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CINECURE
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James Ponsoldt
The End of the Tour
Sortie le 24 février 2016
Article mis en ligne le 30 janvier 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Les 5 jours durant lesquels le journaliste David Lipsky a interviewé le romancier David Foster, qui venait de publier son roman « Infinite Jest ».

Le réalisateur James Ponsoldt (« Smashed  », « The Spectacular Now ») et le scénariste Donald Margulies, lauréat du prix Pulitzer, se sont basés sur les mémoires de David Lipsky, que celui-ci a rédigées après le suicide de David Foster Wallace. Les enregistrements sonores que Lipsky a réunis au cours de son entrevue de cinq jours avec Wallace n’avaient jusqu’à présent jamais été révélés au grand jour.

Peu après la publication de son roman innovant «  Infinite Jest », l’écrivain encensé David Foster Wallace (Jason Segel) se livre à une entrevue de cinq jours avec le journaliste du magazine Rolling Stone, David Lipsky (Jesse Eisenberg). À mesure que les jours passent, une relation fragile mais intense s’installe entre le journaliste et son sujet. « The End of the Tour » parle d’une amitié grandissante et vulnérable où l’on dévoile, l’on dissimule et l’on rit.

Acteurs : Jason Segel, Jesse Eisenberg, Anna Chlumsky, Joan Cusack, Ron Livingston, Mamie Gummer, Mickey Sumner.

 K7, livre et film !

Tout commence le 20 août 2015, avec la sortie aux Editions de l’Olivier de l’Infinie Comédie, traduction du roman Infinite West de David Foster Wallace (1962-2008). Tout commence ? Probablement pas, à la fois parce que le roman est passé inaperçu pour beaucoup et qu’il a surement été édité en français grâce au film de James Ponsoldt. En réalité, tout commence par la fin, en 2008, lorsque David Lipsky (Jesse Eisenberg) apprend le suicide de David Foster Wallace (Jason Segel). C’est alors un flash-back en 1996 qui s’étendra sur la quasi-totalité du film. Il nous sera donné d’accompagner le journaliste de Rolling Stone et le romancier en tournée de promotion de son livre Infinite Jest (L’infinie comédie). Ce seront cinq jours de compagnonnage, magnétophone à cassettes à la main qui donneront à l’un et l’autre de se découvrir, défier, jauger, juger, méfier. Ces enregistrements auraient dû être publiés. Ils ne l’ont jamais été et le film ne donne aucune réponse sur ce point. En revanche, ils ont servi au film puisque l’essentiel des dialogues vient de ces « text-tape » - pour faire un très mauvais jeu de mots - qui ont été écoutées par les deux acteurs principaux pour préparer le film. Celui-ci s’appuie donc sur ces bandes pour l’interprétation et sur le livre que David Lipsky écrit en avril 2010, Although of Course You End Up Becoming Yourself [en], pour relater son trip de cinq jours avec David Foster.

 Une relation complexe

Le film, typiquement représentatif du cinéma dit « indépendant », nous a fait songer à l’expérience de Life d’Anton Corbijn, mâtinée de la nostalgie de Last Days de Gus van Sant (2005). En même temps, des ponts se faisaient avec la littérature et/ou les grands écrivains revus par le septième art ! Ainsi Howl, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman sorti en 2010 ou Kill Yours Darlings de John Krokidas (2012) sont revenus à la mémoire à cette occasion. Si les films cités sont bien différents de celui de James Ponsoldt, tous ont un point commun : ils ne séduiront pas au premier abord, et en particulier le »grand public" car ils demandent un effort pour entrer dans le film, d’autant plus que certains auraient quasiment pu être interprétés sur les planches d’un théâtre. Ici, la relation complexe qui se noue entre les deux personnages touche, émeut et séduit longtemps encore après la projection.

 Jesse Eisenberg égal à lui-même

Cela est dû aussi à l’interprétation remarquable de Jason Segel et Jesse Eisenberg. Ce dernier ne surprend pas lorsque l’on se souvient de The Social Network de David Fincher, The Double de Richard Ayoade, Night Moves de Kelly Reichardt, voire Jewish Connection de Kevin Asch ! Eisenberg joue à merveille le rôle d’un journaliste à la fois tendre, émouvant, mais aussi fouineur et parfois calculateur. Ainsi la séance dans la salle de bains où il ouvre l’armoire à pharmacie pour prendre note des médicaments de l’artiste afin d’y découvrir d’éventuels stupéfiants ! Un journaliste passionné par son job dans un premier temps et ensuite par son interlocuteur jusqu’à être fasciné par lui et à entrer dans une certaine empathie (ainsi la scène des adieux au moment de quitter David Foster).

 Jason Segel est remarquable !

En revanche, la très grande surprise du film, c’est Jason Segel. A total contre emploi de rôles précédents : Sex Tape, 40 ans : Mode d’emploi, Sexe entre amis, Bad Teacher ou encore la série : How I Met Your Mother. Tout au plus, il y avait 11:14 de Greg Marcks qui par sa construction et sa narration ouvrait d’autres univers, mais c’était en 1993. Aujourd’hui, en 2016, vingt ans après l’enregistrement des cassettes, Segel EST David Wallace. Même si nous ne le connaissons pas il donne une telle densité et véracité au personnage que nous sommes, nous aussi, en totale empathie avec le romancier. L’important n’est pas le décalage éventuel avec la « réalité » car c’est un homme en nuance et en vérité qu’il nous est donné de découvrir. Segel arrive à nous montrer un homme sensible, charmant, torturé parfois qui n’aime pas déplaire et qui, pour cela, s’enferme au risque de sombrer dans la dépression.

 Pourquoi ?

Ce sont cinq jours qu’il nous est donné de partager avec lui, tout comme dans le film Life. Quelques jours et puis s’en vont. Nous ne saurons rien du pourquoi Lipsky n’a pas publié ces bandes, pourquoi il a attendu 2010 pour écrire son livre, pourquoi Foster s’est suicidé. En revanche, le film et tout particulièrement Jason Segel nous donne une sérieuse envie de nous plonger dans cette brique de 1500 pages. A lire ceux qui s’y sont attelés, il n’est pas facile, on n’en sort pas nécessairement indemne. Il serait fascinant comme quelques-uns de ces romans qui font partie de la grande littérature américaine. Vous trouverez ci-après la présentation de sa traduction par l’éditeur français.

 « LE » roman de David Foster...

Le lieu : l’Amérique du Nord (les U.S.A., le Canada et le Mexique ont fusionné pour former une fédération). L’époque : le futur proche. La Société du spectacle a gagné, et la population hébétée par la télévision, les loisirs et la consommation à outrance ne songe plus qu’à se distraire. Le décor : une académie de tennis et un centre de désintoxication. Les personnages principaux : la famille Incandenza, qui rappelle la fameuse famille Glass des romans de Salinger, avec ses parents excentriques et ses enfants, géniaux - dont Hal, adolescent tennisman surdoué. Mais aussi un groupe de séparatistes québécois, « Les Assassins en Fauteuil Roulant », entrés en résistance. Ils convoitent une arme redoutable : une vidéo clandestine créée par le père Incandenza, L’infinie comédie, qui suscite chez ceux qui la regardent une addiction mortelle... Consacré livre-culte dès sa parution aux Etats-Unis en 1996, ce roman a passionné des millions de lecteurs dans le monde entier. En 1 500 pages éblouissantes, Wallace nous transporte dans un univers tout à tour farfelu, ironique et sombre, jouant avec les références pop et émaillé de personnages extraordinaires. Avec ce livre, David Foster Wallace renouvelle l’art du roman comme avant lui Joyce ou Pynchon. Pourtant, il ne s’agit pas d’un texte « expérimental », mais bien d’une histoire aux multiples rebondissements. Son œuvre est actuellement l’une des œuvres contemporaines les plus commentées aux Etats-Unis, et constitue une référence pour toute une génération d’écrivains (Jonathan Franzen, Zadie Smith, Jeffrey Eugenides, Rick Moody, George Saunders). Classé parmi les 100 meilleurs romans du XXe siècle et enfin publié en France, L’infinie comédie sera sans conteste un événement majeur de cette fin d’année.

The End of the Tour : Trailer HD VO st bil
The End of the Tour : Trailer HD VO st bil

Les 5 jours durant lesquels le journaliste David Lipsky a interviewé le romancier David Foster, qui venait de publier son roman « Infinite Jest ».
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