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CINECURE
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Tate Taylor
The Girl on the Train (La fille du train)
Sortie le 2 novembre 2016
Article mis en ligne le 10 octobre 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Rachel prend tous les jours le même train et passe tous les jours devant la même maison. Dévastée par son divorce, elle fantasme sur le couple qui y vit et leur imagine une vie parfaite… jusqu’au jour où elle est le témoin d’un événement extrêmement choquant et se retrouve malgré elle étroitement mêlée à un angoissant mystère.

Acteurs : Emily Blunt, Justin Theroux, Haley Bennett, Luke Evans, Rebecca Ferguson, Lisa Kudrow.

Ne vous bercez pas d’illusions, car The Girl on the Train est loin d’être un film facile. Adaptation du roman éponyme de Paula Hawkins, publié en 2015, le film de Tate Taylor risque de vous déconcerter devant la multiplicité des points de vue proposés, par sa narration et par la subjectivité des événements qui sont relatés.

Le film prend distance par rapport au roman du fait d’une narration qui se trouve aux antipodes de sa source. Le livre est écrit à la première personne, tout comme « Oh... » de Philippe Djian qui a été adapté par Paul Verhoeven dans son film Elle. L’exercice était déjà difficile, car le romancier se mettait dans la peau d’une femme. Il l’est plus encore ici, car Paula Hawkins se mettait derrière trois femmes, via leurs journaux intimes. Rachel, Megan et Anna écrivent et datent ce qu’elles relatent. Rachel et Anna commencent en juillet 2013, Megan écrit de mai 2012 à juillet 2013. Cette dernière, comble ainsi des « vides » dans la narration, y apporte des éléments, et l’on se rend compte que l’histoire peut ainsi s’étoffer. Certains éléments sont amenés par le biais de la lecture de journaux. Ainsi Rachel, dans son journal du vendredi 9 août 2013 au soir signale qu’elle a lu quelque chose dans un journal (la note est un spoiler ! [1]).

Anna clôt son journal en août 2013 et Rachel un mois plus tard.

La structure du roman aidait le lecteur, car le découpage donne comme titre le nom de l’auteure du récit et précise chacune des dates. Au début du film, celui qui a lu le roman semble donc en territoire connu. Le film commence par préciser : « Rachel » et, un peu plus tard, plus tard « Anna ». Les dates sont précisées.

Ensuite, hormis les dates (avec des flash-back) plus rien. Bien plus, le mode « point of vue », à savoir une vision subjective en fonction du regard de chacune est abandonnée au « profit » d’une autre, plus descriptive, « à la troisième personne » en quelque sorte et cela nuit gravement à la perception des événements (et plus encore à ce que nous captons de la « perception » des différents protagonistes !). Nous avons pensé à L’Uccello dalle piume di cristallo de Dario Argento pour le thème de ce que l’on voit et construit à partir de là. Il est difficile d’en dire plus sans faire éclater la structure narrative employée par le réalisateur, structure que l’on peut aimer ou détester selon le point de vue (!) que l’on pose sur le film ! Un de nos confrères nous a dit, au sortir de la vision presse que tout ce qui se trouve dans le roman se trouve dans le film. Certes, oui, du moins pour l’essentiel. Mais à lire le roman, et convenant qu’il semble bien difficile à transcrire dans un scénario de cinéma (malgré le talent de Erin Cressida Wilson), il nous paraît que le style du livre est plus élégant et tout particulièrement la fin dont on se prend à la relire à plusieurs reprises. C’est ce qui explique notre note, mitigée, malgré la beauté des images. c’est à Charlotte Bruus Christensen qu’on les doit. Cette directrice photo était également celle de Far from the Madding Crowd et de Jagten, et de Life, entre autres. En revanche, il est difficile d’avoir de l’empathie pour les protagonistes, même si Emily Blunt arrive à donner un peu le change en femme dépressive et alcoolique dans une histoire tarabiscotée à l’excès. Nous aurons l’occasion de reparler de ce film dans l’émission Les 4 sans coups de novembre où un des invités défendra cette adaptation cinématographique.



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