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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Jon Gun
The Case for Christ (Jésus, l’enquête)
Un film « chrétien » en direct to DVD !
Article mis en ligne le 22 avril 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : Lee Strobel, journaliste d’investigation au Chicago Tribune et athée revendiqué, est confronté à la soudaine conversion de son épouse au christianisme. Afin de sauver son couple, il se met à enquêter sur la figure du Christ, avec l’ambition de prouver que celui-ci n’est jamais ressuscité…

Acteurs : Mike Vogel, Erika Christensen, Robert Forster, Frankie Faison, Faye Dunaway, Brett Rice...

Il y a quelques jours qu’un film est disponible chez nos voisins des Pays-Bas, The Case for Christ, deux semaines à peine après sa sortie aux USA (notamment) où il est distribué par Pure Flix qui s’est spécialisée dans la distribution de films dits « chrétiens » avec une orientation très évangélique mais nous devrions écrire « évangélicaliste » au sens négatif que nous pouvons donner à l’expression et aux mouvements religieux de cette tendance chrétienne pour le moins inquiétante. C’est intrigué par le synopsis que nous nous sommes procuré le DVD. C’est que vouloir prouver que la résurrection n’a jamais eu lieu nous paraissait totalement absurde et précisons d’emblée, pour être honnête, que l’inverse l’est tout autant. On rappellera justement ce que nous écrivions il y a un an à propos de Risen (La résurrection du Christ), un des plus mauvais films « chrétiens » que nous ayons vu : S’agissant de résurrection (les mots originaux grecs sont « s’éveiller » et « se lever » !) il ne s’agit pas d’un événement « historique » comme l’écrivait le cardinal Ratzinger peu suspect d’hérésie : « Dans cette résurrection [celle de Jésus], le cadre de l’histoire est dépassé, et donc (...) le Ressuscité n’est pas revenu dans l’histoire intérieure au monde et accessible à chacun, mais au-dessus d’elle (...). En conséquence, la résurrection ne peut être un événement historique dans le même sens que la crucifixion. Elle n’est décrite en tant que telle par aucun récit, et l’instant de sa réalisation n’est pas déterminé autrement que par l’expression de type eschatologique ‘Le troisième jour’ (in Les Principes de la théologie catholique, p. 208). »

Il est question ici d’une histoire vraie qui débute dans les années 70, celle de Lee Strobel, qui fera une double expérience de conversion ; celle de son épouse et, en rebond/réaction, la sienne. D’athée radical, il deviendra chrétien en 1981. Nous ne pouvions qu’être intéressé nous même par cette histoire pour avoir accompli un parcours identique (une expérience de conversion en 1979 et une demande d’entrée au séminaire en 1980) avec parfois même certains excès. Ainsi, nous gardons le souvenir des débuts, avant d’entrer au séminaire, où abandonnant toute raison nous passions des heures devant le « saint-sacrement » [1] mais également l’invitation de nos professeurs lors de notre entrée à ne pas nous prévaloir d’une expérience de conversion tout en nous invitant à lire un ouvrage consacré à la psychologie desdites expériences !

Que vaut donc ce film ? D’emblée nous pouvons nous réjouir de ce que le film ne sera pas distribué en France et en Belgique. Certes on peut relever quelques « qualités » cinématographiques, ainsi la restitution des années 70/80, le jeu des acteurs. Toutefois le tout est plombé par un film très bavard et surtout d’une forme apologétique très dérangeante associée à une très grande malhonnêteté intellectuelle quasiment « putassière ». Lee Strobel est devenu depuis sa « conversion » un propagandiste évangélique pur et dur... et récompensé pour cela [2].

La malhonnête principale résulte à la fois du choix des « spécialistes » interrogés (nous sommes loin de la méthode de travail de l’émission Corpus Christi d’Arte en 1997) mais aussi de la pétition de principe que ce qui est écrit est « vrai ». Ainsi, vu qu’il est écrit que Jésus est apparu à plus de cinq cents personnes... c’est vrai ! Mais alors quand on écrit dans les évangiles que « tout le peuple » venait à Jésus... cela voudrait dire la totalité d’Israël. C’est donc oublier, dans un premier temps l’amplification épique des récits et, dans un deuxième temps que ceux-ci sont d’abord théologiques et apologétiques. Ensuite, les récits relatifs aux événements d’après la mort de Jésus ont un tout autre statut. Ils visent à transmettre une expérience de foi à travers du « croyable disponible » et des mots « poétiques » pour exprimer ce qui dépasse la raison. Pour rappel, l’évangile attribué à « Marc » se termine par le récit du tombeau ouvert. Nous ne voyons pas Jésus. Seul un jeune est là. Le jeune homme qui s’était enfui, tout nu laissant là son suaire… Il est ici, vêtu de la stola, de l’étole blanche : il dit que Jésus est ressuscité. Les femmes ont peur, elles s’enfuient. Elles ne disent rien à personne. Tout s’arrête là, en XVI, 8. Le récit qui suit, d’apparition est un ajout qui date du 2e siècle ! Ici donc la démarche proposée est profondément littéraliste et n’est pas fondamentalement différente de celle des courants « créationnistes ». Cela peut marcher aux USA, ce n’est pas le cas chez nous et on ne peut que s’en réjouir. Pour conclure pour ce qui à trait à l’aspect exégétique, nous renvoyons à cette traduction d’un article anglais : The Case for Christ : La preuve de la résurrection de Jésus et, sur autre versant, pour l’enquête journalistique, nous renvoyons à l’excellent Spotlight.



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