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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Alexandre Bustillo et Julien Maury
The Deep House
Sortie du film le 30 juin 2021 en France
Article mis en ligne le 7 juillet 2021

par Julien Brnl

Genre : Epouvante, horreur

Durée : 81’

Acteurs : Camille Rowe, James Jagger, Eric Savin...

Synopsis :
Un jeune couple américain spécialisé dans l’urbex (exploration urbaine) décide d’aller explorer une maison réputée hantée qui a été ensevelie sous un lac artificiel. Mais celle-ci semble se refermer sur eux et le couple se retrouve prisonnier de cet endroit chargé des plus sombres histoires…

La critique de Julien

Et si on tenait là l’un des films (français) d’horreur moderne des plus ambitieux, grâce à son duo de réalisateurs et scénaristes français, Alexandre Bustillo et Julien Maury ? En effet, « The Deep House » a été tourné entièrement sous l’eau pour ses scènes aquatiques, et plus précisément au Water Stage & Film Studios de Lites, à Vilvoorde, près de Bruxelles, équipé pour l’occasion d’un bassin de tournage d’une profondeur de 9 mètres. Dans ce film de maison hantée, mais sous eau donc, un jeune couple d’Américains, Tina (Camille Rowe) et Ben (James Jagger, le fils de Mick), fans d’exploration urbaine, et donc de lieux construits et abandonnés par l’homme, cherchent à cumuler des milliers de vue sur Internet avec leurs vidéos afin de se payer des vacances de rêve. Arrivés en France pour visiter les restes d’un village submergé dans un lac, le couple va très vite déchanter, étant donné que le lieu est hautement fréquenté par des centaines de touristes. Mais guidé par un habitant assez étrange, les deux tourtereaux trouveront un spot de plongée assez inédit, soit une maison entièrement sous les eaux, et totalement intacte. Malgré la défense d’entrer, ces derniers se précipiteront dans l’entre aquatique de la famille Montégnac...

La grande réussite de « The Deep House », c’est clairement sa réalisation, d’un point de vue technique, filmée avec succès en milieu hostile. Sans revenir sur les détails de tournage, les réalisateurs, toujours en surface, mais bien entourés par le chef décorateur Hubert Pouille et le chef opérateur spécialiste des prises de vue sous-marines, Jacques Ballard, livrent ici une véritable prouesse de cinéma, soit une immersion totale dans une maison hantée aquatique. Et quel travail de préparation, de coordination, étant donné certes des répétitions en surface à l’aide de maquettes en bois, mais également des communications directes avec les plongeurs à travers leurs masques équipés de systèmes audio. Concrètement, ce ne sont pas les deux acteurs qui parcourent ici la maison en question, mais bien des doubleurs professionnels, qui sont d’ailleurs un vrai couple dans la vie : Thibault Rauby et Justine Charbonnier, lesquels figurent parmi les dix meilleurs plongeurs au monde. D’ailleurs, l’équipe technique était notamment composée de plongeurs de sécurité, d’apnéistes professionnels (on voit mal des fantômes avec des bouteilles à oxygène), ainsi et surtout, pour les détails, de techniciens accessoiristes. En effet, du terreau et des légumes mixés ont notamment été utilisés pour troubler l’eau ! Il fallait y penser ! Bref, tout a été pensé pour assurer à « The Deep House » une réalité de mise en scène, étant donné ses véritables décors, excepté pour les plans numériques extérieurs de la maison (eux qui piquent d’ailleurs les yeux).

Visuellement, le film de Alexandre Bustillo et Julien Maury surfe ainsi sur ses différents systèmes de prises de vue, tels que le drone, les caméras embarquées de ses protagonistes, ou la caméra manuelle afin de filmer des plans plus larges sous l’eau. Les cinéastes profitent alors au maximum de ce que le lieu qu’ils filment indirectement peut leur servir pour appuyer leur histoire, comme une obscurité quasi-absolue sous l’eau, et jouer ainsi sur des éclairages avec drone ou lampes-torches, pour ainsi créer le frisson, mais également sur le hors champ et la profondeur de champ, la caméra portée, etc. Car si le danger n’est pas face aux personnages, celui-ci est peut-être dans leur dos, ou haut-dessus d’eau, les lois de la gravité ne répondant pas de la même manière sur notre corps qu’en surface, étant donné une certaine poussée d’Archimède, qui pousse dès lors le corps vers le haut. Et c’est d’autant grâce à ce principe que l’horreur du film monte crescendo...

Mais tout cela à quoi bon ? À quoi bon créer tout un univers si le scénario ne suit pas ? Car en termes de film de genre, « The Deep House » emprunte à tout-va, et ressort les codes, sans véritable originalité. Et puis, que dire de la longue introduction, permettant la (vaine) caractérisation des personnages, elle qui, au départ, n’existait pas ? Dommage également pour l’action qui, se déroulant presque en temps réel (une heure top chrono avant l’épuisement d’oxygène), tente de créer une tension, mais malheureusement pré-mâchée, et à l’issue connue d’avance. D’ailleurs, ce final, beaucoup trop gros, et calqué, offre ses réponses tels des cheveux dans la soupe, en ouvrant des portes jusque-là restées fermées... Entre nous, on aurait préféré qu’elles restent fermées, et que le film joue davantage dans la nuance que dans l’effet. Autrement dit, « The Deep House » s’en sort mieux quand il explore et dresse son décor, que lorsqu’il doit donner des réponses. Et justement, les scénaristes prennent ici le choix d’en donner trop, et pas les bonnes... Dès lors, « The Deep House » ne laisse plus de place au mystère...



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