l’a aidée dans un tournage difficile où elle a été peu doublée.

Venons-en au requin qui est l’objet de tous les fantasmes et beaucoup ont en mémoire les attaques de requins contre l’homme. Précisons cependant que rien que l’année dernière il y a eu nonante-cinq attaques de requins dans le monde dont six ont été mortelles. Ajoutons, pour être complet, que la même année l’homme a tué environ cent millions de requins. En réalité, le requin n’est pas une espèce dangereuse pour l’homme qu’il n’aime d’ailleurs pas. Une scientifique précise « que pour un grand requin blanc, un phoque est similaire à un bon steak juteux avec une part de gâteau au chocolat. Un homme est un vieux morceau de céleri, resté toute la journée sur la table. ». En réalité « les squales confondent souvent les surfeurs, allongés sur leur planche, en train de ramer, avec des otaries ou des phoques avec leurs nageoires » (source). Sachez qu’ici notre requin tourne autour de son garde-manger, une énorme baleine morte. Enorme de chez énorme, mais qu’il arrive à projeter hors de l’eau grâce à la force de son museau ! De plus, avant de s’attaquer à Nancy, il a déjà mangé au moins deux surfeurs (acteurs mexicains dont c’est le premier rôle) et un ivrogne (aussi un beau rôle !). C’est donc vraiment zarbi de chez bizarre. Ensuite, si on est assez soft pour montrer ou plutôt ne pas montrer les agressions du requin (les victimes happées sous l’eau ne réapparaissent pas et le « sang » rouge colore l’eau) il en est une à la fois gore et comique quand l’ivrogne de la plage (désolé, on spoile !) est attaqué et se hisse sur la grève à bout de bras laissant là le bas du corps coupé au milieu, sur le sable.

Mais on ajoutera cela au crédit, voire au débit du film, de même que quelques astuces du scénario. L’héroïne nous est présentée comme médecin ce qui permettra de comprendre que suite à une vilaine morsure du requin elle pourra utiliser une paire de boucles d’oreilles plus l’un ou l’autre accessoire de mode pour refermer non sans mal (au sens de difficulté, mais aussi de douleur) la grande plaie au quadriceps. Le film est occasion de plusieurs placements de produits (à commencer par Blake Lively qui permet de bien vendre le film !), vêtements, caméra, chronographe (cela fait un peu plus sérieux que montre !) et jusqu’à Uber ! Ajoutons que « l’effet technologique » qui fait apparaître à l’écran les écrans de téléphone ou de montre commence lui aussi à faire très cliché dans les films (celui-ci serait donc un film 2.0).

Si donc vous allez voir un film d’horreur, vous serez probablement déçus. Il tire trop en longueur alors même qu’il ne fait pas nonante minutes. Il y a beaucoup de clichés, d’incohérences et du too much, notamment la surface de l’eau qui s’enflamme grâce à la graisse de baleine ou la dernière scène avec le requin qui tombe à pic, voire à pique. A ce sujet, on découvre à un moment que le requin est blessé par un harpon et qu’il aurait donc de « bonnes raisons » de se venger (plutôt que de se faire un petit repas). En revanche, si vous acceptez le côté nanar, sans être le meilleur du genre, quelques scènes vous permettront de vous défouler par le rire ! Et, seule cerise sur le gâteau : les images marines et sous-marines sont belles...



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