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CINECURE
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Kim Nguyen
The Hummingbird Project
Sortie le 11 septembre 2019
Article mis en ligne le 8 septembre 2019

par Charles De Clercq

Synopsis : Vincent et Anton sont deux cousins spécialisés dans le domaine risqué des transactions à hautes fréquences, où les gains et les pertes se jouent à la milliseconde. Leur rêve ? Construire un câble de fibre optique entre le Kansas et le New Jersey, permettant à leurs clients d’être à l’avance d’une milliseconde sur les transactions à la bourse. Une opération pouvant leur rapporter des millions, mais c’est sans compter la rancune de leur ancienne patronne puissante et manipulatrice, qui fera tout pour les amener à l’échec. Vincent et Anton sont pourtant bien déterminés à transpercer le continent américain et à mener à tout prix à bien leur projet ambitieux.

Acteurs : Jesse Eisenberg, Salma Hayek, Alexander Skarsgård, Johan Heldenbergh

Le réalisateur canadien Kim Nguyen, peu connu en Belgique si ce n’est par des cinéphiles qui suivent sa carrière et ont découvert certains de ces films primés dans de grands festivals. The Hummingbird Project est son septième long-métrage de fiction (on lui doit aussi quelques courts, un documentaire consacré à l’odorat et quelques épisodes de séries télévisées), son troisième film en langue anglaise, après Two Lovers and a Bear en 2016 et Eye on Juliet en 2017, langue qui l’oblige à sortir de sa zone de confort mais lui permet de travailler avec un casting international (au prix de la perte de la simplicité de contact à laquelle sont habitués les réalisateurs canadiens).

C’est début septembre 2018 que les festivaliers de Toronto découvrent ce film qui sera ensuite projeté au Calgary Film Festival, au Vancouver International Film Festival et an Busan International Film Festival début octobre 2018. Début février 2019 ce sera au Göteborg Film Festival d’accueillir le film avant qu’il ne commence sa carrière en salles à la mi-mars. Il sera projeté au Film Festival Oostende ce dimanche 8 septembre avant de l’être dans les salles dès le 11/9.

Kim Nguyen ne se cantonne pas dans un seul genre, mais un fil rouge semble marquer la plupart de ses films, le rapport à l’humain et à quelque chose qui le dépasse, qu’il s’agisse de l’immensité de l’Arctique (Two Lovers and a Bear) ou de la guerre en Afrique, et plus particulièrement des enfants soldats (Rebelle) ou encore du regard d’un homme âgé sur une femme plus, en Afrique du Nord, à l’aide d’un hexapode qui lui permet de se rapprocher d’elle (par caméra interposée) avec l’aide d’un hexapode de surveillance.

Dans The Hummingbird Project, il s’agit aussi de (se) rapprocher ! Non pas d’être plus près pour voir, mais d’avoir une vue directe, ou plutôt d’une ligne optique directe, au sens le plus littéral du terme, entre deux centres boursiers séparés de plus de deux mille deux cent cinquante kilomètres (1400 miles) ! Le but : gagner du temps, celui du battement d’ailes du colibri (le titre donc !), soit un millième de seconde. Parce que, gagner du temps, c’est gagner de l’argent parce que l’on sait un millième de seconde avant les autres (soit les concurrents, littéralement ceux qui courent ensemble la même course)... parce que ce temps non plus électrique, mais le temps de la transmission de la lumière, vous donnera une très petite avance sur les autres, de quoi gagner beaucoup d’argent. Un projet colossal, ambitieux (le film a parfois une tournure presque documentaire et, faute de dossier presse, l’on peut supposer que l’équipe de tournage a dû amener sur les lieux de puissantes foreuses et excavatrices) financé par un homme qui croit pouvoir faire confiance à deux cousins juifs qui lui promettent l’infime milliseconde qui lui permettra d’écraser les autres et de s’enrichir plus encore. Occasion de financer un projet hors de prix pour acheter les terres, du moins le sous-sol, mais aussi louer les machines, payer les très nombreux ouvriers qui travaillent en même temps.

Si le déroulement du film (voir le synopsis ci-dessus) peut mettre le spectateur en position de prendre parti pour les cousins (Jesse Eisenberg et Alexander Skarsgård), qui seraient les bons face, à la « méchante » et d’espérer qu’ils gagneront du temps, il faudra suspendre celui-ci, bien plus longtemps que le temps d’un battement d’ailes ! Les cousins (et tout particulièrement Vincent, Jesse Eisenberg, dans un genre de rôle auquel il a habitué les spectateurs) sont confrontés à une communauté amish (présidée Elder, interprété par l’acteur belge flamand Johan Heldenbergh !) pour qui d’autres valeurs et d’autres notions du temps rythment leur existence sur la nature, le climat, la pluie, le soleil, l’absence de machines, de moyens de communication. A partir de ce moment-là, des failles temporelles vont apparaître...

A la fin, quel temps sera gagnant ? Et si c’était non plus le temps à chronométrer avec une horloge atomique, mais le temps de la nature, celui du soleil et de tempête ! Et si c’était le moment de suspendre le temps, non pas le temps de boire une bière (célébrée jadis par la publicité), mais celui de s’asseoir pour penser le temps qui passe.



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