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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

James Napier Robertson (2014)
The Dark Horse
Sortie le 10 juin 2015
Article mis en ligne le 3 avril 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Genesis Potini est un champion d’échecs atteint de troubles bipolaires. À sa sortie de clinique, il doit trouver un projet d’avenir pour lui et son neveu Mana dont le destin est de devenir gangster comme son père. S’appuyant sur les valeurs authentiques de sa culture maorie, il va devenir l’entraîneur d’un club d’échecs rassemblant des jeunes du quartier.

Acteurs : Cliff Curtis, James Rolleston, Kirk Torrance, Xavier Horan, James Napier Robertson.

 Trop beau pour être vrai !

Un confrère et ami journaliste était surpris à la fin de la projection de ce que le film relatait des faits réels. C’est que, contrairement aux usages, il ne débutait pas par le classique « d’après une histoire vraie ». Et c’est pourtant le cas. Genesis Potini, un Maori, champion d’échecs, atteint de troubles bipolaires avait déjà fait l’objet d’un documentaire réalisé, filmé et produit par Jim Marbrook (EN) en 2003. Ce film a obtenu le prix du meilleur documentaire néozélandais en 2005. Depuis lors, Genesis (1964-2011) est décédé à l’âge de 46 ans. Champion de parties d’échecs blitz, jouées au chronomètre avec des temps de jeu très courts, parfois quelques minutes. Et si Genesis est atteint de troubles psychotiques il a pu cependant, malgré, voire grâce à ceux-ci, se mettre au service d’un idéal, comme d’autres artistes dans des conditions de vie analogues. Ainsi, dans le domaine de la musique, aurions-nous connu les interprétations magistrales de Glenn Gould s’il n’avait pas été atteint du syndrome d’Asperger ? Et l’histoire de Potini ressemble donc à un conte de fées, même s’il lui fallait payer un tribut à cause de son affection mentale. Le cinéma de fiction s’empare aujourd’hui de ce Néozélandais qui a eu un destin d’exception qu’il a pu mettre au service de la communauté des Maoris.

 Un coup d’avance !

L’inconvénient (ou l’avantage) des histoires vraies de type « conte de fées » serait d’avoir l’impression que le destin est connu et scellé d’avance, cousu de fil blanc, en quelque sorte. Point de place à la surprise puisque tout semblera convenu :

  • la difficile insertion d’un homme différent au sein d’une communauté repliée sur elle-même
  • le dépassement de soi grâce à un but dans la vie
  • l’éducation ou la rééducation de jeunes (Maoris) en difficulté et situation d’échec
  • la confrontation aux opposants qui se sont laissé entrainer dans des gangs et la spirale de la délinquance
  • la maladie d’un frère, la confrontation avec celui-ci, l’éducation d’un neveu et l’apprentissage du dépassement de soi...
  • la victoire du groupe de jeunes initiés aux échecs...
  • l’ouverture vers un avenir plus certain que le passé que l’on laisse derrière soi...

Le spectateur est ici comme un champion d’échec qui a un coup d’avance, si pas toute la partie en tête et sait comment elle va se terminer...

 Tout est bien qui finit bien...

Ce serait donc « échec et mat », « game over » ? Oh que non ! Cette histoire, ce « biopic » est filmé avec beaucoup de tendresse et d’émotion. Jim Marbrook lui-même joue un petit rôle dans le film dont il est le coproducteur. Il en est de même pour le réalisateur (et scénariste) qui joue le rôle de Dave (responsable du club d’échec qui réunit les jeunes maoris « paumés »). L’acteur principal interprète Genesis de façon magistrale et est le producteur exécutif du film. Celui-ci se termine donc bien. Nous savons par ailleurs que l’œuvre de Genesis sera poursuivie par le jeune gagnant du tournoi d’échecs. Je suis un incorrigible sentimental, garçon sensible et je dois avouer que je craque devant ce genre d’histoire. Vais-je me plaindre parce qu’un film me propose une aventure si belle qu’elle paraît incroyable et pourtant si prévisible ? Face à tant d’informations négatives entendues, lues ou vues dans les médias chaque jour, un film comme celui-ci me réconcilie avec l’humanité. C’est finalement celui qui est différent, qui est rejeté - ici à cause de ses troubles mentaux - qui saura faire la différence avec les comportements humains souvent indignes. Malgré l’adversité il pourra mettre son déséquilibre au service d’un but et d’un projet. Il en deviendra la pierre angulaire, rejetée par sa « famille », d’un devenir à construire. Au terme le film et son histoire personnelle nous permettent de découvrir la construction d’un avenir sur le lieu même des échecs !

Cette histoire m’a touché à titre personnel car quelqu’un qui m’est proche est atteint de troubles psychotiques mais aussi parce que je suis fan des échecs. Il ne faut pas l’être pour voir le film, même si les parties sont bien filmées, basées sur des mouvements réels et que les acteurs ont été initiés à ce jeu...



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